Et si Caradisiac était plus qu’un simple site automobile ?
Il peut paraître futile de vouloir s’informer sur la vie de l’industrie auto, de s’intéresser aux dernières nouveautés, de chercher à savoir ce qui distingue deux modèles dans ces moments compliqués. Et si Caradisiac était, en expliquant au quotidien les tenants, et les aboutissants de cette passion commune, l’une des meilleures manières de rester en prise avec notre époque, notre passé et notre futur ?
À première vue, ça paraît totalement incongru. À quoi bon, puisqu’on est confiné jusqu’au 11 mai, s’acharner à admirer le coup de volant chirurgical de Soheil Ayari guidant une Mercedes Classe A45 S AMG sur un circuit dans l’Aisne ? À quoi bon, puisqu’on peut à peine sortir de chez soi, s’intéresser au couple d’une Dodge Challenger S/T Scat Pack qui a aussi peu de chance d’arpenter le bitume français que nous en avons d’inviter notre belle-mère à déjeuner le 1er mai prochain (preuve qu’un confinement n’a pas que des inconvénients) ? À quoi bon découvrir les nouveautés, attendre le jugement des essais, le résultat des comparatifs ?
À quoi bon lire, écouter et regarder Caradisiac ?
Après tout, dans une période comme celle-ci, mettre sa culture automobile à jour chaque jour ne sert strictement à rien, sauf à passer le temps, pour ceux qui en ont à perdre. Et s’il en allait tout autrement ? Si, justement, en ces temps à l’arrêt, on avait plus que jamais besoin de se rallier à cette idée d’un monde de mouvement, des objets qui le représentent et de cette possibilité de se déplacer. Même si cette possibilité est repoussée d’un mois ? Car l’automobile, finalement, est beaucoup plus qu’un déplaçoire dont les non parisiens se servent toujours, avec parcimonie et avec une attestation. Elle est tout ce que cette période nous fait regretter mais aussi tout ce que la suite nous laisse espérer. Et la liste est aussi longue que non exhaustive. On y retrouve pêle-mêle, la liberté, la technologie, l’esthétisme, le sentiment de puissance, la communication entre les hommes, les défis de demain et la mémoire d’hier. La voiture a façonné notre urbanisme, elle a donné le tempo social du XXe siècle, elle a inspiré l’art moderne, le cinéma, la musique, la photographie. Elle n’est pas un simple « produit manufacturé », comme l’Insee la définit, elle est une cathédrale. Et c’est Roland Barthes qui l’a dit, dans ses Mythologies. « Je crois que l’automobile est l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique. »
Lorsqu’il est nécessaire d’appeler un philosophe à la rescousse, on peut se dire que l’heure est grave. Pas forcément. Car ce que Barthes a théorisé, les journalistes de Caradisiac le mettent en pratique chaque jour. Mais ne leur dites pas qu’ils sont des monsieur Jourdain, des philosophes sans le savoir, ils reprendront le volant en vous riant au nez. Et ils auront bien raison. Leurs articles, leurs vidéos, leurs essais, leurs comparos forment les pierres de la cathédrale de Barthes. Mais surtout, si vous les croisez, ne leur dites pas, ils pourraient se monter le bourrichon, et demander une augmentation à leur direction.
Essayeurs automobiles ou nouveaux philosophes ?
Mieux vaut les lire, les commenter et continuer à se demander pourquoi la Challenger et son V8 ne sont pas importés en France, et pourquoi Soheil Ayari n’est pas champion du monde de F1. Ce n’est pas seulement une bonne façon de passer le temps jusqu’au déconfinement, c’est aussi la meilleure manière de rester en prise avec l’époque qui vient et de continuer à espérer en celle qui va arriver.
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