Les bilans 2024 - Michel Holtz : "ma prochaine auto ? Une électrique sûrement, une Tesla, sûrement pas"
La stratégie industrielle c'est son truc, les enjeux économiques de l'auto aussi et même la vanlife trouve grâce à ses yeux, tout en étant myope. Alors, en cette fin d'année, Michel Holtz répond aux questions que tous les observateurs du monde automobile se posent.
Ta voiture coup de cœur ?
Et si c’était elle ? Et si la Citroën C3 était la véritable nouvelle 4L ? Car après tout, qu’est-ce qu’était la Renault 4 originelle, celle qui, pendant presque trente ans s’est baladée en ville et dans les campagnes ? Une auto à tout faire, pas chère, suffisamment logeable pour une petite famille et conçue pour les petites comme les grandes balades des papis comme des babas.
Peu ou prou ce que la nouvelle des chevrons propose. Peu ou prou ce que la nouvelle 4L qui va débouler cette année n’offre pas, puisqu’elle se veut une version SUV de la R5 déjà plus huppée que la première citadine du losange des années 70, et devrait coûter un brin plus cher que cette dernière. Reste à la C3 à régler ses bugs de jeunesse, car à lancer une auto trop tôt, on peut avoir tout faux.
La voiture qui t’a déçu ?
Non seulement l’histoire ne se répète pas, mais en plus, elle ne bégaie pas toujours non plus. C’est ainsi que le coup, très rémunérateur, que Luca de Meo a réussi chez Fiat en exhumant la 500, et bien lui en a pris, ne réussira peut-être pas chez Renault. Il a ressuscité la R5 et si, dans l’imaginaire français cette nouvelle mouture tire des larmes de joie aux boomers hexagonaux, qu’en sera-t-il sur l’ensemble de la planète auto ou la première R5 n’a jamais été culte ? Ses propositions mécaniques ? Elles sont dans la moyenne. Ses propositions tarifaires ? Elles ne se distinguent pas de la concurrence. Il ne reste plus qu’à prier que toute l’Europe soit soudain frappée de R5mania.
Le modèle 2025 que tu attends avec impatience
Quand les deux constructeurs les plus prudents du monde s’allient et concoctent, ensemble, un SUV B électrique, on peut s’attendre à retrouver sur les routes un produit mature. Plus en tout cas que le BZ4-X de Toyota lors de son lancement. Peut-être qu’avec Suzuki dans le développement de cette petite électrique, le raisonnable sera aux manettes de ce e-Vitara qui s’appellera Urban Cruiser chez Toyota. Verdict sur les routes d’Europe au cours de l’été prochain.
Dans l’actualité, qu’est ce qui t’a le plus agacé ?
De manière générale, l’actu automobile de 2024 n’a pas été des plus folichonne. Entre les fermetures d’usine et les suppressions de postes, l’année qui s’achève est celle des catastrophes, et 2025 devrait s’avérer pire encore. Pourtant, dans cette Bérézina passée et à venir, à aucun moment, aucun des constructeurs concernés ne s’est franchement remis en cause, à part Volkswagen qui a reconnu, du bout des lèvres, bien aidé par le gouvernement allemand, avoir commis quelques « erreurs de stratégie ».
Dans les autres marques, on ouvre en grand les parapluies aux couleurs rouges de la Chine ou aux couleurs vertes de l'écologie. Mais pendant que l’Empire du milieu prenait quinze ans d’avance dans l’électrique, qu’on fait les constructeurs occidentaux sinon surfer sur leur bonne vieille techno thermique tellement rémunératrice, en se contentant de faire évoluer un modèle daté de 130 ans ?
Alors que les groupes écologistes les prévenaient depuis des années, qu’ont-ils attendu le dieselgate de 2015, et les directives de Bruxelles les forçant à passer à l’électrique pour s’intéresser à cette technologie de près ? Ont-ils jamais remis en cause les hausses de prix délirantes qu’ils ont appliqué depuis 2019, et surtout depuis le Covid ? Des hausses qui ont fait que les acheteurs se sont détournés de leurs produits et accéléré la chute des ventes ? Les écologistes et la Chine ont le dos bien large.
