Passages à niveaux: la sécurité en berne
Alors que les statistiques globales de sécurité routière s'améliorent depuis une quinzaine d’années, les collisions sur des passages à niveaux continuent d'afficher un niveau préoccupant.
A l’heure où nous publions cet article, le bilan provisoire de la collision survenue jeudi entre un car et un train sur un passage à niveau à Millas (Pyrénées-Orientales) fait état de quatre morts et 20 blessés. On ignore encore les circonstances précises de cet accident, et notamment si les barrières se sont baissées ou non à l’approche du train. Une question cruciale qui sera au coeur de la conférence de presse que donnera le procureur de Marseille ce vendredi à 18 heures.
Dans l'intervalle, ce drame est l’occasion de nous intéresser à la sécurisation de ces passages à niveaux qui constituent de véritables zones à risques sur nos routes, avec des statistiques à l’inquiétante régularité :
2011 : 106 collisions, 32 tués et 14 blessés graves
2012 : 100 collisions, 33 tués et 10 blessés graves
2013 : 148 collisions, 29 tués et 19 blessés graves
2014 : 100 collisions, 25 tués et 17 blessés graves
2015 : 100 collisions, 27 tués et 15 blessés graves
2016 : 111 collisions, 31 tués et 15 blessés graves
Bref, et l’accident survenu jeudi vient le rappeler, aucun progrès enregistré malgré une forme de volontarisme affiché des pouvoirs publics, qui annoncent investir environ 60 millions d'euros chaque année pour la sécurisation des passages à niveau.
Les autorités rappellent que dans la majorité des cas, les victimes sont des habitués ou des riverains dont la vigilance se trouverait altérée par une forme de routine. Pour mémoire, les conducteurs qui franchissent un passage à niveau quand c'est interdit risquent une amende de 135 euros et la perte de 4 points. Pas de quoi inquiéter les 20% d’automobilistes qui déclaraient en 2015 avoir déjà franchi un passage à niveau sans tenir compte de la signalisation (étude TNS Sofres).
Quelques 152 passages à niveaux (sur un total de 15 459) sont répertoriés comme dangereux et à ce titre inscrits au programme de sécurisation nationale (dont ne fait pas partie celui de Millas), et 24 d’entre eux ont été supprimés en 2016. La sécurisation peut s’opérer de trois manières : mettre la route en impasse, dévier la route vers un ouvrage de franchissement existant, ou en créer un au-dessus ou au-dessous des voies. Des opérations forcément plus longues et plus onéreuses que celles consistant à placer des radars de vitesse (22 passages à niveaux équipés entre 2009 et 2012) ou de franchissement, qui sont eux au nombre de 80. Sans grand effet manifestement, comme le montrent les chiffres d'accidentologie cités plus haut dans cet article.
Et le plus incroyable est que parallèlement à ce déploiement de radars, il subsiste dans le même temps des passages à niveaux sans barrière de sécurité ni feux automatiques! Le 2 novembre dernier à Bonneville-sur-Touques (Calvados), un couple et leur enfant de dix ans trouvaient ainsi la mort dans la collision de leur voiture avec un TER (Train express régional) en traversant un passage à niveau de ce type. Oui, en France, au XXIème siècle.
En attendant que les pouvoirs publics traitent le problème de la façon la plus efficace possible, la plus grande vigilance doit être de mise à l'approche des passages à niveaux. Parce qu'un dysfonctionnement des barrière reste toujours possible, et parce que la distance d'arrêt d'un train peut atteindre 500 mètres. Et si vous vous retrouvez coincé(e) au milieu d'un passage à niveau avec votre voiture? Tout simple, d'après la Sécurité routière: "enfoncez la barrière de sortie : elle est conçue pour ça"... Un peu court.
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