Quand GMC créait involontairement le camping-car de Big Jim !
En 1972, GMC créait un camping-car d’un nouveau genre, puissant, stylé et techniquement proche d’un coupé de luxe : le Motorhome. Accessoirement, Mattel en créera des réductions pour les figurines Big Jim et Barbie.
Je dois le reconnaître plus de quarante ans plus tard : ce n’était pas ce Big Jim que je voulais. Féru de James Bond, je convoitais celui qui changeait de visage, en super-agent secret qu’il était. Accessoirement, mon meilleur pote de l’époque l’avait eu, lui ! A la place, pour noël, on m’a offert l’autre, le sportif en tenue ridicule qui donnait un coup de poing quand on lui pressait le dos et gonflait le biceps quand on lui pliait le bras.
En sale môme gâté, j’ai évidemment dit que ce n’était pas le bon, m’attirant des regards peu amènes. Mais je me consolai bien vite car en sus du héros en plastique, j’avais surtout eu son camping-car, une splendeur généreusement dimensionnée et agrémentée de six roues. Yeah ! J’envisageais même de ne plus aller à l’école, juste pour jouer avec plus longtemps.
On devait être en 1982 ou 1983, et j’ignorais que l’énorme véhicule en plastique bleu qu’on m’avait généreusement offert s’inspirait plus qu’ouvertement du Gmc Motorhome, un incroyable camping-car américain. Celui-ci peut être vu comme l’aboutissement de la société des loisirs, qui ne tarderait pas à ployer sous le poids de la crise du pétrole imminente.
Les RV (pour Recreational Vehicles), les équivalents américains de nos camping-cars étaient déjà imposants mais rustiques techniquement et lents. GM pensait qu’une évolution au style et à la technologie modernes, issue de l’automobile, connaîtrait le succès. Une sorte de Volkswagen Combi Westfalia à la sauce non pas ketchup mais navette spatiale ! Il faut dire qu’à l’époque, la conquête de l’espace était dans tous les esprits, les Américains étant d’ailleurs les seuls à avoir réussi à se poser sur la lune, au grand dam des soviétiques.
Ainsi, GM récupère la mécanique d’un coupé assez étonnant, l’Oldsmobile Toronado. Très luxueuse, celle-ci est aussi nantie d’un énorme V8 7,5 l développant jusqu’à 400 ch. Particularité très inattendue de ce modèle, il dispose de roues avant motrices : c’est toujours la traction la plus puissante de l’Histoire. Nous en reparlerons dans un autre article. Cet ensemble où le moteur se relie à la boîte auto Turbo-Hydramatic 425 par une chaîne présente un avantage énorme : il se passe d’arbre de transmission et s’allie de à une suspension par barres de torsion. En conséquence, il est peu encombrant et peut s’implanter dans un châssis étirable à merci.
Ce dont GM ne se privera pas : on met au point une base à six roues, dont les quatre postérieures bénéficient d’une suspension pneumatique, puis on habille le tout s’habille d’une carrosserie fuselée, avant-gardiste et élégante, due à Michael Lathers, un des pontes du design GM. Composée de fibre de verre et d’aluminium, elle repose sur une structure en aluminium extrudé très inspirée du monde de l’aéronautique. Deux longueurs sont proposées, 7 m et 7,90 m, la première utilisant un empattement de 3,55 m, la seconde de 4,06 m. Dénommé Motorhome, l’engin est présenté en 1972 pour le millésime 1973, et séduit le public.
Cas unique dans la production mondiale, tout l’intérieur du Motorhome a été conçu par le constructeur lui-même, mais une variante Transmode était aussi proposée, livrée nue pour être aménagée par des spécialistes du genre. Pesant de 4,7 tonnes à 5,7 tonnes environ, le Motorhome peut théoriquement atteindre 145 km/h et consomme en moyenne 24 l/100 km, ce qui est raisonnable pour un camping-car aussi puissant et lourd !
L’aérodynamique bien meilleure que celle d’un « RV » l’aide énormément. En réalité, ce GMC, généreusement motorisé mais pas si encombrant, surbaissé, rapide, pourvu de larges surfaces vitrées, de la clim et du régulateur de vitesse, a été prévu aussi bien pour être conduit sur de longues distance que pour servir de lieu de séjour à l'arrêt, au contraire de la plupart des camping-cars, servant surtout à se rendre sur un lieu de vacances. Il connaît un certain succès.
A la mi-1977, son V8 est revu à la baisse (6,6 l), l’autre version n’étant plus fabriquée, mais la carrière du Motorhome touche à sa fin. En effet, l’Oldsmobile Toronado et son équivalent Cadillac, l’Eldorado, voient leur carrière se terminer, du moins sous leur forme du moment, et avec elles, elles emportent leur mécanique originale.
Les derniers Motorhome seront donc vendus en 1978, après avoir été produits à 12 921 unités. Un score d’autant plus intéressant que la moitié de ces véhicules seraient encore en état de rouler. Si le cœur vous en dit, il en existe une poignée en France, alors qu’aux USA, un bel exemplaire s’échange contre 25 000 $. Mieux, le GMC y étant très apprécié, bien des éléments sont refabriqués, voire améliorés pour lui. Si vous en ramenez un, vous pouvez aussi me trouver un Big Jim ? Le mien a fini entre les crocs du dogue allemand bleu métallisé de ma grand-mère…
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