Jaguar XJ12 (1972 – 1992), la plus belle des bêtes à chagrin, dès 15 000 €
Ligne sublime, mécanique on ne peut plus noble, luxe omniprésent, performances record, la Jaguar XJ12 (ainsi que sa soeur encore plus chic Daimler Double Six) a tout pour elle. Sauf la fiabilité. Certes, c’est un poil ennuyeux mais ça se résout, aussi les raisons de craquer sont-elles diablement nombreuses…
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Jaguar XJ12 est-elle collectionnable ?
Collectionnée depuis déjà un certain temps, la Jaguar XJ12 connaît en ce moment un regain de valeur. Première berline d'après-guerre à moteur V12, l'anglaise se signale par sa recette savoureuse : élégance, luxe et performances. Une auto de cet âge capable d'emmener une famille aussi puissamment, c'est peu courant, surtout que la concurrence directe a été inexistante jusqu'en 1975. Encore abordable, la Jaguar, et son pendant luxueux Daimler, mérite plus que jamais d'être préservée, d'autant que ses prestations demeurent étonnamment actuelles.
On dit souvent que les V6 issus de V8 sont difficiles à mettre au point. Pourquoi ? A cause de l’ouverture à 90° des bancs de cylindres, typique des V8 mais peu favorable à l’équilibrage du V6. L’exemple-type est donné par le PRV. On sait moins qu’extraire un V8 d’un V12, naturellement ouvert à 60°, est encore plus difficile.
C’est l’expérience amère qu’on a vécue chez Jaguar quand on a tenté de remplacer le mythique 6-en-ligne XK par deux blocs ouverts à 60°, un V8 et un V12. Seul ce dernier, de conception très moderne, a vu le jour, le premier n’ayant jamais fonctionné correctement malgré les sommes investies.
Doté de deux arbres à cames en tête, ce 5,3 l tout alliage apparaît d’abord dans la Type E Série 3 en 1971, puis dans la somptueuse berline XJ en 1972. Dénommée logiquement XJ12, elle devient la première berline de série à douze cylindres, du moins en après-guerre. Alimenté par 4 carburateurs Zenith, ce V12 développe 269 ch, ce qui suffit à emmener la berline à près de
230 km/h.
A l’époque, c’est la plus rapide du monde. Vu le raffinement de ses trains roulants, au guidage alors exceptionnel, c’est aussi, à coup sûr, l’une des toutes meilleures. Facturée 67 530 F en 1972 (75 400 € actuels selon l’Insee), l’anglaise se révèle compétitive face, par exemple, à la Mercedes 350 SE W116 qui exige 67 700 F tout en se contentant d’un V8 de 200 ch.
Une version encore plus luxueuse Daimler Double Six est proposée, mais, tout comme la Jaguar, elle n’a droit qu’à une boîte automatique Borg Warner à 3 rapports. Toutefois, les deux variantes sont disponibles en châssis long. Et les commandes affluent, de sorte qu’une liste d’attente se forme.
Fin 1973, la Jaguar XJ subit une mise à jour, servant surtout à l’adapter aux normes US. Elle signale surtout par un parechoc avant relevé, une calandre réduite, alors que dans l’habitacle, les commandes sont modifiées dans un sens sécuritaire plus que qualitatif. Seul le châssis long est encore proposé, tant en Jaguar qu’en Daimler, tandis qu’en 1975, est lancé le magnifique coupé XJ-C, doté d’une injection (285 ch). Les berlines en bénéficient, avant de gagner une boîte auto GM en 1977.
Un 2è restylage, d’importance, intervient fin 1979. Réalisé avec l’aide de Pininfarina, il apporte un pavillon rehaussé, de gros parechocs et transfigure la Jaguar sans la trahir. Beau travail ! En 1980, grâce à un taux de compression relevé, le V12 grimpe à 305 ch, cependant qu’en 1981, il s’équipe de nouvelles culasses dites Fireball, conçues par le Suisse Michael May. Celles-ci abaissent la consommation de 25 % et la puissance à 295 ch. Les modèles qui en bénéficient sont appelés HE, pour High Efficiency, jusqu’en 1985.
Si en 1986, la XJ6 change de génération, devenant XJ40, la XJ12 continue jusqu’en 1992, non sans recevoir de nouvelles jantes en 1989, un catalyseur en 1990, faisant chuter la puissance à 264 ch et un ABS en 1991. En tout, ces anglaises à moteur V12 ont été produites à environ 44 700 unités, les plus répandues étant les Série 2 et les plus rares, les Série 1.
Combien ça coûte ?
Longtemps délaissées à cause de leurs frais d’utilisation jugés effrayants, les Jaguar/Daimler V12 reprennent du poil de la bête. Comptez 15 000 € pour une XJ12 Série 2 en très bon état, et
17 000 € pour une Série 1 ou une Série 3. Ajoutez 1 000 à 2 000 € pour une Daimler. Evidemment, une auto faiblement kilométrée (moins de 100 000 km) et en condition réellement sans défaut pourra réclamer quelques milliers d’euros supplémentaires.