Anne Hidalgo va partir : ton commentaire ?
C’est sans doute la personne publique française qui collectionne le plus grand nombre de noms d’oiseaux, principalement en ce qui concerne son action anti-autos. Des noms, et plus souvent des insultes, qui seraient certainement moindres si elle était un homme. Car toutes les femmes politiques, quel que soit leur bord, sont beaucoup plus attaqués que ces messieurs.
Évidemment, les insulteurs expliquent doctement qu’ils jugent les actes et non la personne, homme ou femme, tout en continuant de l’appeler "Annie Dingo" pour les plus sobres. Évidemment, on peut lui reprocher, pêle-mêle, une gestion déplorable des comptes publics et des voyages comme des factures téléphoniques délirantes. Mais c'est la bagnole qui synthétise la haine.
Pourtant, la politique de transports suivie par Hidalgo est la même qu’à Londres, Madrid ou Rome et le but est similaire : bouter l’automobile hors de la ville à moyen terme. La seule différence de Paris avec les autres métropoles européennes, plutôt en avance sur l'hexagone, tient dans un simple fait adminsitratif : ce sont des métropoles, englobant les communes alentour, alors que Paris n’est que Paris : une ville.
Pour bouter l'auto hors de la cité, il faut mettre en place des parkings d’accès aux portes de Paris, réinventer les transports en commun, même s'ils sont intra-muros, en ce qui concerne le métro du moins, parmi les meilleurs au monde. Mais pour y parvenir, il faut en passer par la région Ile de France et ses départements. Pas gagné. Autant dire que les choses ne rentreront dans l’ordre que le jour ou le Grand Paris, une capitale au sens élargie et au décideur unique, existera réellement. Un projet qui avance pour le moins doucement. Il a été initié par Nicolas Sarkozy, c’était en 2008. C’était il y a 16 ans déjà
Le départ de Tavares : tant pis ou tant mieux ?
Il a inventé le Darwinisme en automobile. Un processus qui, selon Carlos Tavares, va éliminer nombre de constructeurs incapables de s’adapter et d’évoluer. Et si ce Darwinisme industriel, inventé par lui, était conçu pour lui aussi ? Car voilà un boss qui, après avoir sauvé PSA de la faillite, après avoir intégré Opel avec succès et après avoir mis sur orbite, avec réussite, la galaxie Stellantis, était incapable de s’adapter à une nouvelle donne.
Cette donne, c’est celle de la crise qui frappe cette industrie en général et son groupe en particulier. Il pouvait changer de régime, arrêter la premiumisation forcenée de ses marques cachant de plus en plus mal une technologie défaillante et stopper le cost killing forcené. Mais il n’en a rien fait. Alors il a été débarqué, darwinisé.
Quand passera tu à l’électrique ?
Ce sera le cas à l’occasion du prochain changement de voiture, ce qui n’est pas pour cette année. N’étant pas un conso-addict, mes voitures, achetées neuves, durent plus de dix ans ans et l’ajout d’un Carplay ou d’un régulateur adaptatif ne sont pas des arguments suffisants pour me pousser à acheter une nouvelle auto.
En revanche, la suivante sera à watts, pour de bêtes raisons de durabilité, car celui qui démontrera qu’un bloc thermique est plus costaud qu’un moteur électrique n’est pas né. Elle sera électrique aussi, pour d’évidentes raisons de plaisir de conduire et d’économies à la pompe.
Reste à choisir l’auto. Dans le futur elle pourrait être française, tchèque ou coréenne mais certainement pas américaine. Elon Musk a beau fabriquer les meilleurs VE actuels, pas question de lui donner le moindre fifrelin en redoutant la nauséabonde utilisation qu’il pourrait en faire.
Ton souhait pour 2025 ?
Du calme et de la sérénité : que les haters anti électriques et les radicaux pro VE se calment. Que les démagogues qui, en deux phrases, dégainent la solution à une crise industrielle de l'automobile complexe, prennent le temps de réfléchir. Que les rois du "c'était mieux avant" regardent bien dans leur rétro pour vérifier que c'était vraiment mieux. Et surtout, que tout le monde passe une bonne et même excellente année.
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