La voiture devient l’avenir des transports publics
Avec l’intégration des lignes de covoiturage express comme élément structurant des Services Expresse Régionaux Métropolitains (SERM) la voiture roule au secours des transports en commun.
Pour réduire la dépendance à la voiture, rien de mieux que… la voiture. Après des années de discussions, de tergiversations, d’hésitations… le ministre des Transports, Patrice Vergriete dévoilait la semaine dernière les modalités de déploiement des Services Express Régionaux Métropolitains (SERM). Un plan de développement « d’une mobilité fiable, fréquente et facile à utiliser », pour améliorer la desserte passagers autour des grandes métropoles, entre les centres-villes et les zones périurbaines. Initialement appelé « RER métropolitain », il s’agissait à l’origine de développer un maillage ferroviaire suffisamment dense autour des grandes métropoles afin de « réduire la dépendance à la voiture, en favorisant le report modal vers les transports collectifs des automobilistes. »
Quand le train déraille
Oui, mais voilà ! Développer des infrastructures ferroviaires, c’est long, cher et pas toujours rentable. Les sommes vertigineuses (plus de 36 milliards d’euros) du Grand Paris Express, le futur métro autour de la Capitale, ont sans doute douché les velléités ferrées des meilleures volontés. Quasiment aucune région française, hors Île-de-France, n’est en capacité de financer un tel projet. Alors, plutôt que tirer des rails en peu partout, le gouvernement s’est souvenu qu’il y avait une infrastructure toute prête, dotée d’un incroyable maillage territorial, et sur laquelle il était possible de développer et massifier le transport de passagers : la route. Et que sur ces routes, le moyen de locomotion le plus facile à mettre en œuvre et le plus efficient (nombre, flux, coût) demeure celui que la majorité des Français utilisent quotidiennement pour se déplacer : la voiture. Honnie, bannie, la bagnole revient dans la partie. Mieux, l’automobile se place au cœur du dispositif des SERM.
L’auto solution
Premier élément d’une chaîne de déplacements multimodal, la voiture se mue en transport en commun, sous l’acronyme SER (Service Express Routier). Le symbole de l’égoïsme routier, se pare d’une nouvelle stature quasi-équivalente à celle de service public. Comment ? Tout simplement en transportant à son bord plusieurs personnes. Rien de nouveau me direz-vous puisque c’est sa fonction première. Où est le changement alors ? Et bien tout simplement dans le fait que pour lutter contre l’autosolisme, le covoiturage est aujourd’hui organisé, encadré, planifié de manière formelle via des plateformes de mise en relation entre passagers et conducteurs.
Qu’elles s’appellent ECOV ou Mobicoop, ces organisateurs de trajets ont bien compris que le développement du train ou du bus ne suffirait pas à satisfaire les besoins de déplacements quotidiens des Français. Notamment sur les trajets domicile-travail-domicile effectués à 85 % en automobile. La voiture apparaît ainsi comme le plus le moyen de transport de proximité le plus prolifique avec près de 39 millions de véhicules en France et le plus accessible, car disponible jusque dans les moindres bourgs. Il ne restait plus qu’à planifier de manière cohérente leurs déplacements et d’en améliorer le taux de remplissage. Car, qui dit voiture plus remplie, dit moins de véhicules sur la route. Donc moins de trafic, moins de bouchons, moins de pollution. Voilà pour la théorie.
D’où l’avènement des lignes de covoiturage express. Un système proche des lignes de bus. Sur un axe, avec un début et une fin, des arrêts sont signalés pour faciliter les points de rendez-vous entre conducteurs et passagers. Une bonne idée pour lutter contre l’autosolisme et au passage pour le propriétaire du véhicule de payer une partie des frais du véhicule, puisqu’il perçoit 100 euros de prime de covoiturage plus un pécule de quelques euros par passager transporté.
Et voilà comment « les lignes de covoiturage sont,complémentaires au car express ; ce service routier express est l’une des offres structurantes constitutives d’un SERM ; il a également vocation à se déployer en dehors du label, là où le potentiel ne justifie pas une offre ferroviaire » affirme le gouvernement. Ces annonces représentent « une avancée » souligne Thomas Matagne Président-fondateur d’Ecov, le premier opérateur de lignes de covoiturage en zone rurale et périurbaine. « Elles ont permis d’aller encore plus loin en intégrant de manière explicite la voiture comme un élément de système multimodal avec des lignes de covoiturage : une véritable rupture (...) Les lignes de covoiturage seront une composante qui permettra d’étendre le domaine des transports collectifs, là où le car et le train ne sont plus performants, car la densité y est trop faible. »
Qui a dit qu’il fallait en finir avec la voiture ?
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