Interview confinée - Yves Pasquier-Desvignes, président de Volvo : "nous avons différents scénarios de déconfinement"
Après une première période de confinement entièrement consacrée à la mise en sécurité financière de sa marque et de son réseau face à l’arrêt total de l’activité, le président de Volvo France songe à l’après. Une stratégie élaborée en télétravail, avec ses équipes, avec plusieurs hypothèses, qu’il nous explique, via Skype.
Il a beau être le président français de la marque premium qui cartonne, en réalisant une performance historique de plus de 20 000 ventes l’an passé, Yves Pasquier-Desvignes n’est pas moins inquiet que ses homologues des autres marques. Même si sa gamme de SUV est au goût du jour (du XC 90 au XC40). Et même s’il a réussi à anticiper le confinement, et la mise en télétravail de toutes ses équipes sans accrocs.
Son secret ? Volvo est la propriété du groupe chinois Geely. L’Empire du milieu ayant été frappé en premier par le virus, « nous avons vu les usines du groupe fermer petit à petit, et on a pu se préparer à temps. Et quand l’Italie est partie en flammes, nous étions prêts pour le jour J en France ». Une bonne préparation qui n’exclut pas des moments difficiles. Les deux premières semaines ont été pour le moins agitées, « avec des confcalls non-stop de 8h à 20h pour assurer la mise en sécurité de nos activités ». Avec ses équipes en interne, mais aussi l’ensemble de son réseau, il s’est préparé à encaisser plusieurs semaines, « voire deux mois », sans justement, encaisser le moindre euro.
Mais dorénavant, Yves Pasquier-Desvignes est passé à la seconde étape : préparer l’après. « Pour ça, on travaille sur plusieurs scénarios. C’est comme un piano avec trois touches, sur lesquelles on pourra appuyer le moment venu ». Des notes de musique qu’il ne dévoile pas, élaborées par des groupes de travail qu’il a mis en place. Ces notes tiennent compte de la situation dans lequel le pays sera après le confinement. Car il ne croit guère au boom des ventes le jour d’après, comme en Chine, ou 66 % des habitants qui n’ont pas d’autos pensent aujourd’hui s’en offrir une. « Ils ont une véritable aversion pour les transports en commun que nous n’avons pas. »
Il devra relancer la machine malgré tout, « vendre sur stock, communiquer, tout en sachant que nous aurons des ressources d’investissement amoindries ». En sachant aussi que sa clientèle d’artisans de commerçants et de professions libérales sera frappée par la crise. En attendant une relance qui, pour le patron de Volvo France, interviendra à des dates qu’il ne connaît pas. « Septembre ou octobre, nul ne le sait ».
Gouverner c’est prévoir, mais dans l’incertitude actuelle, gouverner c’est surtout anticiper les différents scénarios possibles, du plus optimiste au plus pessimiste.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération