Le Concept AMG GT XX est une orange (très) pressée
Partie intégrante de l’empire Daimler-Benz depuis 1999, AMG est principalement chargée de développer les versions sportives des Mercedes. Mais l’officine s’affranchit parfois de cette mission en présentent des automobiles inédites, tels que le Concept GT XX dévoilé aujourd’hui. Un modèle remarquable, et pas seulement par sa teinte.

Né, en 1967, de la volonté d’un ancien de Mercedes, AMG se donne initialement la mission de rajouter une bonne dose de performances à certains modèles de l’emblématique marque à l’Étoile. Dès l’année suivante, ce préparateur présente ainsi la première de ses créations à prendre la route, la 300 SEL 6.3, dérivée de la Classe S de l’époque. Malgré son gabarit hors-norme pour l’époque (5 m de long et 1,81 m de large là où la star des circuits de l’époque, la Porsche 911, affichait mois de 4,2 m de long et à peine plus de 1,6 m de large), l’auto se construit immédiatement un palmarès enviable, faisant naître la légende AMG.
Il faudra attendre 1973 pour que soit commercialisé le premier kit destiné à une Mercedes de série. Vingt ans plus tard, Mercedes et AMG officialisent leur collaboration avec la C 36 AMG. En 1999, Daimler-Benz, maison-mère de Mercedes, devient l’actionnaire majoritaire d’AMG. Les ventes ne cessent alors de progresser puisque la majeure partie des Mercedes de série, de la Classe A au Classe G, reçoivent au moins une déclinaison frappée des 3 lettres.
Mais la volonté d’émancipation d’AMG se fait de plus en plus pressante. Dès 2009, la SLS devient ainsi la première Mercedes-AMG spécifique. Parmi les créations les plus marquantes de l’officine, on trouve également la monstrueuse One ainsi que les diverses déclinaisons, coupé, roadster ou "berline", et générations de la GT.
Liberté de création
Dans cette même veine, AMG dévoile aujourd’hui le concept GT XX. Comme toutes les AMG, ce prototype a, pour vocation première, de mettre en avant des performances hors du commun. Mais ce n’est pas le seul point sur lequel il se distingue de la multitude de modèles très sportifs présents sur le marché.

Première particularité, AMG a choisi la forme du "coupé-berline". Une formule qui n’est d’ailleurs pas inconnue du constructeur qui commercialise déjà la GT 4 portes. Ici, toutefois, les proportions sont assez inhabituelles puisque l’auto mesure 5,20 m de long, c’est-à-dire autant qu’une Classe S Limousine, pour 1,94 m de large et, surtout, seulement 1,31 m de haut, soit seulement 2 cm de plus que le coupé AMG GT. De profil, le concept GT XX donne l’impression d’avoir été dessiné de façon à offrir le moins de résistance possible à l’air. Ce qui est exact puisque le Cx n’est ici que de 0,198.

Esthétiquement, cette voiture ne ressemble à rien de ce que nous connaissions jusqu’alors chez Mercedes. Pourtant, les designers revendiquent s’être inspirés de l’hypercar AMG One mais aussi de plus vieilles gloires de l’Étoile. La proue reprend ainsi quelques effets de style des SL de 1952 (type W194) et 1954 (type W198). Pour les projecteurs, on trouvera plus certainement une ressemblance avec ceux des Maserati récentes, telles que la MC20 ou le GranTurismo.
Des sources d’inspiration provenant de l’Italie, on peut également en trouver à l’arrière de la voiture où l’éclairage est confié à deux trios d’optiques circulaires. Entre les deux, on remarque un écran composé de plus de 700 OLED qui permet d’afficher certains messages. On relèvera également la présence d’un aileron rétractable et… l’absence de lunette arrière. Quant à l’imposant diffuseur présent en partie inférieure du bouclier, il n’a pas vocation à faire joli.

Sculptée par le vent
Comme nous l’indiquions précédemment, le Concept AMG GT XX affiche un coefficient de pénétration dans l’air particulièrement bas. Si ses proportions (voiture longue et large, mais aussi "plate" que possible) expliquent en partie ce résultat, les ingénieurs ont également eu recours à d’autres astuces.
La plupart sont relativement classiques à ce niveau de performance. On pense, par exemple, à l’extracteur d’air situé sur le capot ainsi qu’aux ailerons disposés en amont des roues avant. La solution la plus originale concerne toutefois ces dernières.


En effet, les jantes intègrent des inserts aussi pleins que possible. Si cette technique permet de limiter au maximum les perturbations du flux d’air, elle a toutefois l’inconvénient de favoriser l’échauffement des freins. Aussi, ces inserts peuvent être déployés sur quelques millimètres de façon à permettre à l’air frais de s’engouffrer vers les disques et freins lors des freinages intenses.
Au régime
La recherche de l’efficience de ce concept ne passe pas seulement par le soin porté à l’aérodynamisme. À bord, c’est le gain de poids qui a guidé la main des designers. Cette chasse au moindre gramme transparaît dans le design du mobilier de bord. L’AMG GT XX n’est ainsi pas véritablement dotée d’une planche de bord. Naturellement, il n’était pas question de faire l’impasse sur les écrans. Et les deux qui ont été choisis affichent une définition d’image excellente.

