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Le 80 km/h a-t-il tué le consentement au radar ?

Dans Economie / Politique / Politique

Jean Savary

Lors de sa grande allocution de jeudi soir, le président n'a soufflé mot de la limitation à 80 km/h. Hier soir à la sortie du séminaire gouvernemental, toujours rien à ce propos. Veut-on laisser pourrir le dossier ?

Le 80 km/h a-t-il tué le consentement au radar ?

Parier sur l'usure de la contestation, est-ce le pari du gouvernement ? Alors qu'avait été évoqué lors du grand débat un assouplissement du 80 km/h, Emmanuel Macron n'en a pas dit le moindre mot jeudi soir.

Plus étonnant encore, parmi les trois cents journalistes présents, il ne s'en est pas trouvé un seul pour poser la question qui fâche.

Et toujours rien lundi soir, à la sortie du séminaire gouvernemental où le sujet était pourtant annoncé au menu. 

Alors qu'il y a trois mois, la mesure semblait sur le point d'être abandonnée, plus rien n'indique que le gouvernement pourrait y renoncer.

 

Le retour des godasses de plomb

 En attendant qu'une décision soit prise, le 80 n'est plus guère respecté, on s'en doute. Mais pas seulement le 80…

Suis-je le seul à avoir la nette impression que sur route, autoroute et même dans les villages, les vitesses remontent et surtout que les godasses de plomb, ceux qui dépassent avec 50 km/h de mieux, sont de retour ?

Le 80 km/h a-t-il tué le consentement au radar ?

Pourquoi se gêner ? On n'a jamais vu aussi peu de bleu au bord des routes et le flash se fait rare. Le gouvernement ne publie plus de statistiques sur le pourcentage de radars neutralisés, mais il suffit de rouler un peu pour constater qu'en dehors des voies rapides et des périphéries des villes, on n'en trouve plus guère qui ne soient emballés, peinturlurés ou calcinés.

Les radars tourelles qui dès cette année doivent progressivement les remplacer connaîtront-ils, du haut de leur mât de quatre mètres, un meilleur sort ? Je ne vois pas bien ce qui les sauvera du treuil, de la tronçonneuse, du fusil ou du pistolet paintball.

 

Le 80 a-t-il tué le "consentement au radar" ?

 Ce grand sabotage des radars, il serait trop simple de ne l'attribuer qu'aux gilets jaunes. Avec la fronde du 80 km/h, un tabou est tombé chez tous ceux qui ne voient en eux que des "pompes à fric" chargées de "remplir les caisses de l'Etat", pour reprendre l'antique vulgate des tenants d'une certaine liberté de conduire. 

Une explication simple mais tentante est que le 80 km/h a compromis, pour ne pas dire détruit, ce que l'on pourrait nommer "consentement au radar", de même que l'on parle de "consentement à l'impôt".

Depuis des lustres et jusqu'à l'été dernier, les sondages montraient qu'un bon trois quarts des Français - à ne pas confondre avec les conducteurs français - penchaient du côté des limitations de vitesse et du contrôle radar.

Le même pourcentage s'est déclaré hostile à la nouvelle limitation.

Avec beaucoup d'arguments recevables. L'un des plus percutants étant qu'abaisser la vitesse ne visait qu'à s'épargner la réfection du réseau routier secondaire, à l'abandon depuis une bonne douzaine d'années. Un abandon qui résonne fortement avec celui que l'on ressent dans les campagnes françaises désertées par les services publics : de plus en plus de kilomètres à faire pour aller à la poste, aux impôts, à l'hôpital, à la maternité, à l'école et cela sur des routes de moins en moins bien entretenues.

Et avec cela le sentiment que cette mesure ne vise que les ploucs des "territoires" qui, dans leur univers au ralenti, ne sont jamais à dix minutes près.

Très fortement ressenties, l'illégitimité du 80 km/h et l'énorme augmentation des PV qu'elle a immédiatement provoquée ont-elles contaminé de discrédit des années de persuasion, de communication sur la nécessité des limitations de vitesse et d'un système de contrôle efficace ?

 

Lâcher le 80 pour sauver le 90 ?

 Emmanuel Macron peut bien faire motus sur le 80 km/h, Christophe Castaner ne plus communiquer sur le nombre de radars saccagés et Emmanuel Barbe proclamer que la mesure a sauvé des vies, le fait est qu'elle n'en sauve plus une seule. Sans doute même, à cause des désordres qu'elle suscite, nous en coûte-t-elle des dizaines.

Le nombre de tués poursuit sa courbe ascendante, les radars restent voilés de plastique noir ou de peinture jaune et plus personne ne respecte le 80. Mais aussi, ce qui est plus ennuyeux, de moins en moins les autres limitations.

Le 80 km/h a-t-il tué le consentement au radar ?

Au point où l'on en est, il ne s'agit plus de savoir si l'on est pour ou contre le 80 - moi-même je ne l'ai jamais bien su - mais de savoir si l'on veut sauver ce qui reste de respect de la règle chez l'automobiliste. Le mot respect n'est pas anodin et il ne faudrait pas le confondre avec l'observance, la seconde n'allant pas sans la première.

Renoncer au 80 pour sauver le 50, le 70, le 90, le 110 et le 130 ? Il  devient urgent de se poser la question.

 

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