Fiat Punto GT vs Seat Ibiza GTI : des seconds couteaux bien affûtés, dès 5 000 €
Toutes deux dessinées par Giugiaro, ces petites sportives diffèrent par leur type de motorisation : 1,4 l turbo d’un côté, 1,8 l atmo de l’autre. Mais laquelle choisir pour se faire plaisir ?
Les forces en présence
- Fiat Punto GT (1993-1999) : citadine 3 portes, 4-cylindres en ligne 1,4 l turbo, 136 – 130 ch, 1 000 kg, 200 km/h, à partir de 5 000 €.
- Seat Ibiza GTI (1994-1997) : citadine 3 portes, 4-cylindres en ligne 1,8 l 136 ch, 1 030 kg, 205 km/h, à partir de 5 000 €.
Au cours des années 90, les petites sportives changent de nature. Plus grandes, solides et confortables que leurs glorieuses devancières des années 80, elles perdent en performances ce qu’elles gagnent en embourgeoisement. Ceci ne s’applique toutefois que modérément à nos protagonistes, certes plus cossues que celles qu’elles remplacent mais aussi plus puissantes. Elles préservent ainsi d’excellentes performances, tout en se parant d’équipements sécuritaires nouveaux à l’époque dans leur catégorie, comme l’ABS ou les airbags. La Punto et l’Ibiza n’ont jamais été considérées comme des reines de leur segment mais n’en proposent pas moins de belles performances, et un charme youngtimer qui séduit de plus en plus de passionnés.
Présentation : des looks similaires signés Giugiaro
Fiat a souvent vasouillé pour remplacer ses citadines. La Uno, un énorme succès, est née après bien des rebondissements, et il en va de même pour sa successeure, la Punto, lancée fin 1993. Dessinée par Giugiaro en urgence à partir d’un projet apparemment refusé par Renault, la Fiat plaît immédiatement, et comme ses devancières, se voit couronnée Voiture de l’année, pour 1995. Dès son apparition, elle se décline en une version sportive GT, qui retient le bouillant 1,4 l turbo de la Uno Turbo ie.
Retravaillé, ce bloc passe de 118 ch à 136 ch (pour un couple impressionnant de 204 Nm !), garantissant à la Punto GT des performances de tout premier plan, rivalisant aisément avec celles de la redoutable Clio Williams. L’italienne atteint les 100 km/h en 8 s selon le constructeur. Bien équipée (ABS, direction assistée, vitres et rétros électriques, antibrouillards, jantes alliage), elle s’offre à un tarif plutôt attractif : 100 900 F en 1995 (21 800 € actuels selon l’Insee).
Typée mini-grande routière plus que bombinette ultra-radicale, la Punto GT arbore une présentation discrète, puis évoluera peu. Fin 1995, elle gagne des fonds de projecteurs foncés et des jupes latérales peintes, tandis que dans l’habitacle, les fonds de compteurs cadrans passent au blanc, et le volant change : c’est désormais celui du Coupé Fiat, garni d’un airbag.
Le moteur chute à 133 ch, pour satisfaire à la norme Euro II entrant en vigueur début 1996. Un an plus tard, les jantes se parent d’une teinte gris foncé, le tissu des sièges change, à l’instar des coques de rétroviseur, tandis que le moteur adopte une nouvelle gestion électronique qui le fait baisser à 131 ch. En compensation, la boîte est un peu plus courte. Fin 1999, la Punto I est remplacée par la II, établie sur la même plate-forme, animée par le 1,7 l atmo de la Barchetta. La Punto GT sera la dernière petite sportive Fiat suralimentée.
Apparue en 1984, l’Ibiza de 1re génération dérive de la Fiat Ritmo, conséquence de l’histoire commune en Fiat et Seat. Sa remplaçante, lancée en septembre 1993, récupère, elle aussi, une partie des soubassements d’une compacte, la Golf III, VW ayant racheté la marque espagnole en 1986. Préfigurant en cela la Polo 6N lancée en 1994, l’espagnole se targue d’une base éprouvée, sinon originale (suspension arrière à essieu de torsion), capable d’accepter des moteurs puissants.