Face au conducteur, une dalle de 10,25" rappellera forcément quelque chose au propriétaire d’une Mercedes récente. Seules certaines possibilités de personnalisation de sa présentation sont spécifiques à ce véhicule. La tablette centrale, en revanche, est totalement nouvelle. Avec sa diagonale de 14", elle est particulièrement lisible. Outre l’accès aux fonctions d’infodivertissement, elle permet également de modifier les réglages de l’auto.
Si ces écrans paraissent particulièrement lisibles depuis la place du conducteur, c’est également parce que le bureau de style a limité le format du volant au strict nécessaire. Déjà vu en série, chez Tesla notamment, ce type de volant permet de gagner un peu de poids tout en rappelant le monde de la compétition. Ce dernier transparaît également au travers des lanières qui permettent de fermer les portes depuis l’intérieur.

Pour le reste, on trouve simplement une traverse sur laquelle est apposé le tableau de bord et une autre qui sépare le conducteur du passager avant, les deux étant aussi creusées que possible. Les conduits d’aération à nu trahissent également la volonté de limiter la prise de poids.
Ambiance boite de nuit
Les sièges baquets, qui sont au nombre de quatre puisqu’une telle auto ne pouvait décemment pas envisager d’installer ses passagers arrière sur une banquette, ont également bénéficié de cette cure d’allègement. Leur structure est composée de fibre de carbone et les assises et dossiers sont, en réalité, trois blocs de "mousse" (un au niveau des cuisses, le deuxième à celui du dos et le troisième faisant office d’appuie-tête) qui sont réalisés sur mesure grâce à un scan complet de chaque occupant. Évidemment, ses "pads" sont interchangeables de façon à ce que chaque conducteur ait droit à un siège sur mesure.

Pour la conception des blocs servant d’habillage pour les sièges, AMG n’a utilisé ni cuir, ni fil de soie, mais de nouveaux substituts à ces matières. Pour remplacer les peaux, les ingénieurs ont mis au point un mélange de gomme de pneumatiques et de déchets agricoles qui, combiné à des bio-polymères et des bio-protéines permettant d’obtenir une matière qu’il est possible de teinter, de tanner et d’appliquer comme du véritable cuir. Quant à la simili-soie, elle est produite par une bactérie génétiquement modifiée qui, grâce à un processus de fermentation, permet d’obtenir de la poudre pure de soie. Cette dernière sera ensuite transformée en fil.
Si l’effet de ces deux matières inédites est aussi proche que possible de celui des matériaux originaux, ce qui saute surtout aux yeux à bord, c’est l’éclairage orange qui tranche avec le noir qui règne par ailleurs. Comme nous l’ont confié les responsables de ce projet, il s’agit ici, sans surprise, de rappeler la teinte extérieure de la GT XX, mais également d’affirmer la volonté de jouer avec la lumière, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Monstrueux mais écolo
Si son look a de quoi faire chavirer les cœurs et que sa présentation attire immanquablement les compliments, le plus spectaculaire se cache… mais pas tout à fait sous le capot. En effet, ce concept, qui est, vous l’avez sûrement deviné, 100 % électrique, n’embarque pas moins que 3 moteurs. Rien de particulièrement original, me direz-vous. Sauf que ceux de cette AMG sont inédits. En effet, le bureau d’études AMG a développé des moteurs à flux axial. Contrairement à leurs rivaux radiaux, ceux-ci sont 3 fois moins encombrants et 3 fois moins lourds. Tout en offrant, à densité égale, 3 fois plus de puissance et 2 fois plus de couple.

Ces composants, qui ont plus ou moins la taille d’une valise cabine, sont disposés, l’un sur le train avant, et les deux autres sur son homologue arrière. Ensemble, ils développent plus de 1 000 kW, soit plus de 1 360 ch ! Même si l’auto n’est assurément pas une ballerine (Mercedes n’a fourni aucune donnée de poids), elle garantit des performances dignes de certaines hypercars, avec une vitesse de pointe supérieure à 360 km/h.
Naturellement, une telle cavalerie a besoin de beaucoup d’énergie pour se mouvoir. La batterie promet donc d’assurer une contenance XXL… qui ne nous a pas été indiquée. Le porte-parole d’AMG a préféré mettre l’accent sur la conception inédite des cellules, qui sont ici cylindriques, ce qui permet d’optimiser leur refroidissement, le liquide conçu à cet effet pouvant être réparti entre chaque bloc.
Et le refroidissement sera un point crucial pour cet accumulateur, dont le voltage est supérieur à 800 V, qui est capable de récupérer 400 km d’autonomie en seulement 5 minutes. À condition, naturellement de brancher la voiture sur une borne dont la puissance de charge maximale atteint, voire dépasse, celle du système de charge de cette AMG, supérieure à 850 kW.

Faites vos jeux
Le plus fort, en ce qui concerne ce concept, c’est que ses prestations ne relèvent pas, si l’on en croit la marque, de la science-fiction. En effet, s’il sera possible d’approcher l’AMG GT XX lors du salon de Munich, en septembre prochain, la version de série ne se fera guère attendre. Promise avec des prestations proches de ce prototype, elle sevrait être commercialisée dès le printemps 2026… à un tarif probablement aussi stratosphérique que ses performances.
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