Le Tourist Trophy doit-il stopper l'hémorragie ?
Après une édition 2022 du Tourist Trophy endeuillée par le décès de 5 participants, l’avenir de l’épreuve est de plus en plus sujet à débats. Trop dangereux, le Tourist Trophy doit-il disparaître ?
Disputé sur l’île de Man depuis 1907, le Tourist Trophy est une véritable institution. Épreuve indéboulonnable et mythique, le TT n’en reste pas moins un cimetière à ciel ouvert avec 265 morts depuis sa création.
Cette année encore, à l’occasion de l’édition 2022 du Tourist Trophy, cinq participants ont perdu la vie sur l’une des courses de l’épreuve. Si 2022 reste encore loin du triste « record » de 2011, ou 11 personnes étaient alors décédées, ce nouveau lourd bilan humain commence à soulever certaines questions, certains doutant même de la pertinence du maintien de l’épreuve dans le futur.
Si le directeur de course, Gary Thompson assure « travailler sans relâche pour comprendre les circonstances, en tirer les leçons et mettre en œuvre des améliorations dès que possible », la nature même de l’épreuve implique un niveau de danger élevé, et ce quelles que soient ces améliorations.
Limiter les risques est toujours la priorité numéro un des organisateurs, mais que peuvent-ils faire face à des motos lancées à plus de 300 km/h sur certaines portions d’un tracé de 60 km avalé à une vitesse moyenne de 220 km/h par les plus rapides ? À titre d’exemple, les vitesses moyennes au tour de la catégorie MotoGP sont de 180 km/h à Phillip Island en Australie, et 165 km/h au Mugello.
Limiter la puissance des motos permettrait-il de supprimer tout danger ? Évidemment que non. Le risque fait partie de l’ADN de l’épreuve. Les murs de pierre, les trottoirs, les bordures et les bosses également. Toute chute est ainsi fortement déconseillée car potentiellement mortelle. Souvent mortelle.
Après cinq nouveaux décès ces derniers jours, le Tourist Trophy est de plus en plus contesté dans l’opinion publique. Des voix s’élèvent contre le maintien de l’épreuve, évidemment dangereuse. Toutefois, et c’est tout le paradoxe, pas un pilote engagé n’échangerait sa place au départ. C’est sans doute ça, aussi, le prestige du Tourist Trophy, tromper la mort, la toiser et la prendre de vitesse.
Après tout, comme disait Malraux : « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »
Course la plus belle du monde, mais aussi la plus dangereuse, le Tourist Trophy est hors du temps, une épreuve où seul le courage fait la différence.
Une épreuve qui se doit de perdurer.
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