Ford Focus 3 RS, une der des ders en travers
Gorgée de chevaux et nantie d’une transmission intégrale intelligente, la troisième génération des Focus RS est aussi la plus efficace. Elle incarne un type de compacte de sport qui aura bientôt totalement disparu : à préserver d’urgence. Dès 24 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Ford et les familiales transformées en voitures de sport, c'est une longue histoire. On pense notamment à la Cortina Lotus des années 60, à l'Escort RS2000 de la décennie suivante, ou encore aux fameuses Sierra Cosworth des 80s et 90s. La Focus reprendra brillamment le flambeau dans le 3e millénaire, avec ses déclinaisons RS jusqu'à sa 3e génération. Celle-ci coche toutes les bonnes cases, de son moteur ultra-puissant à sa transmission intégrale sophistiquée en passant par ses trains roulants finement réglés. Une compacte au tempérament sportif plus affirmé qu'aucune de ses rivales, prodigue en sensations et s'adressant aux férus de pilotage. Le genre d'auto qui n'existe plus, surtout chez Ford qui en a abandonné la fabrication après deux ans à peine sans lui offrir aucune descendance. Un fantastique bouquet final à préserver d'urgence !
La première est aussi la dernière. Pour sa troisième et ultime génération, la Ford Focus RS tranche avec ses devancières en recourant à la transmission intégrale. Finalement, ça n’est qu’une sorte de retour aux sources puisque son ancêtre directe, la terrifiante Escort RS Cosworth disposait déjà de quatre roues motrices, elle qui avait le championnat du monde des rallyes en ligne de mire.
Mais si cette Escort n’était en réalité qu’une Sierra recarrossée, la Focus 3 RS dérive bien de ses variantes moins puissantes. Toutefois, elle aussi emprunte un élément notable à une fameuse propulsion de Dearborn, le moteur 2,3 l de la Mustang.

Réalisé tout en alliage, ce 4-cylindres est ici poussé à quelque 350 ch en adoptant un gros turbo à double entrée Honeywell, le couple maxi atteignant pas moins de 470 Nm. C’est la Focus RS, voire la Ford de milieu de gamme la plus musclée de l’histoire, l’ancienne RS 500 s’en tenant à 350 ch certes mais 460 Nm « seulement ». En conséquence, pour passer cette énergie efficacement au sol, Ford s’est résolu à adopter une transmission intégrale, mais pas n’importe laquelle.

Au système Haldex plébiscité par les Audi RS3 et Mercedes A45 AMG, efficace mais pas rigolo, les ingénieurs de Ford Performance ont préféré le dispositif mis au point par GKN, déjà utilisé sur le Range Rover Evoque. Avantage, ce différentiel arrière remplace les engrenages par deux embrayages multidisques, un par cardan, plus un 3ème pour l’arbre de transmission. Cela permet de répartir le couple avec davantage d’amplitude, entre trains avant et arrière, roues postérieures droite et gauche.

En clair, si on a envie de mettre 100 % de l’énergie envoyée à la poupe (jusqu’à 70 % de celle produite par le moteur) sur la roue arrière extérieure pour aider la voiture à survirer, on peut ! Et Ford ne s’en prive pas, ajoutant même une fonction inédite permise par l’électronique : un mode « Drift », un contrôle automatique des dérapages. Ce système développé avec le regretté Ken Bloch complète des performances déjà impressionnantes, la Focus RS passant les 100 km/h en 4,7 s grâce à un Launch Control, 9/10e plus vite que l’ancienne RS500.

Certes, les RS3 et A45 restent devant, mais elles sont plus puissantes et légères (1 599 kg à la Ford tout de même) tout en disposant de boîtes à double embrayage, plus rapide à changer de rapport que la boîte 6 de la Focus, manuelle, elle. Un choix effectué pour favoriser l’implication dans son pilotage. On a installé de gros disques de freins (350 mm) pincés par des étriers Brembo à 4 pistons pour contrer les effets du poids, installés dans des jantes de 19 pouces, allégées et montées sur des Michelin Pilot Sport Cup semi-slick en option.

Tout ceci fait de la Focus RS une sportive redoutable et même pas (trop) ruineuse, à 39 600 € (49 600 € actuels selon l’Insee), sans compter le malus de 2 200 €. Cela inclut un équipement riche : sièges Recaro, GPS, projecteurs au xénon, mais le régulateur de vitesse demeure étrangement en supplément… En sus, on trouve aussi les authentiques baquets, la hifi, les jantes forgées et les Michelin semi-slicks.

Très bien accueillie, la Ford est élue Sportive de l’année par le magazine Echappement en 2016 puis 2017 avec le Pack Performance, incluant un différentiel à glissement limité avant Quaife. Malheureusement, dès 2018, la Focus RS est retirée, non sans bénéficier fin 2017 d’une série limitée Final Edition (209 exemplaires) dotée de Pack Performance. Un retrait précoce bien regrettable !

Combien ça coûte ?
La Focus 3 RS a bien décoté, de sorte qu’on peut la trouver dès 24 000 €, en bel état mais à environ 130 000 km. Pour rester sous les 100 000 km, tablez sur 29 000 €, alors qu’à 35 000 €, on accède à des autos de moins de 50 000 km. Si vous voulez des options telles que les jantes allégées ou le Pack Performance, il faudra rajouter parfois quelques milliers d’euros, alors que la Last Edition débute à 40 000 €.

