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L'enterrement du moteur F1 de Renault ne se passe pas bien

Dans Economie / Politique / Politique

Cédric Pinatel

L’INFO DU JOUR – Alors que le groupe au losange annonçait avoir tourné la page du moteur Renault en créant l’Hypertech Alpine, les salariés de l’usine de Viry-Châtillon semblent très loin d’être convaincus. Leur résistance paraît désormais désespérée et ils s’en remettent aux « pouvoirs publics ». Quant au patron de Renault, il se défend dans les colonnes de L'Equipe.

L'enterrement du moteur F1 de Renault ne se passe pas bien

Une vieille photo de l'usine Renault F1 de Viry-Châtillon. Crédit MaxPPP.

Dans la foulée de l’annonce de la fin des activités de motoriste de Formule 1 à partir de la saison 2026 du championnat du monde, le groupe Renault vient de dévoiler son vaste plan de restructuration de l’usine de Viry-Châtillon qui fabrique actuellement les V6 hybrides servant aux monoplaces de l’écurie Alpine pilotées par Pierre Gasly et Esteban Ocon.

L’usine doit devenir d’ici 2026 (et dès la fin de l’année 2024 pour certaines de ses activités) « l’Hypertech Alpine », un « centre d’excellence » spécialisé à la fois dans les groupes motopropulseurs électriques (moteurs et batteries), le développement de technologies servant aux voitures de sport dont une vraie supercar Alpine et toutes les activités de sport automobile du groupe Renault. La Formule 1 n’y gardera qu’une partie minuscule avec la simple constitution d’une cellule de veille, probablement en relation avec l’écurie Alpine F1 située à Enstone qui continuera à fabriquer ses châssis (dotés de groupes motopropulseurs Mercedes dès 2026).

Mais comme le précise un communiqué officiel émanant du comité social et économique de l’usine, les salariés ne sont pas exactement convaincus par le projet de transformation du site de Viry-Châtillon. Pour eux, rien ne va : comme ils l’ont déjà rappelé, le fait de renoncer à l’expertise de motoriste en Formule 1 pourrait être préjudiciable pour le groupe Renault mais ils contestent également le détail de cette restructuration : « Le contenu, les ressources et la pérennité des nouveaux projets que la Direction souhaite apporter à Viry apparaissent encore très largement imprécis », écrivent-ils pour le résumer.

Des employés sur le carreau

Le comité social et économique de l’usine pointe aussi du doigt la stratégie de réduction d’effectifs que cache cette transformation : « le site de Viry-Châtillon passera au 1er janvier de 500 à 334 emplois, avec la fin des contrats de nombreux prestataires », ce qui doit selon eux déboucher également sur la suppression d’une centaine d’emploi indirects « chez les principaux partenaires d’ici la fin de l’année 2024 ». Ils craignent aussi une « fuite des cerveaux » vers la concurrence et l’étranger alors que la Formule 1 grouille traditionnellement de génies de l’ingénierie automobile.

Ils en profitent pour rappeler que « l’équipe de Viry a continué de développer la puissance du moteur 2026 dont Alpine se prive » et tous les représentants du personnel ont voté à l’unanimité un avis défavorable au projet de transformation. Ils s’en remettent désormais aux pouvoirs publics pour défendre la pérennité de l’emploi sur le site de Viry-Châtillon. Quelques heures avant l’annonce de la transformation de l’usine par le groupe Renault, d’ailleurs, l’ancien ministre de l’économie Arnaud Mondebourg avait déclaré « je viens d’écrire au Président du Conseil d’administration de Renault, pour lui demander de modifier une décision contraire à la souveraineté industrielle de la France » en parlant de l’abandon des moteurs de Formule 1. Mais plus rien ne semble faire obstacle désormais à ce projet.

A noter que Luca de Meo vient de se défendre sur le sujet auprès des journalistes de L'équipe. "Je suis un manager. Je gère une entreprise cotée en bourse. Et je dois repenser le projet F1, pour enfin gagner. Je cherche donc les raccourcis pour y parvenir. Là, on est devenus invisibles. Encore deux ans comme ça et le projet se dégonflerait complètement. On est depuis trois saisons sur une pente descendante. Il fallait secouer tout ça. Avec en parallèle une logique financière", affirme-t-il.

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