Le géant Chinois BYD commence-t-il à s'essouffler ?
Après des années de développement à la vitesse spectaculaire, le premier groupe automobile chinois revoit pour la première fois ses objectifs de croissance à la baisse. BYD doit-il s’attendre à vivre des années plus compliquées maintenant que son premier marché semble saturé ?

En mars dernier, Byd se félicitait de chiffres spectaculaires sur l’année 2024 : le groupe automobile chinois avait vendu 4,3 millions de voitures, soit une augmentation de 41% par rapport à l’année 2023. A l’heure où tous les groupes automobiles généralistes font du surplace dans le meilleur des cas (et où même les premium allemands régressent), ces données font littéralement rêver les concurrents. D’autant plus que BYD déclarait aussi d’excellents résultats financiers, avec 5,55 milliards de dollars de bénéfices.
Depuis, la croissance de BYD se poursuit. Mais plus aussi rapidement qu’avant : sur les sept premiers mois de l’année 2025, le constructeur a écoulé 2,49 millions de véhicules dans le monde soit une hausse de 27,4% par rapport à la même période de l’année 2024. Mais ces chiffres ne correspondaient plus qu’à un bénéfice de 1,85 milliard d’euros « seulement » et sur le mois d’août 2025, la progression des ventes de BYD dans son principal marché la Chine n’était plus que de 0,15%.
BYD revoit ses objectifs à la baisse
Résultat, BYD revoit pour la première fois ses chiffres à la baisse pour l’année 2025 : alors que le géant prévoyait initialement de vendre 5,5 millions de voitures dans le monde, il table désormais sur 4,6 millions d’autos ce qui représenterait toujours une hausse de 7,7% par rapport aux données de l’année 2024.
Le constructeur se retrouve confronté à une stagnation des ventes en Chine, où sa politique commerciale a d’ailleurs récemment été pointée du doigt : on lui reprochait de casser exagérément ses prix pour battre ses concurrents mais aussi de gonfler ses immatriculations en proposant des véhicules d’occasion à zéro kilomètres, pratique bien connue chez nous lorsqu’une marque veut absolument afficher de bons chiffres de ventes dans un contexte difficile.
En Chine, Geely est dans une meilleure dynamique
Geely, le plus gros concurrent de BYD en Chine, semble dans une meilleure situation là-bas : même si le groupe doit composer avec de gros problèmes à l’export pour ses autres marques (Lotus, Volvo, Polestar et Smart), il vient de revoir ses objectifs à la hausse pour la marque Geely sur son marché domestique avec 3 millions de ventes en 2025 au lieu de 2,7 précédemment.
BYD se fait aussi chahuter en Chine par deux nouveaux arrivants aux performances remarquables, Leapmotor et Xiaomi affichant pour l’instant une croissance très impressionnante.
Et chez nous, alors ?
Si le marché chinois semble déjà saturé pour BYD, le groupe mise évidemment plus que jamais sur ses exportations pour continuer sa croissance. Il vise d’ailleurs un million de véhicules exportés en 2025. Mais là aussi, les choses restent compliquées : en Europe, où BYD investit de gros moyens pour se développer, l’augmentation des ventes ne va pas aussi vite que prévu. Surtout, BYD se retrouve obligé de se retourner vers la technologie hybride rechargeable pour faire de gros volumes, ses voitures électriques ne parvenant pas à se vendre autant qu’espéré.
Après le BYD Seal U DM-i qui représente désormais de très loin sa meilleure vente en Europe, le constructeur vient d’ailleurs de lancer la Seal 6 DM-i en France pour s’attaquer aux versions électrifiées des Volkswagen Golf / Passat et autres Skoda Octavia et Superb. Comme MG, BYD semble rediriger sa stratégie vers la vente de véhicules électrifiés à bas coût dont le potentiel paraît supérieur chez nous. Mais alors que les modèles de MG (à hybridation non rechargeable) démarrent au-dessous des 20 000€ (dans le cas de la MG3), la Seal 6 DM-i demande au moins 38 490€. Même si les modèles concurrents des marques européennes sont tous plus chers, ces niveaux de prix permettront-ils à BYD d’atteindre de gros volumes chez nous ?
Pour l’instant, les produits que commercialise BYD chez nous n’impressionnent toujours pas par leurs qualités techniques même s’ils affichent un très beau niveau de qualité perçue à l’intérieur. En ajoutant une image de marque pas encore installée, ils doivent donc miser avant tout sur leur prix réduit ou des offres de location attractives pour convaincre la clientèle. Quant au marché des Etats-Unis, il semble pour l’instant totalement fermé à BYD en raison des prises de décisions politiques de l’administration Trump.
Bref, BYD se retrouve dans la situation d’un constructeur automobile dont les bénéfices chutent et les ventes augmentent moins vite. Et maintenant, que se passerait-il si l’administration chinoise mettait subitement fin à sa politique d’aides publiques généreuses permettant aux Chinois d’acheter des voitures neuves deux fois moins chères que chez nous ?
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