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Gestionnaire de parc : la mobilité durable en prime

Coup de projecteur sur le métier de gestionnaire de parc, cette fonction support dans le domaine logistique, administratif et technique, souvent stratégique dans les grandes structures publiques ou privées, qui vit une mutation accélérée ces dernières années.

Gestionnaire de parc : la mobilité durable en prime

Le métier de gestionnaire de flotte nécessite de nombreuses compétences, rappelait il y a quelques jours LeasePlan, l’une des sociétés leaders dans la location de véhicules, précisant que la négociation, l’anticipation, la gestion et la qualité relationnelle étaient quelques-unes des aptitudes essentielles pour exercer la fonction.

Gestionnaire de parc : la mobilité durable en prime

Sébastien Jumilly approuve. Comptable, mais aussi gestionnaire de parc depuis quelques années, il coordonne une flotte de 100 véhicules, tous détenus dans le cadre de contrats de LOA (Location avec option d’achat), pour l’association « Les Papillons Blancs de Beaune et de sa région ». Il insiste notamment sur la dimension relationnelle, qu’il apprécie. "Nous avons le besoin et l’obligation d’entretenir de très bonnes relations avec nos partenaires locaux, que ce soit avec la banque, avec les concessionnaires, avec les prestataires dédiés à l’entretien, entre autres".

Un quotidien chronophage et complexe

Or, cette activité de relationnel et de gestion, cette fonction support dans le domaine logistique, administratif et technique, devient pour la plupart des gestionnaires de parcs très, voire trop chronophage. "Au quotidien, j’ai beaucoup plus de travail que par le passé", expose Sébastien Jumilly, "que ce soit en termes de suivi des véhicules, en termes d’entretien, de renouvellements de contrats, en termes de suivi des cartes d’assurance ou des contraventions… Cela me prend toujours plus de temps".

Philippe Ambon, directeur associé de la société Holson.
Philippe Ambon, directeur associé de la société Holson.

Une charge de travail qui, pour lui comme pour beaucoup d’autres gestionnaires de parcs, se trouve amplifiée aujourd’hui du fait de la lourdeur administrative et des nouvelles réglementations qui ciblent le secteur automobile.

Un point de vue que comprend Philippe Ambon, Directeur Associé de Holson, société spécialisée dans l’étude de la performance des flottes automobiles. "Le métier de gestionnaire de parc, il y a encore quatre ou cinq ans, semblait moins complexe. Cela fonctionnait tranquillement : on roulait tous au diesel, c’était du VU (véhicules utilitaires) et du VP (voitures particulières), on avait juste à se poser quelques questions sur le plan des ressources humaines", résume Philippe Ambon. "Je crois, depuis, qu’il y a eu une vraie accélération de la complexité avec l’émergence d’alternatives en termes de carburants, et d’attentes toujours plus fortes au niveau de l’environnement".

La transition énergétique bouleverse les codes

Même impression pour Mobilease, un cabinet qui conseille les entreprises notamment sur le choix des véhicules, sur le mode de financement ou encore sur l’optimisation des coûts. "Le métier de gestionnaire devient de plus en plus complexe (…). Mes clients se posent énormément de questions. Ils sont un peu perdus dans l’environnement actuel, ils sont en attente de conseils et d’études, d’autant plus dans le contexte de transition énergétique", constate Raphaël Rousset, son directeur-fondateur.

La transition énergétique, voilà assurément l’un des nouveaux enjeux cruciaux auxquels se confronte la profession. Par exemple, depuis le 1er janvier 2018, dans les entreprises employant au moins 100 collaborateurs sur un même site (celles qui emploient au minimum 50 salariés seront concernées dans le cadre des « forfaits mobilité » prévus par la future Loi d’Orientation des Mobilités), les gestionnaires de parcs participent activement à la mise en place des Plans de Mobilité. Ce qui signifie qu’à la gestion de parc traditionnelle se greffe désormais la gestion de la mobilité, qui consiste à repenser la façon de coordonner l’ensemble des déplacements d’entreprises (Travel Management) au sens large du terme, avec entre autres nouveaux outils le covoiturage ou l’autopartage, sans oublier la prise en compte de la micromobilité (recours aux trottinettes électriques sur les trajets domicile-travail par exemple).

