L’Alliance pour la décarbonation de la route, entre ambitions et manque de fonds
Alors qu’elle présentait hier ses enjeux et ses ambitions, L’Alliance pour la décarbonation de la route, pointe la perspective d’un manque de fonds publics pour passer de la réflexion à l’action.
Une alliance pour accélérer la décarbonation de la route. Acteurs de la mobilité, chercheurs et collectivités, plus d’une soixantaine de membres, alliés au sein de L’Alliance pour la décarbonation de la route ont présenté hier leur feuille de route et les pistes de réflexion pragmatiques pour décarboner le secteur routier.
En France, le secteur des transports représente 30 % des émissions de CO2, dont la très grande majorité (95 %) provient de la route, seul secteur d’activité dont les émissions vont continuer à croître jusqu'à 2030. Pour François Gemenne, co-auteur du Giec et membre fondateur de L’Alliance pour la décarbonation " la route est le parent pauvre des politiques car trop clivant. " L’enjeu de l’Alliance est donc de rassembler l'ensemble des écosystèmes de la route et de " mettre la route au cœur des réflexions et des stratégies de décarbonation du secteur des transports ". Le but : abaisser les émissions de CO2 de 130 millions de tonnes aujourd’hui à 80 millions dans 30 ans. Vaste programme quand on sait que 90 % des déplacements en France sont routiers. Et comme le fait remarquer Géraud Guibert, président de la Fabrique écologique, " contrairement au monde du rail qui dispose d’un intégrateur (la SNCF NDLR) la route n’en a pas." C’est ce vide que souhaite combler L'alliance dont la vocation est d’intégrer et de fédérer toutes les parties prenantes du secteur pour ne plus penser en silos, mais de façon transversale sur des solutions pragmatiques et non idéologiques pour faire baisser les émissions et ainsi éclairer le débat. Aux décideurs de trancher in fine sur la mise en place des actions prônées. Nous allons d'abord proposer et expérimenter des sujets à large consensus. Nous allons commencer par "la question du covoiturage au quotidien et de la mobilité dans les zones rurales et semi-rurales, avec notamment la question des équipements en bornes de recharge électriques " explique François Gemenne.
L’argent le nerf de la guerre
Si L’Alliance propose, les collectivités disposent et mettent en œuvre. Comme le souligne Géraud Guibert, membre fondateur de l’Alliance, " l'argent public pour la décarbonation va être en tension." Dans une tribune dans les Échos le 29 septembre dernier Patrice Geoffron, professeur d’économie à Paris-Dauphine et membre fondateur de l’Alliance pour la décarbonation de la route pointait déjà ô combien " l'inertie des pouvoirs publics est criante sur les mobilités. " La Commission européenne estime que 60 % des 1 000 milliards par an à mobiliser d'ici 2030 pour la transition écologique devront être consacrés au seul secteur des transports. Depuis le ministère de l'Économie et des Finances français s’est lancé dans une politique de réduction des dépenses publiques. Après un plan massif pour économiser 10 milliards d'euros dans le budget 2024, Bruno Le Maire, entend désormais conditionner les aides à la transition énergétique. L’Alliance pour la décarbonation de la route craint d’en faire les frais.
Trois questions à
Vincent Salimon CEO de BMW group France, le seul constructeur automobile actuellement dans L’Alliance pour la décarbonation de la route explique son engagement.
- Pourquoi intégrer cette alliance ?
" La place du constructeur, c’est la place de la voiture tout simplement d'une voiture utilisent leur voiture au quotidien et donc il était important qu'un constructeur soit là pour pouvoir répondre aux besoins de mobilité des Français tout simplement."
- Quelle est la méthode de travail au sein de l’alliance ?
" Il faut arrêter de travailler en silo, chacun de notre côté, il faut pouvoir réunir les forces en présence tous les acteurs des écosystèmes permettant de développer cette mobilité durable et c'est ce qu'on va faire, on avait commencé via un tour en province dans les territoires en réunissant des pouvoirs publics en réunissant des chercheurs en réunissant des start-up… l'alliance pour la décarbonisation de la route et justement l'opportunité de tous travailler ensemble permettant de décarboner justement la mobilité."
- Qu’en attendez-vous ?
" D'abord, ça va nous entraîner à partager notre expérience. BMW s’est engagé à baisser de 40 % des émissions de CO2 entre 2020 2030. Nous le faisons via l'usage (voiture électrique) mais aussi en travaillant sur la totalité de la chaîne de valeurs sur la totalité de notre écosystème. C’est demander à nos fournisseurs de baisser de 20 % leurs émissions, c’est avoir des usines et c'est le cas aujourd'hui 100 % en énergie renouvelable et nous allons continuer à les plus loin dans cette direction et nous allons aussi travailler avec les tiers pour découvrir de nouvelles technologies, découvrir de nouvelles idées nous permettant éventuellement d'aller plus vite par rapport à quelque chose qu'on a déjà engagé."
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération