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Quand le printemps revient, la saison des fusions s’en vient

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Le rachat d’Opel par PSA a peut-être ouvert la voie à d’autres fusions ou absorptions dans le monde de l’automobile. Parce que certains constructeurs sont plus fragiles que d’autres. Parce qu’après deux années de bons bénéfices, certains disposent du cash suffisant pour en racheter d’autres. Et parce que l’avenir et les nouvelles mobilités plaident pour une concentration des marques.

Quand le printemps revient, la saison des fusions s’en vient

C’est le printemps. Le temps du grand ménage, des amours et rapprochements divers. Une saison qui a débuté en fanfare par le rachat d’Opel par PSA et qui a peut-être marqué le début du grand chambardement automobile. D’ailleurs l’offensive de Carlos Tavarès n’est pas tombée dans la boîte à gants d’un sourd, puisque Mathias Müller, le boss de Volkswagen, n’exclut plus un rapprochement avec Fiat, cédant la politesse à Sergio Marchionne en lui demandant de faire le premier pas. Du coup, si cette épidémie de concentrations continue, et elle a de nombreuses raisons de continuer, lançons le jeu des pronostics des prochains sur la liste. Quel gros avalera quel petit ? Ou vice versa, puisque dans le grand jeu financier, tout est permis.

Des marques japonaises isolées

Prenons le cas de Mazda. Voilà un petit constructeur qui a retrouvé sa liberté en 2009 et qui, huit ans et quelques égarements plus tard (souvenons-nous de la sombre période où le slogan de la marque était « zoom-zoom ») se porte au mieux, avec des produits mécaniquement et stylistiquement au top. Mazda va bien, mais son positionnement n’est pas celui d’un constructeur de niche qui pourrait fort bien s’en tirer en vendant peu des autos très chères. Être généraliste, ou se trouver aux marches du premium comme c’est le cas du Japonais, implique une force de frappe que la marque de Hiroshima n’a pas.

Même problème du côté de Honda, dont les marges en Europe ont fondu ces dernières années. Quels candidats pour les racheter ? Ils sont nombreux à être potentiellement preneurs. Honneur aux Américains. General Motors comme Ford se sont délestés de nombre de leurs « petits » européens. Au moment de la crise, Saab a été dilapidé par le premier, qui vient de se séparer d’Opel, quant au second, il a été obligé de vendre Jaguar-Land Rover à l’Indien Tata qui l’a brillamment redressé. Sans être au mieux de leur forme des années glorieuses, ces deux groupes sont sortis de la crise et peuvent espérer se refaire une dragée en faisant main basse sur des constructeurs plus petits qu’eux, comme Renault-Nissan vient de le faire avec Mitsubishi.

Ne pas se contenter des acquis 

Mais pourquoi cette manie de vouloir à tout prix racheter les copains ? Car, après tout, si chacun développait son petit business dans son coin, les parts de marché pourraient être conservées ? Sauf qu’elles risquent de ne pas l’être bien longtemps. Les « nouvelles mobilités », « l'autopartage » et autres jargonismes qui font parfois sourire, ne font pas rire du tout les boss de l’auto. En témoigne Porsche qui comme les autres veut prendre les devants. Tous prévoient que la voiture ne sera bientôt plus jamais comme avant. Les automobiles se raréfiant car se partageant, le nombre de constructeurs risque d’en faire autant. La plupart des experts estiment, à raison, que le secteur devrait encore se concentrer dans les prochaines années pour limiter les coûts de développement et de production.

Le moment ou jamais

Se développer pour ne pas régresser semble donc être le mot d’ordre. Mais pourquoi maintenant ? Parce que c’est le moment ou jamais. Parce que depuis trois ans, le marché est florissant. La crise est oubliée, aux US comme en Europe. L’an dernier, les ventes ont progressé de 6,8 % sur le vieux continent, et sur le nouveau, elles ont légèrement dépassé le record de 2015 avec plus de 17 millions de voitures vendues. Alors, ici comme là-bas, on se dit, dans les bureaux vitrés des étages élevés des sièges sociaux, qu’il est temps d’absorber d’autres marques. Pendant que l’on dispose de cash, avant que le populisme du repli nationaliste n’impose des taxes aux frontières, et avant que de nouvelles nomes antipollution restrictives ne viennent alourdir encore le coût des développements. C’est le bon moment des acheteurs, pas forcément des achetés. Le moment des vainqueurs. Qui est rarement celui des vaincus.

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