Prendre en compte l’ensemble des déplacements

Laurent Gibbon, Responsable Matériels et Équipements du Conseil Départemental de l’Orne, est à la tête d’un parc composé de 450 véhicules légers et industriels. Pour lui, le gestionnaire de parc et le gestionnaire de mobilité sont deux métiers bien différents. "Le gestionnaire de parc pilote les achats, applique les directives de gestion (entre autres), alors que le gestionnaire de mobilité est un acteur opérationnel qui organise la mise à disposition des moyens, gère la relation avec les utilisateurs et œuvre au bon fonctionnement du service", considère-t-il.

Laurent Gibbon, responsable Matériels et Équipements du Conseil Départemental de l’Orne.
Laurent Gibbon, responsable Matériels et Équipements du Conseil Départemental de l’Orne.

Laurent Gibbon indique qu’à l’échelle du Département de l’Orne, la gestion de parc et la gestion de mobilité sont d’ailleurs d’ores et déjà dissociées. Deux postes de gestionnaires de mobilité, comme il en existe encore peu dans les administrations, ont été spécifiquement créés par la collectivité territoriale.

Dans le secteur privé français, ce sont essentiellement les grands comptes, tels que Lidl ou Assystem, qui pour l’heure façonnent des postes de gestionnaires de (ou de la) mobilité, aussi appelés « Mobility Managers ». Pendant ce temps, au sein des entités de taille moyenne, Raphaël Rousset note qu’en dépit des réticences vis-à-vis de la transition énergétique, il y a là aussi, chez les PME, "une vraie volonté d’y aller", si tant est que cette nouvelle façon d’orchestrer la gestion de flotte s’intègre "de manière progressive et intelligente".

Une conduite du changement qui, bon gré mal gré et à plus ou moins long terme, devrait s’imposer dans l’ensemble des moyennes et grandes structures, où les gestionnaires de parc sont a priori amenés à tous devenir, en partie ou à part entière, des gestionnaires de la mobilité durable.

La formation, une solution pour accompagner le changement ?

S’il n’existe à ce jour en France aucun cursus de formation initiale pour devenir gestionnaire de parc automobile, le créneau de la formation continue en revanche, porté entre autres par l’IMVE (Institut du Management des Véhicules d’Entreprise) ou par des organismes plus généralistes tels que Afnor Compétences ou Comundi Compétences, ne cesse de se développer.

La formation continue est l'une des solutions que les gestionnaires de flottes choisissent pour comprendre les nouveaux enjeux liés à leur profession.
La formation continue est l'une des solutions que les gestionnaires de flottes choisissent pour comprendre les nouveaux enjeux liés à leur profession.

Dorénavant, réglementations environnementales obligent, ces sessions de formation (d’une durée moyenne de deux jours) ne se concentrent plus uniquement sur des sujets « classiques » tels que la nécessité de comprendre, de savoir calculer et d’optimiser le TCO (coût global de détention des véhicules). Elles s’attardent en effet désormais aussi sur les clés nécessaires pour coordonner une flotte dans le contexte de la transition énergétique.

Que les apprenants soient gestionnaires de parcs à temps plein, ou des personnels exerçant cette activité en plus de leurs prérogatives dans des services généraux ou de ressources humaines, "notre volonté est de donner aux personnes qui viennent en formation des outils (à l’appui d’arguments économiques, écologiques et factuels sur les tendances du marché et sur ce qui est en train de se passer) qui puissent leur apporter ensuite une expertise en interne, au sein de leurs entreprises respectives", précise Philippe Ambon, qui intervient notamment auprès de l’IMVE et de Comundi Compétences.

Au-delà de la formation « traditionnelle », la faculté qu’a chacun de s’informer, au jour le jour, des innovations et réglementations demeure néanmoins, pour beaucoup de gestionnaires de parcs, la condition primordiale pour continuer à appréhender sereinement les nouvelles exigences du métier, quelles qu’elles soient.

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