Mercedes-Benz SL R107, le roadster éternel
Enorme succès commercial, le roadster SL R107 n’en finit pas de plaire comme en témoigne sa cote robuste. Toujours agréable à utiliser, il concilie plaisir et placement comme aucun de ses concurrents. A partir de 26 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Les révolutions esthétiques sont régulières chez Mercedes, que l'on accuse souvent à tort d'immobilisme en la matière. Le roadster SL R107 en est un bel exemple, lui qui a renouvelé le style de la marque à l'étoile. Il joue donc un rôle déterminant dans son histoire ! Moderne au point de démoder instantanément toute la concurrence, ce jalon trouve vite son public, surtout aux USA, puis connaîtra une longévité record. Popularisé par les séries et le cinéma américains, ce SL demeure très pertinent par sa fiabilité, son confort, ses performances et ses qualités routières. Le tout, nimbé d'un charme seventies ! L'agréable SL se paie assez cher mais vu la robustesse de la cote, constitue un bon placement.

L’avocat Ralph Nader, auteur du livre Ces voitures qui tuent, paru en 1965, a durablement influencé la société américaine à la fin des années 60. En effet, on peut raisonnablement penser que son ouvrage-choc a contribué à la création du NHTSA, département transports de l’administration américaine. Celui-ci a décidé d’un durcissement de la règlementation US en matière de sécurité passive.
Certains constructeurs ont même cru que les cabriolets seraient interdits outre-Atlantique, dont Mercedes-Benz pour qui ce marché est crucial. Après un examen scrupuleux des textes légaux, les ingénieurs de l’étoile ont compris qu’il n’en était rien, mais qu’ils devraient renforcer la solidité de son futur roadster SL, dont la conception débute en 1968.

Pas un souci, la marque allemande étant pionnière en matière de sécurité passive, grâce à son ingénieur Béla Barényi. Sous la direction de Hans Scherenberg, les ingénieurs conçoivent une coque inédite, intégrant les montants de pare-brise, et des longerons de section rectangulaire comportant différentes épaisseurs afin de perfectionner le concept de zones à déformation programmée. Le tout repose sur des trains roulants dérivant de ceux de la berline W114, et s’habille d’une carrosserie élaborée sous la férule de Karl Wilfert.

Elle se pare de bas de flancs striés, ce afin de préserver les vitres latérales des remontées de saletés. Pour leur part, les feux arrière sont crénelés pour rester lumineux même souillés, alors qu’à l’avant, les projecteurs, désormais horizontaux, s’accolent à la calandre, une première chez Mercedes qui déterminera le design de ses modèles de la décennie 70. Dans l’habitacle, là encore le mot d’ordre est sécurité, avec un tableau de bord conçu pour protéger les passagers en cas d’impact.

Cette étude extrêmement rigoureuse débouche sur le roadster SL R107, lancé au printemps 1971, en remplacement de la superbe Pagode. Elle paraît empâtée en comparaison, et son intérieur tout plastique n’a pas le même charme. Mais sous le capot, pour la première fois sur une SL, on trouve un V8, le 3,5 l à injection électronique (200 ch), équipant la berline W108, le seul de Mercedes à s’allier à une boîte manuelle. La 350 SL pesant 185 kg de plus que sa devancière, la 280 SL, elle est à peine plus performante, et très chère à 58 800 F (soit 71 100 € actuels ou cinq Renault 12). L’équipement prête à sourire : pas de vitres électriques ni de volant réglable, la seule trace de luxe étant le chauffage à réglages séparés gauche/droite.

