Les ventes de voitures électriques vont bien, les bornes un peu moins
Bonne nouvelle, les ventes de modèles électriques suivent la trajectoire voulue par les pouvoirs publics. Mauvaise nouvelle, le déploiement des infrastructures de recharge progresse deux fois moins vite qu'en 2021.
A quelques semaines de l’ouverture d’un Mondial de l’automobile fortement électrifié, le dernier baromètre mensuel de l’Avere-France, association de promotion de la mobilité décarbonée, permet de constater une forte accélération des immatriculations de véhicules dits propres.
Les véhicules particuliers et utilitaires électriques ont ainsi vu leurs ventes augmenter de 30% durant les huit premiers mois de l’année, progression d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit dans un marché global en baisse de 16%.
Dans le détail, on constate que les modèles 100% électriques consolident leurs positions par rapport aux hybrides rechargeables : « en 2022, l'électrique représente le double des volumes des hybrides rechargeables », résume Clément Molizon, Délégué général de l’Avere-France.
On dénombre actuellement 960 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables en circulation dans l’Hexagone, ce qui laisse à penser que l’objectif d’un million à la fin 2022, assigné en 2018 par le Comité stratégique de la filière automobile (CSF), sera dépassé.
Ce développement pourrait être plus rapide encore s’il n’était freiné par la pénurie de semi-conducteurs.
Courants contraires pour les bornes électriques
Pour autant, c’est peut-être une bonne nouvelle dans la mesure où les infrastructures publiques de charge ne se développent pas à la même cadence. « Il faut garantir un ratio d’un point de recharge accessible pour dix véhicules en circulation », expliquait le CSF en 2018. « Si, comme le projette la filière, un million de véhicules électriques et de véhicules hybrides rechargeables sont en circulation en 2022, cela représentera 100 000 bornes déployées sur le territoire, sans compter le déploiement de bornes dans les domiciles et les entreprises.»
Seulement voilà, le dernier décompte de l’Avere-France fait état de 69 428 bornes ouvertes au public à la fin août.
Même si le réseau s’étoffe rapidement, même si ce chiffre traduit une hausse de 29% par rapport au 1er janvier (soit moitié moins que la hausse de 64% enregistrée en 2021, toutefois), et même si les pouvoirs publics et concessionnaires autoroutiers nous assurent que la quasi-totalité des aires seront dotées de bornes de recharge rapide dans le courant du premier semestre 2023, il y a donc un retard à l’allumage du côté des infrastructures.
Et au-delà du nombre de bornes disponibles se pose la question de leur disponibilité réelle, qu’étudie notamment l’observatoire de l’Afirev, qui a récemment rendu public son rapport semestriel.
Si 75,7% des points de charge fonctionnent 99% du temps (contre 73,4% lors de la précédente édition du deuxième semestre 2021), l’organisme fait encore état de 4,42% bornes se montrant inaptes au service sur des périodes d’au moins 7 jours consécutifs (contre 6,26% lors de la précédente étude, certes).
A tout cela s’ajoute un véritable problème de savoir-vivre, même si les statistiques font ici défaut. On citera notamment, sans prétendre à l'exhaustivité, ces propriétaires de véhicules thermiques qui se garent devant les bornes et en bloquent ainsi l’accès, les véhicules électriques qui considèrent les bornes comme des « droits au parking » et ne prennent même pas la peine de s’y brancher, ou bien encore les propriétaires d’hybrides rechargeables qui « squattent » les bornes pendant des heures et des heures sans égard aucun pour les propriétaires d’électriques qui en ont réellement besoin pour circuler. Bien du chemin reste à parcourir pour une mobilité électrique harmonieuse, donc.
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