Et si les délocalisations n'étaient pas aussi rentables qu'elles en ont l'air ?
L'INFO DU JOUR - Selon une étude de l'Idrri, délocaliser la fabrication d'une petite voiture en Espagne ou en Slovaquie ne permet pas d'économiser plus de 2,5% au maximum sur son prix de revient. Quant à la Chine, le différentiel n'atteint que 6%. De quoi faire réfléchir les constructeurs à l'heure de la hausse des taxes sur les importations venues de l'empire du milieu.
C’est une vieille histoire, que tous les constructeurs hexagonaux racontent depuis fort longtemps. Les petites autos, ces fameuses citadines qui trustent les premières places du classement des ventes ne sauraient être fabriquées en France. Trop chères à assembler ici, et donc, trop chères à vendre sans y laisser sa chemise.
Pourtant, selon une étude de l’Iddri (l'Institut du développement durable et des relations internationales), ces petites, même électriques, celles qui affichent, ou vont afficher, un tarif autour des 20 000 euros (bonus déduit), ne seraient pas plus chères en coût de revient si elles étaient fabriquées chez nous, plutôt qu'en Espagne ou en Slovaquie, deux pays qui raffolent de nos délocalisations.
Un gain économique minime
Pas plus chères, ou à peine plus chères. En Espagne, le gain serait de 2,5 % et en Slovaquie, de 2 % seulement. Pas vraiment de quoi justifier une usine hors de l’hexagone. Pour parvenir à ce constat, l’Iddri a pris en compte tous les facteurs possibles : des salaires pratiqués sur place aux subventions gouvernementales à l’installation, jusqu’au prix du transport pour rapatrier les autos délocalisées, en passant par les impôts payés sur place et le prix de l’énergie nécessaire.
Les pays du Sud ou de l’Est ne sont donc pas l’Eldorado que l’on s’imaginait. Mais quid de la Chine ? L’étude s’est également penchée sur l’empire du milieu et les autos occidentales fabriquées là-bas. Évidemment, l’écart est plus important, mais, surprise : il ne dépasse pas 6%. De quoi faire réfléchir un directeur financier, et, logiquement, le laisser décider pour une délocalisation.
Sauf que c’est sans compter sur les nouvelles taxes imposées aux voitures, même occidentales, fabriquées en Chine. Elles sont comprises entre 15 et 25% selon les modèles et dans ce cadre, toujours selon l’Idrri, une relocalisation serait parfaitement rentable.
Quatorze milliards de déficit commercial en moins
En plus, l’Institut a calculé l’effet de cette fabrication made in France. En partant du principe que 700 000 autos des segments A et B seraient assemblées dans l’hexagone, elle pourrait préserver et/ou créer 25 800 emplois directs, et près de 70 000 indirects. Ce n’est pas tout. Avec une relocalisation d’aussi grande ampleur, le déficit commercial s’en trouverait réduit de 14 milliards.
Que du bonheur donc. Sauf que l’Idrri a oublié un petit détail : une auto comme la Dacia Spring, assemblée en Chine, bénéficie des économies d’échelle réalisées avec Dongfeng dans une coentreprise. Du coup, son rapatriement augmenterait certainement son prix de plus de 6%. En revanche, rien n’empêche la direction de Stellantis de fabriquer sa Peugeot e-208 dans l’hexagone. Sauf, comme le précise l’étude, à chercher à « maximiser les marges à moindre effort, c'est-à-dire sans travailler la productivité d'un tissu industriel installé ».
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