Quelle version choisir ?
Pour un usage régulier, privilégiez les Série 3 en HE, en raison de leur fiabilité accrue et de leur moindre consommation. Une Daimler, plus luxueuse et à peine plus onéreuse est encore plus intéressante.
Les versions collector
Toutes le sont, bien évidemment, si leur état le justifie. Mais les rares phases 1, surtout en Daimler Double Six Vanden Plas (351 exemplaires produits) sont les plus recherchées.
Que surveiller ?
Gros sujet. Les Jaguar XJ sont des autos à la fabrication complexe et souvent négligée, particulièrement en Série 2. En premier lieu, il faut vérifier l’état de la caisse, la corrosion attaquant parfois sévèrement non seulement la carrosserie mais aussi les soubassements et les éléments de suspension. Celle-ci, composée d’une pléthore de silentblocs, est onéreuse à remettre en état. Tout comme les freins arrière, accolés au différentiel, et très sensibles au manque d’utilisation.
Bonne surprise, le V12 est intrinsèquement robuste (il encaisse 200 000 km sans souci) à condition d’être bien entretenu. Outre des vidanges rapprochées, cela passe aussi par une surveillance aiguisée du circuit de refroidissement, complexe et aux durits promptes à sécher car il fait chaud sous le bas capot. Un point crucial ! Le circuit d’alimentation est aussi délicat.
Côté boîte, les premières Borg Warner passent rarement les 100 000 km sans ennuis, alors que les GM qui les ont remplacées sont bien plus solides. Mais toutes demandent des vidanges régulières, tout comme le pont arrière. Sinon, gare à la casse.
Enfin, l’habitacle se compose de cuirs de bonne qualité mais certains accessoires en plastique sont de la camelote. De plus, les fonctions électriques peuvent se révéler capricieuses : vérifiez que tout fonctionne avant achat, surtout la clim.
Dans tous les cas, avant de considérer le kilométrage, préférez les autos en bel état, régulièrement utilisées et dûment entretenues, ce dernier point étant le plus important. Bonne nouvelle, les pièces se trouvent aisément et à des prix souvent abordables.
Sur la route
J’ai pu conduire les trois séries de XJ12. Toutes en commun un silence de fonctionnement prodigieux, un confort exceptionnel et des qualités routières étonnantes. On y profite d’une excellente position de conduite, d’un siège confortable et d’une ergonomie… parfois compréhensible. On choisira le V12 moins par sa sonorité, quelconque à mi-régime que pour coffre incroyable, qui permet d’oublier que la boîte auto se contente de 3 vitesses.
Signalons tout de même que la boîte GM agit avec nettement plus de douceur. Les performances, élevées, sont obtenues sans effort apparent de la mécanique, le châssis les encaissant sans difficulté, d’autant que tangage et roulis sont fort bien contenus. La direction, certes un peu trop légère, se révèle très précise et les freins raisonnablement efficaces.
Côté ambiance à bord, la plus charmeuse est la Série 1, au parfum sixties tellement séduisant, la plus aboutie la Série 3, par sa qualité et son ergonomie en hausse. La Série 2 est en retrait, surtout par sa finition. Enfin, la consommation… La belle anglaise est vorace : il sera difficile de tomber en moyenne sous les 15/100 km en Série 3, voire 20 l/100 km en Série 1…
L’alternative youngtimer
Jaguar Xj12 X300 (1994 – 1997)
Evolution profonde de la XJ40, qui a succédé à la XJ6 en 1986, la X300 apparaît au salon de Paris 1994. Toujours d’une grande finesse, elle progresse nettement par sa qualité de fabrication et conserve l’exceptionnel V12, poussé à 6,0 l et 318 ch. Autant dire que cette luxueuse berline, qu’elle soit badgée Daimler ou Jaguar, ne lambine pas, pointant à 250 km/h, même si la boîte auto GM ne compte que quatre rapports.
Luxueuse voire très luxueuse en Daimler (sièges arrière individuels, tablettes de pique-nique en bois vernis), les X300 perdureront jusqu’en 1997, où elles seront encore revues assez profondément. Dès lors codées X308, elles perdent le V12, ce qui renforce l’intérêt des dernières XJ12 (ou Daimler Double Six), produites à un peu plus de 4 000 unités. A partir de 16 000 €.
Jaguar XJ12 5.3 1981, la fiche technique
- Moteur : 12 cylindres en V, 5 343 cm3
- Alimentation : Injection
- Suspension : Bras superposés, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; bras longitudinaux, 2 combinés ressort-amortisseur par roue, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 3 automatique, propulsion
- Puissance : 295 ch à 5 500 tr/min
- Couple : 432 Nm à 3 250 tr/min
- Poids : 1 920 kg
- Vitesse maxi : 238 km/h (essais d'époque)
- 0 à 100 km/h : 8,7 s (donnée constructeur)
Pour trouver des annonces de Jaguar XJ12, rendez-vous sur le site de Lacentrale. fr.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération