Les autos carburant à l'éthanol plus écologiques que la voiture électrique ?
Les voitures carburant à l'éthanol E85 sont-elles plus vertueuses que les autos électriques ? C'est ce qu'affirme une nouvelle étude de l'Institut Français du Pétrole (désormais appelé IFPEN). Avec quel degré de vérité ?
La plupart des études le disent, une voiture électrique chargée avec de l'énergie produite dans un pays comme la France rejette moins de CO2 dans l'atmosphère pendant sa vie complète qu'une voiture à moteur à explosion classique. Mais certains carburants « verts » permettent-ils au bon vieux moteur à piston de renverser la vapeur ? Voilà précisément ce qu'affirme l'IFPEN (l'Institut Français du Pétrole désormais nommé "Institut Français du Pétrole Energies Nouvelles") dans une étude qui a comparé tous les principaux types de motorisation automobile au regard des émissions de CO2. Pour cela, l'IFPEN explique avoir pris en compte tous les facteurs de génération de CO2 qui entrent dans le bilan d'une voiture : celui de la construction de la voiture (ainsi que ses batteries dans le cas d'une voiture électrique), mais aussi celui de la production de l'énergie servant à la faire avancer. Qu'on parle de carburant classique (essence type Sans plomb 95), de superéthanol E85 ou, dans le cas des véhicules hybrides rechargeables ou non, d'électricité, l'IFPEN a ainsi estimé la quantité moyenne de CO2 produite pour un véhicule sur une durée de vie de 150 000 kilomètres, puis pour une utilisation de 250 000 kilomètres.
De quoi mettre une nouvelle fois en valeur le meilleur bilan carbone des voitures électriques ? Perdu. Même si l'étude prend en compte une électricité plutôt « verte » utilisée au sein de l'Union Européenne (en tout cas moins polluante que celle de Chine ou des Etats-Unis), ce sont les voitures fonctionnant au superéthanol qui ressortent comme les modèles les plus vertueux. Sur le cycle de vie d'une automobile à 150 000 kilomètres, les autos carburant à l'E85 auraient en effet un meilleur bilan carbone que les véhicules électriques, comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessous. Et si on combine l'E85 avec une hybridation du véhicule, le bilan est optimal : le taux d'émissions de CO2 descendrait sous les 80 g/km. L'IFPEN admet bien que le bilan carbone revient à l'avantage de la voiture électrique si l'on augmente le kilométrage du véhicule à 250 000 km pour sa durée de vie totale. Mais les auteurs de l'étude prennent le soin de préciser que ce bilan s'inverse si le véhicule électrique en question a changé ses batteries après 150 000 kilomètres. Or, une telle opération semble tout de même rare actuellement chez les véhicules électriques.
Une étude partiale ?
Il y a naturellement un élément important à prendre en compte dans cette étude : son origine. Non seulement elle a été réalisée par un organisme dont le but est de défendre les interêts de la filière professionnelle des carburants à base de pétrole, mais elle a été spécifiquement menée pour valoriser l'activité des producteurs d'alcool agricole servant à la composition du carburant E85. Au risque de biaiser totalement l'étude avec des données favorisant le superéthanol, notamment en sous-estimant les rejets de CO2 liés à la production de ce carburant ? Ce n'est évidemment pas impossible. Dans un contexte européen où le moteur à explosion doit s'éteindre en 2035, la filière du superéthanol aimerait obtenir un sursis au même titre que celle des fameux carburants synthétiques.
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