Elle se décline d’ailleurs dès 1994 en deux versions épicées, les GTI. D’un côté, la 2,0 l 115 ch, rapide mais pas violente, de l’autre, apparue quelques mois plus tard, la plus nerveuse 16v, héritant d’un 1,8 l 16 soupapes proche de celui de la Golf II GTI 16S. Ramené à 130 ch contre 139 ch sur l’allemande pour des raisons de dépollution, ce bloc procure tout de même à l’Ibiza des performances enviables : 205 km/h, pour un 0 à 100 km/h effectué en 8,9 s officiellement.
Pour passer la cavalerie au sol plus aisément, la GTI 16v s’équipe d’un antipatinage EDS, et pour mieux freiner, d’un ABS. Dans l’habitacle, les vitres électriques et l’airbag sont de série, la clim restant en supplément. Le prix demeure placé vu l’équipement plutôt intéressant : 105 900 F en 1995 (22 900 € selon l’Insee). Néanmoins, on parlera peu de cette version de l’Ibiza, dont les ventes resteront modestes en France. Elle disparaît pour 1997, ne survivant pas au léger restylage dont bénéfice la Seat : la 2.0 16v 150 ch la remplace alors.
Fiabilité/entretien : mécaniques robustes
Les Fiat pâtissent d’une réputation peu enviable en matière de fiabilité, bien souvent à tort. La Punto GT, par exemple, profite d’un moteur très poussé et sophistiqué, mais également robuste, à condition d’être respecté. Temps de chauffe et de refroidissement observés, vidanges régulières, contrôles du jeu aux soupapes, courroie de distribution renouvelée tous les 80 000 km, et il est bon pour au moins de 200 000 km. Le problème est que beaucoup ont été « préparés », donc outrancièrement boostés, ce qui a pu engendrer des casses.
Par ailleurs, en début de carrière, on a relevé des soucis de bras de suspension arrière et de faisceau électrique, engendrant des coupures moteur imprévisibles. Cela a été normalement réglé. Le témoin d’airbag fait aussi des siennes : son allumage intempestif provient souvent d’un défaut connectique. Enfin, vu l’âge de la voiture, la corrosion peut avoir fait des dégâts.
Bénéficiant d’une mécanique éprouvée et plus simple que celle de la Fiat, la Seat profite, elle aussi d’une bonne fiabilité. Là encore, l’entretien est la clé, avec une courroie de distribution à changer avant 100 000 km. Le moteur, souvent cravaché, souffre parfois de claquages du joint de culasse passé 100 000 km, mais guère plus.
Les problèmes de boîte affectant les autos du groupe VW dans les années 2000 ne semblent pas concerner l’Ibiza II, une bonne chose. En revanche, elle souffre de petits pépins divers : pannes de vitres électriques, roulements de roue faiblards, sondes défectueuses peinture assez fragile. Tout comme la Punto, l’Ibiza n’est plus toute jeune, donc peut parfois souffrir de la corrosion.
Avantage : Seat. Plus simple d’entretien, l’espagnole prend ici un léger avantage sur une Fiat qui ne démérite pas.
Vie à bord : lumineuse italienne
Ce qui surprend dans la Punto, c’est d’abord l’habitabilité presque exceptionnelle. L’auto offre beaucoup de place à ses passagers, avant ou arrière. Grâce à la belle surface vitrée, la luminosité est importante, et, combinée à la couleur claire du tableau de bord, confère à l’habitacle une ambiance agréable. Joliment dessiné, le tableau de bord se contente pourtant d’un plastique peu valorisant, la finition d’ensemble atteignant un niveau juste convenable. L’équipement, plutôt généreux, renforce l’attrait de la Punto.
Dans l’Ibiza, l’espace ne manque pas non plus, mais l’habitabilité arrière ne vaut pas celle de la Fiat. La présentation non, la Seat affichant une austérité très allemande, amplifiée par la couleur noire des plastiques et la luminosité peu évidente, due à une ceinture de caisse très haute.
Cela dit, l’équipement est plutôt complet, même si la finition, suffisante mais sans plus, ne vaut guère mieux que celle de la Fiat. Le tableau de bord, massif, séduit moins que celui de l’italienne, mais il a le mérite de bien intégrer l’airbag passager (en option), qui condamne toutefois la boîte à gants.
Avantage : Fiat. Mieux présentée et plus spacieuse que l’Ibiza, la Punto reprend ici l’avantage, malgré une finition juste moyenne.
