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La Sécurité routière joue la carte de l'émotion...et c'est réussi

Dans Pratique / Sécurité

Lionel Bret

Avec « soyez l’homme que vous voulez être, mais soyez un homme vivant » la sécurité routière est abordée pour la première fois de façon genrée dans une émouvante mise en scène.  

La Sécurité routière joue la carte de l'émotion...et c'est réussi

La Sécurité Routière aborde pour la première fois l’accidentologie routière sous l’angle du genre et interroge sur les stéréotypes de la masculinité (au volant mais pas que). Partant du principe que 78 % des personnes tuées sur la route en 2022 sont des hommes, un chiffre en hausse de près de 3 % depuis 2015, la Délégation Interministérielle à la Sécurité Routière a voulu mettre en exergue la causalité entre masculinité et accidentologie.

Elle s’est basée pour cela sur une étude sociologique qualitative d’où il ressort une extrême « persistance des stéréotypes masculins quelles que soient les personnes rencontrées ». Selon elles, comme pour le rocher de Sisyphe, la masculinité serait éternellement contrainte à retomber dans ses mêmes images caricaturales d’une confrontation au monde, qui la conduit à la recherche des limites, au dépassement de soi, à la prise de risque avec « une volonté de ce challenger, un besoin de sensations fortes, des réactions pulsionnelles » où la voiture apparaît comme un « objet identitaire, familier, très investi affectivement ».

La féminité est quant à elle « dans un rapport d’adaptation polymorphe au monde où la voiture ne présente aucun enjeu ».  Attention ! La masculinité ne doit pas être ici confondue avec le portrait type de l’homme au volant. Il s’agit de clichés, de perceptions qui semblent-ils, ont la vie dure. Et cela en dit très long sur nos visions et rapports en général au monde et en particulier aux voitures et à la conduite.

Qu’est-ce que la bonne conduite ?

Quand l’étude met en parallèle bien conduire et masculinité, il en ressort une forte implication à « la maîtrise du véhicule avec une minoration de la perception des risques ». A contrario la féminité met davantage l’accent sur « la prudence avec une moindre maîtrise de la voiture ». À ces deux éléments (maîtrise du véhicule et prudence) il convient d’ajouter la maîtrise de soi, comme pierre angulaire au triptyque du bien conduire.

Le prototype du bon conducteur serait un savant dosage de féminité et de masculinité avec la « suppression des risques de perte de la maîtrise émotionnelle d’un côté et pulsionnelle de l’autre et de stabiliser le pôle maîtrise de soi, porteur des plus gros risques ». Si l’homme au volant signifie mort au tournant, il peut tout à faite être une femme comme une autre et se laisser aller des sentiments loin des clichés et des injonctions sociales. Tel est le but du nouveau film de la Sécurité Routière.

La minute sensible

Après les images chocs, l’humour potache, la Sécurité Routière emprunte le chemin du sensible, pour faire passer son message. Dans un film de soixante secondes, le réalisateur Rémi Bezançon (Un heureux événement, Le dernier jour du reste de ta vie, Le mystère Henri Pick…) filme, comme dans un documentaire, trois papas au moment de l’accouchement de leur fils. Une mise en lumière du premier regard qu’ils portent sur leurs enfants.

C’est ce premier regard plein de bonheur, frappé d’une étonnante lueur (d’espoir) légèrement voilée de peur que le réalisateur a voulu capter. Comme un éphémère moment suspendu, un reflet de la fragilité des êtres. La douceur de la lumière, la pudeur de la caméra, les plans s’égrènent en poèmes de vie. Que se passent-ils dans la tête de ses pères ? La voix de Pio Marmaï nous en révèle la teneur.

Dans un dialogue intérieur imaginaire, on les entend dire à leurs enfants :  « t’as pas à suivre ce que les gens attendent d’un homme, c’est de toi que çà dépend (…) Ecris l’homme que tu veux être. Un homme sensible, un homme qui pleure, un homme qui sait avoir du cœur ». Bien loin des injonctions genrées stéréotypes de la masculinité. Avant que le slogan « soyez l’homme que vous voulez être mais soyez un homme vivant » Une façon de « montrer la transmission autrement » pour Rémi Bezançon.

Trois questions à Florence Guillaume, Déléguée Interministérielle à la Sécurité Routière.

La Sécurité routière joue la carte de l'émotion...et c'est réussi

- Quelle vision portez-vous sur ce film ?

"C’est un film d’une grande sensibilité, plein d’humanisme, sur la façon dont la masculinité et la féminité peuvent s’exprimer. Loin des stéréotypes, on a voulu montrer des qualités non genrées sans remettre en cause la masculinité, sans stigmatiser ni dénoncer."

- Pourquoi prendre la parole sur la masculinité ?

"Pendant longtemps, on a éludé le sujet du genre. Est-ce que le vrai courage n’est pas de résister aux injonctions sociales quand la sécurité de tous est en jeu. Notre ambition est de rappeler cette nécessité du comportement et d’avoir une réflexion sur le bon conducteur qui n’est pas qu’une aptitude technique, c’est aussi une question de comportement et c’est sur cela que l’on veut réfléchir et faire réfléchir."

- Quelles sont les pistes de travail ?

"Au-delà de l’appel à réflexion sur les comportements au volant, et de ce film dont je ne sais pas encore s’il sera suivi d’autres, on s’interroge sur des actions comme l’apprentissage à la conduite. Le taux de réussite des femmes est inférieur à celui des hommes, cela leur réclame plus d’heures de conduite et finalement elles ont moins de sinistres. On s’interroge aussi sur le vivre-ensemble. Alors qu’il y a de plus en plus de déplacements intermodaux, la stigmatisation entre les différents usagers de la route ne cesse de croître. Là encore il y a matière à développer des actions sans opposer les uns aux autres."

 

 

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