Si la direction assistée, le compte-tours, le mano de pression d’huile et les projecteurs antibrouillard sont de série, la boîte se contente de 4 rapports… Pire, en France, le rétro extérieur réglable de l’intérieur est carrément interdit ! Cela dit, la finition impressionne, et la Mercedes trouve immédiatement son public.
Ultramoderne, la R107 sait parfaitement épouser son époque. Et au gré d’évolutions constantes, elle va efficacement se maintenir au top. En mars 1973, elle se décline en 450 SL, recevant un V8 4,5 l de 225 ch (attelé à une boîte 3 auto), à l'été, les versions US sont défigurées par d'énormes pare-chocs, puis la plus modeste 280 SL est dévoilée dès l’été 1974. Cette variante reçoit un 6-en-ligne double arbre de 185 ch, alors qu’entre novembre 1975 et février 1976, tous les moteurs troquent leur injection électronique Bosch D-Jetronic contre une K-Jetronic mécanique mais paradoxalement plus effciente.
Corollaire, les puissances chutent à 177 ch (280), 194 ch (350) et 218 ch (450), les V8 gagnant un rattrapage hydraulique du jeu des soupapes. En septembre 1976, l’option boîte 5 est supprimée sur la 280, qui revient à 185 ch en 1978, grâce à une hausse du taux de compression.

En mars 1980, la SL bénéficie d’une cure de modifications importantes. Toutes les boîtes automatiques passent à 4 rapports, alors que la 280 reçoit par défaut à une boîte manuelle comptant 5 et non plus 4 rapports. De plus, un nouveau volant est installé, complété par des boiseries et un équipement amélioré, tandis que l’ABS est désormais proposé en option. Surtout, les V8 sont renouvelés. Exit les 3,5 l et 4,5 l, place à des 3,8 l et 5,0 l tout alliage de 218 ch et 240 ch respectivement. En 1981, les mécaniques sont retravaillées pour plus d’économie (les V8 chutent à 204 ch et 231 ch), puis, en mars 1982, un airbag allié à un prétensionneur de ceintures apparait en option.

En septembre 1985, la SL est plus profondément retouchée. Outre des jantes de 15 et un ABS de série, elle troque son 2,8 l contre un le 3,0 l simple arbre de la berline W124, un 4,2 l de 218 ch remplace le 3,8 l, et le 5,0 l passe à 245 ch. Le roadster R107 disparaît à la rentrée 1989, remplacé par le très technologique R129. 237 287 unités ont été vendues, les deux tiers aux USA : un record qui tient toujours chez Mercedes.

Combien ça coûte ?
Le SL R107 a vu sa cote croître énormément ces dernières années, puis se stabiliser. Pour exemplaire européen d’origine en bel état (donc pas parfait), comptez 26 000 € pour une 280 SL, 28 000 € pour une 350 SL, 30 000 € pour une 450 SL, 32 000 € pour une 380 SL et 45 000 € pour une 500 SL. Les phases III, plus recherchées car plus abouties, sont un cran plus chères. De 37 000 € pour une 300 SL à 48 000 € pour une 500 SL au minimum. Evidemment, ces prix peuvent nettement varier selon l’état, l’historique et le kilométrage.

Quelle version choisir ?
Aucune n’est à fuir. Mais une 280 SL phase 2 représente un excellent compromis entre prix, performances et consommation, alors que si on en a les moyens, une 500 SL apportera un maximum d’agrément.

Les versions collector
Toutes, si elles sont authentiques et en très bel état. Un faible kilométrage (moins de 50 000 km) affole les acheteurs, donc peut faire doubler la cote !