Quelle version choisir ?
D’abord et avant tout, un exemplaire parfaitement d’origine et suivi scrupuleusement. Ensuite, si on ne prévoit pas d’usage sur circuit, un exemplaire sans les options sportives suffit amplement.

Les versions collector
Toutes, si elles sont en parfait état d’origine. Mais les exemplaires dotés des bonnes options (Pack Performances, jantes forgées, pneus semi-slicks, baquets) et les Final Edition sont nettement plus recherchées.

Que surveiller ?
Si la Focus RS 5 cylindres était incassable mécaniquement, il en va différemment de celle-ci. En cause, des vis de culasse fragiles, qui ont occasionné des casses prématurées, parfois dès 10 000 km. Normalement, tout a été corrigé.
Ensuite, le circuit de refroidissement est sujet aux fuites, ce qui peut amener à une rupture du joint de culasse par surchauffe si on n’y prend garde. Là encore, les voitures suivies comme il se doit ont vu ce défaut corrigé. De sorte qu’elles affichent enfin une belle robustesse mécanique. La boîte est solide, mais l’émetteur/récepteur d’embrayage accuse une certaine faiblesse si on roule fort.
Une avarie bénigne mais immobilisante. Evidemment, si on abuse du Launch Control, l’embrayage part vite en fumée. Enfin, dans l’habitacle, le système multimédia est sujet à pas mal de bugs (reprogrammation obligatoire).

Sur la route
On peut ne pas être fan du design intérieur de la Focus RS, mais l’espace abonde, tout comme l’instrumentation. On est assis un peu haut dans les sièges Recaro, ce qui rappelle le modèle précédent, mais on s’y habitue vite et on apprécie le soutien efficace. Trop si on est un peu large… Le moteur bénéficie d’une sonorité travaillée, profonde et assez sympa, mais sans la mélodie de l’ancien 5-cylindres, évidemment. Cela dit, il crépite au lever de pied en mode Sport, ce qui plaira aux kékés.

Ce qu’on retient surtout, c’est son caractère non linéaire. Pas très vigoureux à bas régime, il gagne rapidement un punch impressionnant, qui va crescendo jusqu’à plus de 6 000 tr/min. Le bougre ! On se félicite de la boîte manuelle, impeccablement étagée et très plaisante à manier, qui aide à tirer le meilleur de ce bouilleur survolté. Le châssis ? Etonnant. La direction, très informative, surprend par sa rapidité (2 tours de volant) et commande un train avant très précis.
Il y a beaucoup de grip, mais si on applique du freinage dégressif tard en appui, on sent très bien le transfert de masse vers la poupe : il n’y a plus qu’à remettre alors les gaz pour obtenir un survirage aussi jouissif qu’utile pour mettre la voiture dans le sens de la sortie très rapidement. En ressort une très belle efficacité magnifiée par une suspension certes ferme mais qui augmente sa capacité d’absorption avec la vitesse et, finalement, apparaît étrangement confortable.

Cela dit, en mode Track, les amortissemeurs deviennent extrêmement durs, ce qui fatigue sur mauvaise route et engendre des secousses propres à vous faire donner des actions involontaires sur le volant, au détriment de la tenue de trajectoire… A réserver au circuit, tout comme le mode Drift, plus un gadget qu’autre chose, vu qu’on peut déjà survirer en mode Track. En tout cas, cette Focus RS, au comportement plus malléable que jamais, délivre des sensations de conduites exceptionnelles. La consommation ? Quel intérêt vu qu’elle varie énormément ? Allez, comptez 10 l/100 km en étant globalement raisonnable.
L’alternative youngtimer
Ford Sierra Cosworth 4x4 (1990 – 1993)

Lancée en 1982, la Ford Sierra étonne par son design, moins par sa technologie assez classique. Mais, dès 1986, elle se décline en version sportive RS Cosworth, une série limitée à 3 portes destinée à l’homologation en rallye, dont le 2,0 l turbo produit 204 ch. Elle revient en 1987, après le restylage, en 5 portes, de façon permanente cette fois, puis se décline en 4x4 dès 1990. Là, le moteur est porté à 220 ch, de quoi atteindre les 240 km/h.
Surtout, la voiture étant assez légère (1 300 kg) selon les normes actuelles, elle accélère très fort : 1 000 m DA en 26,6 s. Pour autant, elle demeure civilisée et bénéficie d’un habitacle tendu de cuir, comportant tout de même des sièges Recaro. De verte, la culasse se teint de rouge quand le moteur s’équipe d’un catalyseur fin 1992. La Sierra disparaît en 1993, remplacée par une Mondeo qui n’aura pas de version aussi excitante. A partir de 20 000 €.
Ford Focus 3 RS (2016), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 2 264 cm3
- Alimentation : injection directe, turbo
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis, amortisseurs pilotés (AV) ; essieu multibras, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs pilotés, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, traction intégrale
- Puissance : 350 ch à 6 000 tr/min
- Couple : 470 Nm à 2 000 tr/min
- Poids : 1 599 kg
- Vitesse maxi : 266 km/h (limitée)
- 0 à 100 km/h : 4,7 s (données constructeur)
> Pour trouver des annonces de Ford Focus 3 Rs, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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