Objectifs CO2 et électrification: l'Europe ne lâchera pas le morceau
L'INFO DU JOUR. Tout juste reconduit dans ses fonctions, le commissaire européen au climat réaffirme la volonté de Bruxelles de tenir le cap fixé jusqu'ici, de façon à préserver une visibilité à long terme pour l'industrie.
Ne lisez pas ce qui suit si vous espériez encore voir l'Europe infléchir ses objectifs en matière d'émissions de CO2 et d’électrification à l’horizon 2035. Le commissaire européen au climat Wopke Hoekstra, reconduit jeudi à un deuxième mandat à ce poste, a confirmé son intention de continuer sur sa lancée, en plaidant pour le respect du calendrier convenu afin de garantir la visibilité à long terme indispensable à l’industrie.
Rappelons ainsi que les objectifs de baisse des émissions de CO2 dans le volume de voitures neuves vendues, pour atteindre une moyenne de 81g/km dans le cadre de la norme CAFE, démarrent dès 2025, avec à la clé le risque d’amendes salées pour les marques qui n’y satisferaient pas. L’association des constructeurs automobiles européens, par la voix de son président Luca de Meo (Renault), évoque la perspective d’une somme cumulée de 15 milliards d'euros de pénalités, quand des analystes de HSBC évoquent plutôt 5 milliards.
Des pays européens tels que l’Italie et la République Tchèque plaident pour une inflexion, rejointes depuis peu par la France : "la Commission devrait envisager de reporter les amendes qui pourraient être payées par les constructeurs automobiles dans le cadre [des normes sur le CO2 pour les voitures]", a ainsi plaidé le ministre délégué à l’industrie Marc Ferracci depuis Berlin le 5 novembre.
Ces appels devraient toutefois rester lettre morte, d’autant que certains groupes auto, au premier rang desquels Stellantis, ont annoncé qu’ils étaient prêts pour les nouvelles échéances. "Du point de vue de la concurrence si chère à l'Union européenne, il serait surréaliste de changer les règles maintenant", avait notamment lancé le DG de Stellantis Carlos Tavares au mois de septembre. "Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course." Un point de vue que Wopke Hoekstra dit partagé par d’autres industriels, sans toutefois citer lesquels.
Le même reconnaît en revanche la nécessité d’aides publiques à l’investissement en matière d’infrastructures de recharge – "une demande justifiée", selon lui. Quant aux carburants synthétiques, dont l’Allemagne demande l’autorisation de vente après 2035 de façon à soutenir les ventes de certains modèles thermiques haut de gamme, ils seraient eux aussi pérennisés en l’état actuel des choses : "Ce que je ne peux pas faire, parce qu'il a fallu beaucoup de temps pour parvenir à un consensus, c'est briser ce sur quoi nous nous sommes mis d'accord dans le domaine de l'automobile", résume Hoekstra. Déjà ça.
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