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La voiture autonome déboule et l’emploi dérouille

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

On ne cesse de louer ses avantages : la fin des bouchons, la sécurité routière absolue et la tranquillité au volant. Mais la voiture et le camion autonomes pourraient détruire des millions d’emplois de chauffeurs et de conducteurs. Ils seront certes remplacés, mais à moindre échelle par des ingénieurs et des informaticiens. Bienvenu dans un monde de Bac +5 d’où les mauvais élèves seront exclus.

La voiture autonome déboule et l’emploi dérouille

Tout à notre plaisir de conduire, on ne voyait pas le pire. Tout obnubilé qu’on était par notre petit volant qu’on ne voulait pas lâcher, on n’avait pas remarqué que la voiture autonome allait nous coûter bien plus que notre petite liberté de corriger une trajectoire, de sentir un train avant accrochant où un arrière décrochant. La bougresse pourrait nous enlever beaucoup plus qu’un plaisir anodin : notre boulot. Du moins celui de plusieurs dizaines de millions de salariés sur la planète. Au mois de janvier de cette année, lors de la conférence de Davos, une chercheuse de l’université de Duke, en Caroline du Nord, a mis en garde : 4 millions d’emplois de chauffeurs pourraient disparaître rien qu’aux États-Unis à partir du moment ou les véhicules rouleront tous seuls. Quelques jours plus tard, le cabinet McKinsey, américain lui aussi, en remet une couche, expliquant que tous les chauffeurs de camions sont menacés, sans parler des taxis, livreurs et autres conducteurs pros. Mais comme le message n’est ne semble-t-il pas très bien passé, l’OCDE a remis le couvert il y a quelques jours. Selon l’Organisation de Coopération et de Développement Économique, 1,5 million d’emplois de chauffeurs de poids lourds sont concernés en Europe, puisque les camions sont désormais eux aussi voués à l’autonomie et à l’électrique. Un chiffre que l’on peut facilement tripler en y incluant tous ceux dont le métier consiste à conduire une voiture ou une camionnette. Ces données seront publiées plus précisément dès le mois prochain lors d’un colloque que l’organisme consacrera aux transports.

On n’arrête pas le progrès qui roule

Nous voilà briefés, et tous ceux qui gouvernent le monde ou qui dirigent les marques qui fabriquent ces engins aussi. Alors il va se passer quoi ? Tout ce petit monde va tirer le frein à main et stopper net les très lourds investissements sur l’autonome ? Impossible. Aucun progrès n’a jamais été stoppé sous des prétextes sociaux. Personne n’a arrêté Gutenberg et son imprimerie parce qu’il allait abonner des milliers de moines copistes à Pole Emploi. Personne n’a stoppé Etienne Lenoir et son moteur à explosion, parce que les palefreniers n’auraient plus de boulot. Thomas Friedman a beau nous prévenir que l’on court à la catastrophe, dans son bouquin Merci d’être en retard. Ce garçon a beau avoir décroché trois prix Pullitzer (le Goncourt américain qui récompense aussi des essais). Il a beau être chroniqueur au New York Times. Il a beau démontrer que les nouvelles technologies vont beaucoup trop vite pour que l’homme et la société puissent s’y adapter. Rien n’y fera.

Tous bac +5 ou Bac +3 pour les plus cancres

On nous répétera, ce qui est rigoureusement exact, que la voiture autonome sauve des vies. On nous dira aussi, et c’est tout aussi vrai, qu’elle crée déjà, et créera encore des emplois. Qu’il faudra bien les concevoir. Et que pour cela, il faudra embaucher des ingénieurs, des informaticiens, des Bac +5. On nous expliquera que les futurs camions, navettes de centre-ville ne rouleront pas sans un pilote-contrôleur-superviseur à bord. Des spécialistes de la maintenance informatique, oui, mais pas des chauffeurs routiers. Des Bac +3, pas des CAP. Mais au fait, qu’est ce qui figurait sur le CV du moine copiste chômeur à la rubrique « formation » ? Il savait lire, écrire, dessiner de jolies enluminures. Mais il n’était pas imprimeur.

Une élite en voiture autonome, les autres à pied

Mais comme on ne saurait imaginer une société, même dans le meilleur des mondes ou règne la meilleure des éducations nationales, ou tous sont bons élèves et tous hissés au rang d’ingénieurs, on risque d’accroître encore un peu plus les inégalités entre les « sachants » et ceux qui en savent moins. Les premiers concevront des engins que les autres ne pourront plus acheter et la voiture autonome sera peut-être réservée à ceux qui l’ont fabriqué.

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