« Les loyers de la location longue durée vont baisser »
Verdissement des parcs, prix des véhicules, fiscalité, perspectives pour 2025… Le point avec Erwan Matte, Directeur du développement durable et des nouvelles mobilités chez Athlon France.
Directeur du développement durable et des nouvelles technologies Chez Athlon France, Erwan Matte répond aux questions de Caradisiac quant à la situation du marché de la location longue durée et les perspectives pour 2025.
Il est reproché aux entreprises françaises de ne pas verdir assez rapidement leur flotte de véhicules. Partagez-vous ce constat ?
Je ne fais pas totalement le même constat. Globalement la France ne va peut-être pas à la même vitesse que les pays du Benelux ou même d'autres pays du nord de l'Europe. Mais depuis 18 mois, l’électrification des flottes s’accélère. Plus de 30 % de nos commandes sont des véhicules électriques. Les constructeurs offrent désormais plus de choix dans tous les segments, ce qui lève des freins à l’électrification. Et les technologies sont de plus en plus performantes.
Le score environnemental n’est-il pas un frein dans le verdissement des flottes ?
Le critère décisif pour les entreprises reste le coût total de détention. Les critères comme le score environnemental peuvent rendre l’acquisition d’un véhicule moins attractive. Mais les flottes btob sont des outils de production, créateurs de valeur. Il ne suffit pas de regarder le prix, il faut aussi penser à l’efficacité opérationnelle et à la réponse apportée aux besoins de l’entreprise.
Les loyers ont augmenté de 30 à 40 % ces dernières années. Cela n’a-t-il pas conduit à un renouvellement plus lent des flottes ?
La crise COVID qui a bouleversé le monde de l'approvisionnement de pièces automobiles notamment des composants électroniques et ça a effectivement eu pour impact de ralentir le cycle de renouvellement classique naturel des flottes. Ensuite, les sociétés se sont retrouvées dans un contexte incertain et les contrats ont été un peu prolongés par rapport à ce qu'on avait l'habitude de voir sur le marché. Mais depuis, la situation est revenue à la normale. Je ne constate pas de changement majeur dans les cycles de renouvellement.
Covid, inflation, baisse des prix des véhicules… la tendance est censée être à la baisse des loyers, pourtant de nombreuses entreprises constatent toujours des loyers élevés. Pourquoi ?
Les entreprises ont profité de loyers très bas pendant longtemps. Mais les événements récents (covid, pénuries…) ont fait monter les prix. L’augmentation des loyers vient aussi de la hausse tarifaire des véhicules neufs et de leur entretien. Les montants investis par les loueurs, qui supportent le risque financier, sont plus conséquents. Il n’empêche. Quand une entreprise doit réaliser son activité commerciale et que le véhicule participe à la réalisation du chiffre d'affaires, même si la moyenne mensuelle du loyer passe de 300 € à 350 € voire 400 €, l’entreprise renouvelle son parc sans hésitation.
In fine, le montant des loyers va-t-il baisser ?
Oui, je pense que les loyers vont baisser. L'effet d'économie d'échelle va jouer et permettre de réduire le coût des véhicules. Les taux financiers baissent, et les prix des véhicules électriques se stabilisent, de nouveaux modèles financièrement plus abordables arrivent sur le marché. La conjoncture est favorable à une baisse des loyers. La seule vraie incertitude, demeure la future teneur de la loi de finances 2025.
Dans ce contexte incertain, comment expliquez-vous la bonne santé du secteur de la location longue durée ?
Les entreprises sont passées d’une logique de propriété à celle du droit d’usage. Avec la LLD, elles évitent de bloquer du capital dans l’achat de véhicules et les risques associés à la détention. Cela leur permet de libérer des ressources opérationnelles et de réorienter leurs investissements vers d’autres besoins.
Comment voyez-vous 2025 ?
Je ne vois rien qui puisse bouleverser la tendance actuelle. La maturité des technologies va permettre de couvrir un plus grand nombre de cas d'usages. Côté fiscalité, le gouvernement sait que le secteur automobile dans son ensemble pèse près de 10 % du PIB. Je pense que l’exécutif aura la sagesse de comprendre qu’on ne peut pas manœuvrer par à-coups. Parallèlement, il faut avoir conscience que l'état va probablement désengager toutes les incitations qui avaient pu être mises en place jusqu'à présent.
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