Le marché de l'électrique va-t-il décoller un jour ? Rien n'est moins sûr
Le marché de la mobilité électrique est en plein essor. Les Citroën Ami se vendent comme des petits pains, les trottinettes électriques séduisent également de plus en plus, sans parler des voitures, dont le parc français s’électrifie de plus en plus chaque jour. Malgré cette tendance, les motos électriques ne se vendent pas, et plus inquiétant, voient même leurs ventes chuter régulièrement. Et à vrai dire, c’était prévisible.

Sur le marché de la mobilité électrique, les motos zéro émission font figure de vilain petit canard, avec des chiffres de ventes qui ne décollent pas contrairement aux quatre-roues, qui s’imposent petit à petit dans le parc automobile français.
Si le marché moto est déjà à la peine, avec des ventes en baisse régulière depuis quelques mois, et ce malgré un intérêt du public qui ne se dément pas, il n’y a qu’à voir l’affluence record du dernier salon de Lyon, les chiffres des motos, et à degré moindre des scooters électriques, sont inquiétants.
Ce n’est donc pas une surprise de voir que plusieurs marques et constructeurs spécialisés dans ce segment laissent tomber et décident d’arrêter les frais, à l’image d’Energica récemment.
Les deux-roues électriques ont-ils un avenir ?
Après avoir profité d’un effet de mode, de l’électrification des flottes professionnelles (notamment dans le secteur de la livraison) les scooters électriques voient maintenant leurs ventes baisser régulièrement. La faute à une certaine saturation du marché, à la suppression des aides gouvernementales, les deux-roues étant dorénavant exclus du bonus écologique et à une offre qui, si elle devient un peu plus importante, reste plus onéreuse que son équivalent thermique. Hormis le côté économique à l’usage, les scooters électriques peinent encore à rivaliser avec leurs équivalents thermiques en ce qui concerne le coût d’acquisition, un facteur déterminant pour une clientèle avant tout guidée par l’intérêt pratique et financier de leur deux-roues.

Une culture moto incompatible avec la mobilité électrique ?
Si les scooters électriques sont aujourd’hui dans le dur, que dire des motos ? C’est d’ailleurs un signe, aujourd’hui, hormis Kawasaki, qui brade actuellement ses deux modèles électriques et hybrides pour écouler ses stocks, et ce malgré des retours positifs de la part de tous ceux qui ont pu les tester, aucun constructeur généraliste ne propose aujourd’hui de moto électrique dans son catalogue. Pour faire l’acquisition d’une moto électrique, il faut donc se tourner vers des marques spécialisées comme Zero, Super Soco, Niu (dont le modèle RQi Sport sera prochainement à l’essai sur Caradisiac) ou encore LiveWire, qui proposent des alternatives aux motos thermiques.
Problème, aujourd’hui les tarifs sont encore supérieurs à leurs équivalents thermiques.
Avec une autonomie limitée par les technologies actuelles (notamment l’absence de recharge rapide), les modèles électriques sont en décalage avec les besoins et envies de la communauté motarde. Et ce malgré des performances brutes généralement intéressantes, il n’y a qu’à voir les retours positifs quasi unanimes de ceux qui ont testé les modèles électriques et hybrides du catalogue Kawasaki, ou encore les ultimes nouveautés proposées par LiveWire.

Les constructeurs généralistes sont encore très réticents à se lancer sur le marché
Le marché de la moto électrique est aujourd’hui un segment de niche, avec peu de modèles disponibles par rapport à l’offre de motos thermiques et des tarifs encore supérieurs à leurs équivalents à combustion. Pourtant, en discutant avec les représentants des différents constructeurs, nombreux sont ceux qui nous avouent que la question de la mobilité électrique se pose, ou s’est posée. BMW a mis en pause son projet de moto électrique, les constructeurs japonais sont encore frileux sur le sujet, les Chinois également, hormis quelques spécialistes dont l’offre se veut différenciante : Niu mise sur la technologie et la connectivité de pointe de ses motos, Super Soco sur des tarifs agressifs avec des machines plus accessibles. Seul Kawasaki a aujourd’hui osé franchir le pas, avec un succès que l’on imagine plus que mitigé au vu des rabais actuellement consentis sur ses modèles électriques et hybrides. Et ce malgré des modèles aboutis et dont les performances dynamiques sont saluées. De quoi laisser dubitatifs les autres constructeurs, dont la réticence à lancer sur le marché des motos électriques se voit actuellement justifiée par les difficultés commerciales rencontrées par les modèles disponibles.
Un mot revient d’ailleurs dans les conversations avec les différents constructeurs : maturité. Autrement dit, la communauté motarde n’est aujourd’hui pas prête à consentir massivement l’achat d’un modèle électrique. Et les raisons sont multiples, que ce soit par conviction ou désintérêt (combien de fois a-t-on entendu qu’une moto électrique n’était pas une « vraie moto » ?), pour des raisons financières, avec des modèles encore jugés trop chers par rapport à leurs équivalents thermiques ou même pratiques, avec des modèles à l’autonomie limitée et au temps de charge en décalage avec la pratique de la moto telle qu’envisagée par la communauté motarde.
Nombreux sont les constructeurs à juger que le marché n’est pas prêt pour les motos électriques, justifiant ainsi leur absence sur le segment. Et la loi de l’offre et de la demande dictant les stratégies commerciales, le retour sur investissement n’est aujourd’hui clairement pas garanti, les ultimes exemples en date en sont le meilleur exemple, avec des faillites, des projets électriques en développement finalement abandonnés ou des modèles qui peinent à se vendre. Seuls des modèles aux performances optimisées et à des tarifs plus accessibles semblent en mesure de pousser les mentalités à évoluer et les constructeurs de se lancer.
Tant que le déclic n’aura pas lieu (s’il arrive un jour), le serpent continuera de se mordre la queue.
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