Marché automobile de mars 2023 : la hausse ne fait pas de pause
Michel Holtz , mis à jour
La filière respire enfin. Au courant du mois qui vient de s’écouler, les immatriculations ont bondi de 24,23 %. Attention toutefois à ne pas déboucher le champagne trop vite, car le phénomène est d’abord lié à un rattrapage des livraisons en retard et il n’est pas du même niveau pour toutes les marques.
Quand le bâtiment va, tout va, a-t-on coutume de dire. On pourrait ajouter que lorsque l’automobile va mieux, l’économie française respire mieux. Le secteur, qui emploie 400 000 personnes à travers l’hexagone, vient en effet d’enregistrer un mois de mars largement positif avec une hausse des immatriculations de 24,23 %, soit 182 000 autos qui ont été livrées aux clients.
Un effet de rattrapage des livraisons
Tout rentre donc dans l’ordre immuable des grandes années aux ventes stabilisées ? Pas vraiment. On est encore loin de l’époque pré-Covid et du même mois de mars en 2019, au cours duquel 226 000 voitures avaient trouvé preneurs, et si la situation est en train de s’améliorer, ce n’est pas en raison d’un fort engouement des consommateurs qui ont hâte de changer d’autos, mais, plus pragmatiquement, parce que la pénurie de semi-conducteurs indispensables à leur fabrication s'est quelque peu dissipée. Résultat : les usines n’ont pas connu de chômage technique au cours des semaines précédentes et les livraisons ont pu reprendre. Des livraisons, qui, pour certaines d’entre elles ont enfin pu être honorées après, parfois, des mois de retard. Ce qui explique, en partie, cette hausse printanière.
Mais si les livraisons un progressé de près de 25 % en ce mois de mars, elles n’ont pas été à la même hauteur pour tout le monde. En bons chauvins, commençons par observer les résultats des groupes hexagonaux. Du côté de Stellantis, on se félicite d’un chiffre de 26,28 % qui se situe au-dessus de la moyenne. Sauf que l’ex PSA réalise un score beaucoup plus mesuré si l’on tient compte de ses résultats depuis le début de l’année. Sur les trois premiers mois de 2023, sa progression n’est en effet que de 5,6 %, et la galaxie de 14 marques perd 3 points de parts de marché.
Renault en hausse régulière
Chez son rival en revanche, le sourire est plus affirmé. Certes, le groupe Renault a progressé légèrement moins fort en mars (de 25,76 %) que son rival, mais cette hausse est régulière depuis janvier, puisqu’elle est de 23,73 % sur l’ensemble du trimestre. Évidemment, Dacia et ses plus de 32% d’augmentation, booste toujours le groupe, mais Renault n’est plus le boulet du Roumain. D’ailleurs la Clio V, à l’image pourtant vieillissante, a même retrouvé la place de second dans les voitures les plus vendues en France, derrière l’indétrônable Peugeot 208. À noter, dans le genre vieillissant, la bonne tenue de la Citroën C3 qui se classe en 4e position, grâce à son rapport qualité prix canon. La citadine sauve la mise de la marque dont les autres modèles ont du mal à trouver preneurs.
Pour autant, ces chiffres positifs ont parfois un effet un trompe-l’œil. Il en va ainsi de la hausse spectaculaire des immatriculations de Tesla qui affiche près de 80 % de hausse. Un bond qui est surtout lié au calendrier, car l’Américain a pris l’habitude d’effectuer ses livraisons à la fin de chaque trimestre. Même si les baisses de prix des modèles ont eux aussi un effet. Ce qui ne trompe pas, en revanche, c’est le tout petit score d’Alpine qui n’affiche que 99 livraisons pour ce mois. À l’inverse, BMW démontre son insolente santé. Ses 76 % de ventes supplémentaires en mars laissent littéralement ses rivaux allemands d’Audi et Mercedes sur place. Un pied de nez aux nombreux détracteurs de son design actuel.
Un avenir qui reste incertain
Bien sûr, entre les marques chanceuses et celles qui le sont moins, la moyenne des immatriculations de ce mois de mars et des deux précédents reste plutôt très positive. Une raison suffisante pour envisager une année 2023 moins cauchemardesque que les trois précédentes ? Pas vraiment, car les carnets de commandes sont loin d’être remplis, malgré les délais de livraison qui se sont raccourcis. C’est qu’après les années Covid, place à l’inflation qui fait exploser les prix des voitures neuves, comme de celles d’occasion. Et lorsque les Français doivent choisir entre le remplissage de leur chariot de courses et le renouvellement de leur voiture, ils ont tendance à privilégier le premier au détriment du second.
Résultat : le parc automobile vieillit pour dépasser les 11 ans aujourd’hui et les consommateurs ne retrouvent majoritairement le chemin des concessionnaires qu’au moment ou leur voiture est à bout de souffle. Au risque de laisser leur industrie automobile à bout de souffle elle aussi. Mais peut-être que le jour où les constructeurs comprendront que l’adage « vendre moins mais plus cher » a trouvé ses limites, ils se réconcilieront avec leurs clients.
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