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Le Rétrofit met les watts

Autorisé en France depuis trois ans, le marché Rétrofit demeure encore très confidentiel. Les opérateurs, réunis au sein de Mobilians, ont présenté ce 31 mai leur plan de développement de la filière.

Le Rétrofit met les watts

Dans une étude publiée en 2021, l’ADEME démontre que la conversion d’un véhicule thermique vers l’électrique représente la solution la plus vertueuse pour la transition vers la mobilité électrique, avec une émission de gaz à effet de serre de 50 % inférieure à l’achat d’un véhicule électrique neuf en remplacement d’une voiture thermique. Malgré tout, la filière tarde à décoller. Afin de permettre un changement d’échelle, le gouvernement et les acteurs du Rétrofit proposent un plan de développement ambitieux avec une multiplication de l’offre, une facilitation de l’homologation et une incitation fiscale avantageuse.

Présentée au salon Rétromobile après avoir passé tous les tests d'homologation la 4 L R-Fit est désormais disponible à la vente.
Présentée au salon Rétromobile après avoir passé tous les tests d'homologation la 4 L R-Fit est désormais disponible à la vente.

Améliorer l’offre

Actuellement, s’agissant des véhicules particuliers il n’existe que 3 systèmes de Rétrofit homologués (6 si on inclut les utilitaires). Bien trop peu pour sortir de l’artisanat et surtout couvrir les besoins du marché. « 3 nouveaux sont en cours d’homologation et 17 autres en phase de développement. D'ici 2025, 23 systèmes Rétrofit VUL (35 tous véhicules compris) seront développés » prédit Stéphane Wimez président du métier Rétrofit de Mobilians. De quoi permettre une offre « mass market » à même de couvrir quasiment l’ensemble du parc automobile (40 millions de véhicules) national. Et de tabler sur 19 000 véhicules rétrofités en 2026 (11 000 véhicules particuliers et 8 000 utilitaires) et 80 000 véhicules en 2028.

Pour Stéphane Wimez, co- président métier Rétrofit de Mobilians, le développement industriel de la filière est inéluctable.
Pour Stéphane Wimez, co- président métier Rétrofit de Mobilians, le développement industriel de la filière est inéluctable.

L'Ademe, quant à elle, estime entre 320 000 et 1,25 million le nombre d'opérations à horizon 2030. Pour atteindre cet objectif, l’État entend également jouer l’élargissement des plages de puissance des véhicules avec une standardisation des blocs électriques. Ainsi, un seul et même kit pourrait équiper plusieurs types de véhicules. Par exemple la Renault Twingo phase 1 a été produite avec des motorisations de 45 cv et 75 cv. Jusqu’alors, le Rétrofit requiert deux kits, un pour le moteur 45 CV et un second pour le 75 CV. À l’avenir, un seul kit suffira puisqu’il sera pris en compte sur le châssis et les éléments de sécurité identiques de la voiture et non plus uniquement sur la motorisation. En revanche, la puissance du nouveau moteur sera celle de la plus faible puissance des modèles. Une consultation est également en cours pour réviser l’arrêté du 13 mars 2020 concernant les conditions de modification des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou pile à combustible. Le but est de pouvoir accéder aux données permettant de constituer des regroupements TVV (types-variantes-versions) pour une même homologation unique des véhicules similaires. Afin d’accélérer le système d’homologation Mobilians entend s’émanciper du seul laboratoire de l’UTAC vers d’autres acteurs privés français ou européens.

Avec la L R-Fit Renault devient le premier constructeur à s'impliquer dans le Rétrofit des véhicules anciens.
Avec la L R-Fit Renault devient le premier constructeur à s'impliquer dans le Rétrofit des véhicules anciens.

Renfort des incitations fiscales

Pour aider cette filière naissante, l’État a mis en place des aides à la conversion (entre 2 500 et 5 000 euros). Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a annoncé récemment une aide pouvant aller jusqu’à 6 000 € pour un véhicule particulier et 10 000 € pour un utilitaire. À voir si ces propositions sont retenues dans la prochaine loi de finance. Parallèlement le gouvernement a débloqué une enveloppe de 20 millions d’euros dans le cadre du programme France 2030. Reste que sur cette route pavée de bonnes intentions, le tracé s’avère encore très tortueux.

Rétrofit : la Mini électrique de Ian Motion.
Rétrofit : la Mini électrique de Ian Motion.

Développer un réseau installateurs

Si avec près de 150 installateurs scooters et motos, les deux-roues font figure de pionniers en la matière, Mobilians avoue « comptabiliser une quinzaine d’installateurs » pour les véhicules particuliers quatre-roues. Et même si l’organisation entend doubler leur nombre d’ici 2024, notamment en zone urbaine, on est encore loin du développement à grande échelle. Voilà pourquoi Mobilians entend impliquer le réseau constructeur. « Les mécaniques sont conçues dans de bonnes conditions d’entretien pour rouler jusqu’à 400 000 km. Le Rétrofit permet l’allongement de la durée de vie des véhicules, du coup cela permet au réseau constructeur de conserver sa clientèle » argumente Stéphane Wimez. Et puis le coût d’un kit auto varie entre 15 000 € et 25 000 € (hors primes). « À ce stade, c’est deux fois moins cher qu’acheter un véhicule électrique neuf » salue Clément Fleau co-président du métier Rétrofit de Mobilians. Encore faut-il assurer l’approvisionnement en cellules batteries.

Clément Fleau, co-président métier Rétrofit de Mobilians. Les deux-roues sont en avance par rapport aux voitures.
Clément Fleau, co-président métier Rétrofit de Mobilians. Les deux-roues sont en avance par rapport aux voitures.

Affiner l’approvisionnement batteries

Dans un kit Rétrofit de 15 kWh, 40 % du prix de revient provient de la batterie (400 € par kWh contre 100 € le kWh pour un constructeur automobile). Aujourd’hui, toutes les cellules de batteries proviennent d’Asie (Chine, Japon), afin de limiter les coûts de transports et l'aberration en matière de bilan carbone que cela implique, il conviendrait à la filière d'accéder à la production française ou européenne avec le développement des gigafactories comme celle d’Automotive Cells Company (ACC) à Billy-Berclau/Douvrin. Mais en la matière Mobilians avoue « n’avoir aucune garantie ». Si les intentions sont louables et que l’État entend le bien-fondé du développement du Rétrofit dans le cadre de la transition écologique, il demeure encore beaucoup d’incertitude pour développer à grande échelle une filière éphémère qui une fois le potentiel maximal atteint devra elle aussi… se convertir.

Bloc-moteur Rfit de 2 CV.
Bloc-moteur Rfit de 2 CV.

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