La première supercar a 60 ans, et ce n’est pas une Lamborghini !
On croit souvent que la première supercar de l’Histoire est la Lamborghini Miura. En réalité, ce terme précède largement la sublime italienne pour désigner des autos un peu différentes, issues de la galaxie GM, avec en premier lieu la Pontiac GTO de 1964.
On a déjà parlé ici de l’étonnante Pontiac Tempest, conçue sous l’égide de John Z. DeLorean. L’ingénieur américain a aussi supervisé le développement de sa descendante, beaucoup plus classique par sa technologie. Mais DeLorean, d’un anticonformisme peu commun, ne peut s’empêcher de déborder du cadre strict imposé par les dirigeants de GM. Ceux-ci, soucieux de leur conférer une image de responsabilité, interdisent de compétition les marques du groupe, et DeLorean s’en trouve tout contrit.
En effet, avec Bunkie Knudsen, patron de Pontiac, et Jim Wangers, son directeur marketing, ils ont déployé bien des efforts pour redorer l’image de leur marque grâce à la NASCAR. Allant à l’encontre du nouveau précepte de la direction, qui veut qu’une voiture ne dépasse pas 1 cubic inch de cylindrée pour 10 livres de poids, DeLorean autorise qu’on glisse un énorme V8 de 389 ci (cubic inches), soit 6,4 l, sous le capot d’un proto de Tempest LeMans coupé. A titre expérimental, bien entendu, surtout que cela a lieu un samedi.
Quelques jours plus tard, la voiture est entièrement adaptée à son nouveau bloc, John Z. la teste et tombe sous le charme. Voici une auto relativement compacte, mais puissante et sportive, à l’image des européennes qu’il admire tant. C’est en 1963, et il a bien l’intention de la commercialiser. DeLorean a aussi un sacré sens du marketing, aussi a-t-il l’idée de lui offrir une dénomination prestigieuse : GTO, comme la mythique Ferrari. Sauf que celle-ci n’est appelée qu’officieusement ainsi, se désignant officiellement 250 GT Competizione 62.
Peter Estes, succédant à Knudsen à la tête de Pontiac adore la création de DeLorean et a sa petite idée pour convaincre le directoire de la produire : GTO désignera un pack d’options destiné à la Tempest. Il obtient d’en produire 5 000 en 1964, pas une de plus, et vous savez quoi ? Toutes ont été vendues en quelques jours ! Et ce, malgré des commentaires acerbes de la presse, notamment le très puriste Road&Track qui ne supportait pas de voir GTO apposé sur autre chose qu’une Ferrari. Mais tout le monde s’accordait à dire qu’il s’agissait d’une excellente voiture. Il faut dire qu’avec son V8 325 ch, elle passe les 100 km/h en moins de 7 sec et frôle les 200 km/h.
Petite (pour les normes US), bon marché et très puissante, la Pontiac GTO est souvent considérée comme la première muscle-car. Pontiac a par ailleurs organisé un fameux battage médiatique pour la GTO, prêtant un exemplaire à Road&Track pour qu’il l’oppose à la Ferrari du même (sur)nom sur le circuit de Daytona.
Les journalistes ont constaté que cet exemplaire doté de l’option Tri-power (un carbu triple corps portant la puissance du 389 ci à 348 ch) marchait très fort (0 à 100 km/h en 4,6 s) et tournait plus vite que n’importe quelle Ferrari sur la piste, même si la 250 GTO n’était pas effectivement présente. Ça a fait les gros titres, et contribué à l’énorme succès de la Pontiac, dont 32 000 unités se vendront en 1964. Seulement… Wangers avait fourni au magazine une GTO dotée d’un V8 421 ci maquillé en 389 ci. Qu’importe, le résultat commercial était là !
Ok, la Pontiac GTO est peut-être la première muscle-car. Mais une supercar ? En réalité, ce terme a été popularisé en 1965 par le magazine Car Life, dans son numéro de mai. Soit un an avant l’apparition de la Lamborghini Miura, révélée en 1966. Il désignait des modèles inspirés par la Pontiac GTO, compacts, utilisables tous les jours et raisonnablement onéreux mais dotés d’accélérations dignes de voitures de course. L’inverse de la Miura, aux performances près en somme… Il n’empêche que sur le papier, la Pontiac est la première supercar de l’Histoire, mais aussi la première voiture à s’appeler officiellement GTO !
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