Pagani va passer à l'électrique
Il naît un constructeur de supercars tous les quatre matins mais ils sont semblables aux étoiles filantes : soudainement brillants puis disparaissant aussi vite qu'ils sont apparus. Mais pas Pagani qui est devenue en moins de deux décennies une des marques les plus respectées de la planète par les amateurs d'automobile. Est-ce que les avis vont changer avec l'annonce que l'artisan italien s'apprête à commencer le développement d'une voiture électrique ?
Le petit constructeur italien est peut-être un Petit Poucet face aux géants que sont Ferrari et Lamborghini mais il a su prouver en moins de deux décennies qu'il était là pour rester. C'est en effet l'année prochaine que la marque soufflera le vingtième anniversaire de son tout premier modèle, la Zonda, et que le second, la Huayra se vend toujours contre la bagatelle de 2,7 millions d'euros dans sa version Roadster. Mais l'entreprise est loin de stagner, confiant au magazine anglais Autocar, par l'intermédiaire de son charismatique fondateur Horacio Pagani, qu'elle considérait sérieusement passer à l'électrique.
Horacio Pagani a toujours été un pionnier. Il a quitté l'Argentine dont il est originaire afin de travailler pour Lamborghini dans les années quatre-vingt, gravissant les échelons pour parvenir à la tête du département des matériaux composites. Il est le cerveau qui se cachait derrière du radical concept Countach Evoluzione de 1987, un modèle unique et avant-gardiste qui échangeait sa structeur en métal contre des matériaux légers, dont de la fibre de carbone, soit bien avant que McLaren ne commence à développer la F1. Puis il quitta la firme de Sant'Agata pour lancer son agence de conseil avant de fonder la marque de supercar éponyme en 1992.
Pagani est à la fois rentable et stable, produisant entre 35 et 40 voitures par an, des chiffres que son patron ne souhaite pas dépasser. « Ma vision de l'entreprise dans dix ans est de garantir la qualité des voitures que nous fabriquons dans des mêmes quantités » souhaite Horacio Pagani. « Nous sommes une petite entreprise familiale, nous n'appartenons pas à un conglomérat ou à un grand groupe automobile où vous perdez votre liberté. Nous pouvons prendre des décisions et les mettre à exécution rapidement ».
Bien que l'entreprise n'ait pas pour intention d'arrêter la production de modèle à combustion interne, elle a déjà commencé le développement parallèle d'une voiture électrique. « Nous faisons déjà des recherches » confirme Horacio Pagani. « Tout le monde s'y met, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez vous contenter d'ignorer. Nous sommes déjà en train de réorganiser nos locaux pour créer une division dédiée aux voitures électriques. D'ici la fin de l'année, l'objectif est d'avoir un endroit physique pour les développer et les tester. Les standards de technologie et de sécurité dont vous avez besoin sont complètement différents qu'une voiture à essence. On parle de 800 V donc nos techniciens ont besoin de suivre des formations pour travailler sur un tel véhicule ».
Le partenariat de longue date entre la marque italienne et Mercedes signifie que la future Pagani électrique empruntera sa partie technique au groupe Daimler, une évidence pour Horacio Pagani qui rappelle l'engagement de l'allemand en Formule E.
L'hybride n'est par contre pas une solution envisagée. Malgré le fait qu'Horacio Pagani se présente comme un grand fanatique de la Porsche 918 Spyder à tel point qu'il en possède lui-même une, il ne pense pas que mélanger les moteurs fonctionnerait dans l'un des produits de son entreprise. « J'ai la vision d'une voiture totalement électrique », dit-il. « J'aime la 918, mais on ne peut faire que 25 km en mode électrique. Quand la batterie est vide, vous devez toujours la traîner avec vous avec votre moteur thermique. Ce qui fait 300 kg de poids mort ».
Bien que la Huayra Roadster développe dorénavant 768 ch, pour améliorer les performances la marque a déjà transféré l'attention de ses ingénieurs sur le gain de poids plutôt qu'en ajoutant encore des chevaux. Sur sa fiche technique, le Roadster perd ainsi 80 kg par rapport à la version coupé et c'est un domaine qui sera crucial pour contrer le poids des packs de batterie selon Horacio Pagani. « Notre but n'est pas d'annoncer des puissances extraordinaires, nous voulons faire des voitures légères et à l'excellent dynamisme » dit-il. « Transférer cette mentalité dans un véhicule électrique et vous pouvez voir ce que nous recherchons : de la légèreté qui fera sans aucun doute de nous une référence parmi les voitures électriques ».
La plus grande difficulté sera de retrouver dans une Pagani électrique toute l'émotion offerte par les modèles thermiques qui a attiré l'attention de riches acheteurs. « Pour nous, c'est un défi mais aussi un but » dit Pagani. Il a d'ailleurs demandé à ses ingénieurs d'étudier la possibilité de monter une boîte de vitesses mécanique sur un moteur électrique. « C'est même la première question que j'ai posée » confie-t-il. « Tout le monde m'a répondu que ce n'est pas nécessaire sur une voiture électrique, mais je n'en suis toujours pas convaincu. »
Source : Autocar.co.uk
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