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Ne m’appelez plus break, mais shooting brake

Dans Nouveautés / Nouveaux modèles

Michel Holtz

Les constructeurs se sont toujours évertués à fuir le terme de break, trop campagnard et trop utilitaire. Après les Nevada, Estate, Combi et SW, l’heure du shooting brake a sonné. Une révolution stylistique ? Un simple changement de dénomination.

Ne m’appelez plus break, mais shooting brake

Voilà des lustres qu’aucun break ne s’appelle plus break. Depuis que les épiciers ont écumé les campagnes des années cinquante et soixante à bord de leurs vieilles Peugeot 403 rallongées et remplies à ras bord de cageots de légumes, plus aucun constructeur n’ose dénommer ainsi ses voitures rallongées d’un sac à dos plus ou moins esthétique. Pour remédier à cette image rurale et utilitaire, les marques rivalisent depuis des années pour tenter de faire rêver les (rares) familles qui n’ont pas envie de rouler jadis en monospace et aujourd’hui en SUV. Pas question non plus d’effrayer les cadres à voiture de fonction qui fantasment sur des autos véloces mais qui doivent, après le bureau, déposer les enfants à leur cours de tennis.

Renault Laguna Nevada : un goût d'Amérique, version sac à dos.
Renault Laguna Nevada : un goût d'Amérique, version sac à dos.

Chez Renault, le goût de l’Amérique s’est d’abord appelé Nevada, pour une Laguna break figurant parmi les plus beaux ratés de l’histoire du design, avant d’être rebaptisée Estate. En Allemagne, on ne tient pas spécialement à faire rêver, et les Audi ont pris le joli nom d'Avant, alors que les tchèques Skoda, du même groupe, ont affublé leurs versions rallongées du terme Combi.

Du sport pour faire oublier l’utilitaire

Mais très vite, tout le monde est tombé d’accord. Les familles aux larges coffres bourrés de jouets et de poussettes-cannes, comme les représentants de commerce aux larges coffres bourrés de catalogues, veulent véhiculer une image dynamique. A défaut de l’être eux-mêmes, ce sera leur véhicule qui trimbalera cette fameuse image. Et d’un coup d’un seul, tous les breaks sont devenus « sport » et « tourisme ». Chez Opel, l’Insignia break est un « Sport Tourer ».

Chez Toyota, l’Auris (et bientôt la Corolla) se voit baptisée Touring Sport, à ne surtout pas confondre avec le Sportourer qui désigne les breaks Seat. Chez BMW, pas besoin d’évoquer la sportivité qui coule dans les veines de la marque et on se contente d’un simple Touring. À chacun sa variante de l’affaire, même si tout le monde use et abuse du même thème. Mais voilà que depuis plusieurs années, un consensus se forme autour de deux lettres.

SW : le break pour tous

De Peugeot à Ford, de Kia à Volkswagen, les autos à rallonge sont désormais appelées SW. Deux lettres qui, selon les traductions, ou le goût des traducteurs, signifient « Sport Wagon » ou « Station Wagon ». Ce dernier terme est en fait la toute première désignation américaine des breaks, ce qui lui confère au moins un pedigree, alors qu’un break familial n’a rien d’un « sport wagon ».

Peugeot 308 break ? Pas du tout, c'est un SW.
Peugeot 308 break ? Pas du tout, c'est un SW.

Mais le nom de baptême d’un type d’auto, ou d’un segment, n’a pas grand-chose à voir avec une réalité tangible, car en quoi un SUV est-il un Sport Utility Vehicle ? C’est certes un véhicule utile (quoique) mais il est généralement aussi sportif qu’un bibliothécaire en fin de carrière, même si cette digne profession souffre d’exceptions. Quoi qu’il en soit, le SW règne désormais sur le hayon des autos rallongées. Mais ce ralliement général à ces deux lettres ne va peut-être pas durer.

Et soudain, le shooting brake fut

C’est que depuis quelque temps fleurit, dans les catalogues des constructeurs ou dans les lignes des journalistes essayeurs, un nouveau terme. Puisqu’il n’y a qu’à piocher dans la longue et fournie histoire de l’automobile, certaines marques ont exhumé récemment le terme de shooting brake. Ces breaks conçus au départ pour la chasse et ne disposant souvent que de trois portes ont été remis au goût du jour avec des portières arrière et sans que leur propriétaire ne soit tenu d’aller taquiner les faisans. Mercedes s’est engouffré dans l’affaire avec son CLS shooting brake, suivi du plus petit CLA. Volkswagen, qui ne veut pas être en reste, va présenter une version break de son Arteon, baptisée, on ne souffle pas, shooting brake.

Ne m’appelez plus break, mais shooting brake
Ne m’appelez plus break, mais shooting brake

La Ceed en version shooting brake (ProCeed, à gauche) est moins carrée que la Ceed break.

La Kia Ceed, quant à elle, fait mieux encore, puisque, outre son véritable break (SW), elle compte désormais à son catalogue une version shooting brake. La différence entre les deux modèles ? Un profil arrière plongeant pour le dernier, et plus carré pour le premier. Reste que l’arrière des breaks en général est de moins en moins carré. Ce qui devrait avoir pour seul effet, hormis un volume de chargement à peine plus important qu’une berline classique, de voir se généraliser le terme de Shooting brake. RIP les SW, les Combi et les Avant.

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