Que surveiller ?
Bien entretenue, une SL R107, quel que soit son moteur, passe aisément les 250 000 km. Mais des avaries sont à recenser, comme les injections qui détestent l’inaction et les poussoirs hydrauliques des V8 qui deviennent bruyants d’abord côté droit : si vidange ne les rend pas silencieux, alors il faudra les changer.
Par ailleurs, la chaîne de distribution simple des premières 380 a connu des défaillances, avant d’être remplacée par un élément double. Enfin, sur les phases II, les collecteurs d’échappement des V8 avouent une légère faiblesse, tout comme la tête d’allumeur du 3,0 l. Régulièrement vidangées, les boîtes sont extrêmement robustes. Côté trains roulants, pas de défaut particulier à signaler, l’ensemble vieillissant sainement. Le boîtier de direction prend du jeu, que l’on peut corriger par un réglage, alors qu’usé, son amortisseur rend la conduite floue.
Dans l’habitacle très bien fabriqué, avec l’âge, la coiffe du tableau de bord finit tout de même par se fendre et le cuir des sièges se déchire : pas anormal. En réalité, le gros défaut de la SL, c’est la rouille, surtout avant 1980. Passages de roue, bas de caisse, planchers, bac de capote et jupe arrière sont à surveiller en priorité car tout ceci pourrit très bien, merci. Heureusement, les pièces sont abondantes, y compris en réseau Mercedes… à prix d’or.

Au volant
J’ai pris le volant d’une 350 SL de 1971, bourrée de charme avec ses chromes et ses enjoliveurs ton caisse. A bord, on est surpris par le dénuement : vitres manuelles, plastique omniprésent… Mais on est confortablement installé, même si le volant est trop grand. Dès les premiers tours de roue, on est abasourdi par le confort de suspension : la Mercedes filtre tout, façon tapis volant. De plus, le V8 est très silencieux, même avec le hard-top en place. On ressent une sérénité tout à fait inhabituelle sur une ancienne, mais on déplore la direction sans feeling, la boîte manuelle sans agrément particulier et le moteur paresseux… Jusqu’à un certain point !

En effet, passé 4 000 tr/min, le 3,5 l change totalement de visage, devient musical et se trouve une vigueur parfaitement insoupçonnée. Dr Jekyll et Mr Hyde ! Performante, la 350 SL peut alors compter sur une structure très rigide, des trains roulants rigoureux, une direction précise et un excellent freinage. Des qualités qui demeurent une fois le hard-top retrié. Evidemment, le roulis demeure très important, ce qui dissuade de maltraiter cette excellente GT qui n’est donc pas une sportive, plus une descendante de la 190 SL que de la 300 SL Papillon. En tout cas, il s'agit d'une monture idéale pour les voyages au long cours. Comptez 15 l/100 km pour la consommation.
L’alternative youngtimer
Mercedes-Benz SL R129 (1989 – 2001)

Les mauvaises langues (dont votre serviteur) diront qu’elle ressemble à une Ford Escort cabriolet aplatie. Mais la ligne très sobre et lisse de la SL R129, due à l’équipe de designers de Bruno Sacco, plaît aux esprits moins tordus. Surtout, ce roadster arbore une technologie exceptionnelle : suspension multibras, amortissement piloté (parfois en option), antipatinage, moteurs multisoupapes (3,0 l de 231 ch et 5,0 l de 326 ch), arceau se déployant en 0,3 s, à l’époque, la concurrence ne peut qu’admirer ! Conséquence, cette Mercedes remporte un grand succès initial, qu’elle entretiendra en évoluant constamment : V12 6,0 l de 394 ch (600 SL) en 1992, 2,8 l de 193 ch en 1993 (280 SL), et mise à jour fin 1995.
Outre des moteurs modernisés, on note l’apparition de l’ESP, voire des projecteurs au xénon. En 1998, la R129 se bonifie encore : des V6 remplacent les 6-en-ligne, les culasses passent à 3 soupapes (une de moins) et 2 bougies (une de plus) par cylindre, et tous les moteurs satisfont à la norme Euro III. En 2001, le SL R129 prend sa retraite, produit à 204 940 exemplaires. A partir de 15 000 €.

Mercedes-Benz 350 SL (1971), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 3 499 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV), bras obliques, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 4 manuelle ou automatique, propulsion
- Puissance : 200 ch à 5 800 tr/min
- Couple : 286 Nm à 4 000 tr/min
- Poids : 1 545 kg
- Vitesse maxi : 210 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,8 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Mercedes SL R107, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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