Sur la route : le punch de la Fiat
Grâce à son siège – confortable – et son volant réglables en hauteur, la Punto offre une très bonne position de conduite. Devant soi, on découvre une instrumentation très complète et lisible, mais l’autoradio s’implante trop bas. Plutôt doux et silencieux à bas régime, le moteur ne se réveille vraiment que vers 3 500 tr/min. Et là, une poussée féroce vient vous coller au siège, mais sans violence, le turbo entrant en action progressivement. Quel punch !
L’italienne administre des reprises impressionnantes à mi-régime, puis son moteur passe sans faiblir les 6 000 tr/min, dans une sonorité sympa. Le châssis encaisse la puissance bien mieux que ne le fait celui de la Uno, mais à cause de pneus trop justes, la motricité manque vite en conduite sportive. Précise et informative, la direction agit sur un châssis plutôt vif et agile, mais l’amortissement montre un peu trop vite ses limites sur route bosselée. L’auto n’en demeure pas moins efficace, et elle freine remarquablement bien.
Position de conduite irréprochable également dans la Seat à l’ergonomie très bien pensée. Si l’instrumentation ne vaut pas celle de la Fiat, elle est très claire. Le siège assure par ailleurs un bon maintien. Le moteur est tout aussi souple que celui de l’italienne, mais attendra un peu plus tard (4 000 tr/min environ) pour donner le meilleur. Là, il pousse très gentiment, et passe allègrement les 6 000 tr/min, dans un chant des plus agréables.
Vif, il confère à la Seat de belles performances, même si les reprises souffrent quelque peu d’une 5e plus longue que celle de l’italienne et d’un couple nettement inférieur (165 Nm). Le châssis, extrêmement sûr, n’est pas tout à fait aussi agile que celui de la Punto, et manifeste des traits comportementaux rappelant la Golf, avec cette tendance à lever la patte en virage.
Attention à ne pas rester trop longtemps sur les freins appui, la poupe pouvant se dérober parfois brutalement quand on y va fort. L’amortissement n’est, là non plus, pas idéal car trop raide, compromet trop le confort sur mauvaise route, alors que certes assez précise, la direction souffre d’un rappel un peu trop fort. Quant au freinage, il se montre efficace.
Avantage : Fiat. Nettement plus vigoureuse que la Seat en reprises et un peu plus agile dynamiquement, la Punto rafle la victoire.
Budget : des bombinettes en pleine ascension
Encore peu considérées, nos petites sportives ne coûtent pas encore excessivement cher. Comptez 5 000 € pour l’une comme pour l’autre en très bon état, mais avec un kilométrage passant nettement les 150 000 km. Vers 100 000 km, les tarifs augmentent nettement : 6 500 € pour la Seat et déjà 7 000 € pour la Punto.
Celle-ci passe déjà les 10 000 € en Italie pour les meilleurs exemplaires. La Seat ne monte pour l’instant pas aussi haut. Elle a aussi le mérite de moins consommer en conduite sportive, se contentant de 11 l/100 km quand la Fiat en réclame 13, effet exponentiel du turbo oblige, et tombe à 8,5 l/100 km en usage courant, soit 0,5 l/100 km de moins que l’italienne.
Avantage : Seat. Un peu moins chère et plus frugale que la Punto, l’Ibiza prend ici sa revanche.
Verdict : la Punto, pour son caractère
Dernière héritière des petites sportives à moteur turbo qui ont animé les années 80, la Punto regorge de caractère et offre des performances de premier plan. Agile par son comportement, elle manque toutefois de motricité, à cause de la virulence de son moteur, mais elle demeure efficace. Elle ajoute à ceci un habitacle très spacieux et bien équipé.
Moins forte en caractère, l’Ibiza procure un agrément certain grâce à son bloc très vif, hérité de la VW Golf II GTI 16S. Cela dit, il ne peut rivaliser avec celui de la Fiat en reprises. Tout aussi sûre que la Punto, l’Ibiza n’est en revanche pas aussi agile, mais elle sera globalement plus homogène. Son habitacle demeure moins spacieux mais le tableau est mieux agencé. Cela ne suffit pas à nous la faire préférer à la Fiat.
Au final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Seat |
Vie à bord | Fiat |
Sur la route | Fiat |
Budget | Seat |
VERDICT | Fiat |
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Fiat Punto, Seat Ibiza.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération