Les nouveaux métiers de l'auto - Jean-Michel Mousseau : de la chimie au digital
Avec ses équipes, il a conçu l'I-cockpit numérique de la nouvelle Peugeot 308. Pourtant, rien ne prédestinait l'ingénieur en physique chimie à se spécialiser dans le digital. Si ce n'est une chose essentielle : sa passion pour l'automobile.
L'automobile change et les hommes qui la conçoivent aujourd'hui exercent un métier qui souvent, n'existait pas encore il y a vingt ans. Qui sont-ils ? Quel est leur parcours ? Qu'ils soient ingénieurs motoristes, spécialistes des trains roulants, de l'informatique embarquée, de la recharge ou experts en digital, nous sommes allés à leur rencontre.
Parfois, la passion et la pugnacité remplacent la formation idéale. Parfois aussi, les aléas de la vie font faire des choix curieux. C'est ainsi que le jeune Jean-Michel Mousseau, passionné d'automobile, qui aurait dû logiquement s'orienter vers une formation d'ingénieur en mécanique, se décide pour une autre option : il sera certes ingénieur, mais en physique chimie. Son diplôme en poche, il tente néanmoins sa chance pour réaliser son rêve. Et ça marche. Citroën l'embauche. On est en 1987 et il s'occupe de la planification de la distribution des pièces détachées. Un job qui lui permet d'avoir un pied dans la grande maison, et de passer ses week-ends dans le baquet d'une AX Sport pour courir dans des rallyes régionaux. "Et finalement, ma formation initiale m'a servi assez vite". Car peu de temps plus tard, il se voit confier la mesure des contraintes physiques exercées sur les pièces importantes des moteurs, comme le vilebrequin.
C'est pour lui un premier pas dans la mécanique, mais bientôt, son talent va le conduire vers la conception de moteurs proprement dits, non plus pour Citroën seul, mais pour ce qui est alors le groupe PSA; "J'ai travaillé sur les moteurs XU, puis XUD", les blocs essence et diesel stars du groupe dans les années 90. Mais à la même période, l'homme découvre une nouvelle discipline, qui commence à imprégner le monde de l'automobile : l'ergonomie. Il s'y forme et va se mettre à étudier les positions des conducteurs et des passagers, "mais aussi à définir l'emplacement idéal des commandes, pour qu'elles soient le plus accessibles possible. C'est en quelque sorte une synthèse de la vie à bord". Il abandonne les moteurs pour entrer dans l'habitacle. Il ne le quittera plus.
Son credo : l'"expérience utilisateur"
On est au début du nouveau siècle et l'électronique comme l'informatique envahissent petit à petit nos voitures. Encore une fois, Jean-Michel Mousseau est au rendez-vous. Il se forme à nouveau, et intègre un nouveau département de PSA : celui de la "user experience" (l'expérience utilisateur). C'est sur ce plateau qui compte près de 200 personnes, attachées à une marque ou travaillant de façon transversale pour le groupe, que sera conçu ce qui va révolutionner l'habitacle des Peugeot de la nouvelle ère : l'I-cockpit, ce système qui consiste à renverser les usages habituels. Grâce à lui, les compteurs sont au-dessus du volant et le conducteur les retrouve devant ses yeux, et non plus au milieu du volant. L'adhésion est immédiate et les clients en redemandent. Depuis la première Peugeot 208, l'I-cockpit équipe, petit à petit, tous les modèles de la marque.
Jean-Michel Mousseau à la tête d'une vingtaine d'ingénieurs spécialisés en numérique, mais aussi en web design, veille au grain à l'évolution de son bébé. Pour la nouvelle 308, il a conçu un affichage numérique des compteurs en 3D. Il défend cet effet de relief, qui pour lui n'est pas un gadget. "La 3D permet de mettre en avant les informations essentielles au conducteur, comme la vitesse, et de laisser les autres au second plan". Une manière d'éviter la fatigue oculaire liée à une masse trop importante d'informations à trier. L'ergonomiste n'est jamais loin.
De quoi sera fait l'I-cockpit du futur ? Si l'ingénieur reste évasif, il avoue travailler sur les habitacles, et les planches de bord des voitures autonomes. Des habitacles testés en ce moment sur des conducteurs qui ne conduisent plus vraiment et qui font parfois tout autre chose que de scruter la route. "On travaille beaucoup sur ces quelques secondes ou le conducteur absorbé dans le visionnage d'un film ou d'une lecture, doit reprendre la main sans panique, en cas de problème." Des années de travail pour des secondes cruciales dont l'ingénieur touche à tout livrera les conclusions d'ici une dizaine d'années. On les découvrira sur les Peugeot de 2035.
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