Radars : les recettes peinent à retrouver leur niveau d'avant 2018
"La vague de vandalisme sans précédent constatée en 2018" entraîne, selon le gouvernement, un coup de frein durable dans les prévisions de recettes attendues avec les amendes routières, en particulier avec les radars… Force est de constater aussi que les retards pris dans le déploiement des nouveaux appareils ne permettent pas non plus de maintenir les cadences d'avant 2018. Et si en plus le ralentissement venait également d'un changement de comportement des conducteurs sur la route, comme l'a suggéré la Cour des Comptes, cela voudrait dire que le contrôle automatisé ne paiera jamais plus autant… Mais ça, on ne le saura que lorsque le parc de radars sera rétabli.
Les prévisions concernant les recettes des radars automatiques sont bien en dessous de ce qui était espéré il y a encore un an… Selon une annexe au projet de loi de Finances 2020, lequel va commencer à être discuté au Parlement, l'État compte encaisser 729 millions d'euros l'an prochain via le contrôle automatisé, rien qu'en amendes forfaitaires (soit payées dans les délais - en moins de 30 jours sur Internet). À titre de comparaison, c'était plus d'un milliard d'euros qu'il escomptait il y a un an pour 2019, quand bien même on sait désormais que cet objectif ne sera jamais atteint…
De combien sera exactement le recul pour cette année ? On ne le saura guère avant le mois de mai prochain. Idem pour les recettes attendues avec tout le reste des PV routiers, ce qui comprend également l'ensemble des amendes majorées (payées hors délais, y compris celles des radars)… Pour 2020, cet ensemble (voir le tableau ci-dessous) est en revanche prévu en hausse, puisqu'il est envisagé qu'il passe à plus d'un 1,1 milliard d'euros (+33,3 %), contre 831 millions un an plus tôt !
Recettes en M€ | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 (ce qui était attendu) | Ce qui est attendu en 2019 | Ce qui est attendu en 2020 |
Recettes totales | 1 607,70 | 1 817,9 | 1 978,2 | 1 751 (1 833) | 1 867* | 1 837 |
Amendes forfaitaires Radars | 642,2 | 760,5 | 824,5 | 682,7 (928) | 1 036* | 729 |
Amendes majorées | 965,5 | 1 057,4 | 1 153,7 | 1 068,3 (905) | 831 | 1 108 |
* On sait d'ores et déjà que ces prévisions sont intenables. Source : selon les documents budgétaires annuels.
Un nouveau parc de radars déployé avec retard
L'annexe budgétaire permet aussi de faire le point sur le programme à venir en matière de Sécurité routière. Et si les recettes des radars sont bien inférieures à celles attendues et encaissées ces dernières années (2018 exceptée), c'est aussi potentiellement parce que le programme d'installation des automates a dû être grandement "revu à la baisse". Le ministère de l'Intérieur considère "la vague de vandalisme sans précédent constatée en 2018" comme responsable. Pour autant, force est de constater aussi que le déploiement des nouveaux modèles de radars avait commencé à prendre du retard bien avant la crise des gilets jaunes…
Qu'elles qu'en soient les raisons, l'objectif des 4 700 appareils installés d'ici la fin de cette année - objectif qui avait déjà été repoussé d'un an - est abandonné pour l'instant. Le gouvernement table désormais sur un parc réduit à 4 400 équipements d'ici la fin 2020… Et encore, on peine à croire qu'il puisse parvenir aux 1 200 radars tourelles mis en place d'ici-là, comme il le prévoit apparemment, et ce alors même que les 400 prévus pour cette année ne seront vraisemblablement pas tous installés !
Au lieu de 500 radars chantiers, ce sont 250 qui sont dorénavant programmés. Plus de 500 cabines vont disparaître, ou plus exactement, ne seront pas remplacées après avoir été détériorées. De 100 radars tronçons, on va passer à 62. Quant aux voitures radar, il devrait y en avoir finalement 20 de moins en circulation (480 au lieu de 500) dont 160 externalisées, entendez confiées à des chauffeurs du privé. C'était déjà ce qui était prévu pour cette année. On en déduit donc que cela n'a pas non plus été encore réalisé, et que là aussi le programme (sans connaître de vandalisme particulier) a pris du retard…
Après la Normandie, la Sécurité maintient dans ce document budgétaire son souhait de voir étendre l'externalisation de ces voitures radar à trois autres régions - Bretagne, Pays de Loire, Centre Loire - "début 2020". "Quatre régions supplémentaires seront bénéficiaires de cette externalisation fin 2020", précise-t-elle aussi.
Des recettes en berne encore en 2020, mais après ?
Hors radars, en 2018, on sait qu'au total, près de 12 millions de procès-verbaux électroniques ont été envoyés, et qu'il a été aussi émis 7,8 millions de forfaits post-stationnement (les ex-PV de stationnement). On est donc à un peu moins de 20 millions de "prunes" en tout, contre un peu plus de 21,9 millions en 2017. Et encore, c'était déjà en baisse (-1,3 % au global, mais - 9,5 % rien que sur le stationnement payant) par rapport à 2016. Il semblerait donc que la réforme du stationnement, en 2018, a elle aussi impacté l'activité globale de la "verbalisation", comme c'était d'ailleurs prévu.
Et si en plus le ralentissement des recettes venait d'un changement général de comportement des conducteurs sur la route, comme l'a suggéré la Cour des Comptes il y a quelques mois, cela voudrait dire que le contrôle des infractions ne paiera plus autant. Cela reste quand même à vérifier. Certes pas encore en 2020, mais dans les années suivantes. D’autant plus que le gouvernement prévoit d'ores et déjà d'étendre le contrôle automatisé à certaines infractions liées à l'environnement, comme l'apposition des vignettes Crit'Air quand celles-ci sont obligatoires. Comme souvent, affaire à suivre !
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération