Essai vélo électrique - ADO Air 28 : le beurre et l’argent du beurre
ADO est l’acronyme de « A Dece Oasis ». Une oasis pas chère dans le désert des vélos électriques inabordables, est-ce possible ? Visiblement oui. Mais ne vous attendez pas un Coca avec rondelle de citron et glaçon pour autant.
Les vélos à assistance électrique ont vu leurs prix exploser en 3 ans, venant titiller les 7000 euros pour des modèles sans autre prétention que se déplacer. L’après-COVID a donné des envies de luxe aux fabricants. Mais tout le monde n’est pas prêt à dépenser 3000 euros dans un vélo. Ni 2000 euros d’ailleurs. Ça tombe bien, puisque le vélo de notre essai est affiché à 1699 euros (et passe parfois en dessous lors de promotions, comme en ce moment à 1499 euros). S’agit-il d’un vélo au rabais pour autant ? Contre toute attente non. Il est même très bien. Mais uniquement pour un usage spécifique. Large, mais spécifique.
Des caractéristiques qui font mouche sur le papier
Imaginez, pour 1699 euros et même 1299 euros si vous bénéficiez d’une aide régionale qui vous rembourse 400 euros, ce vélo propose :
- Des freins à disque hydrauliques
- Une transmission par courroie en carbone
- Une boite de vitesse automatique
- 41km d’autonomie avec 110kg dessus
- Un capteur de couple
- Une étanchéité IPX7 (et nous l’avons bien testée)
- Une fourche suspendue verrouillable à l’avant
- Des garde-boues et un porte-bagage de série
- Un moteur de 250W (et de 37 petits Nm de couple)
- Un design vintage sympa
- Un bel écran couleur
- Une batterie de 345 Wh
Nous sommes d’accord que sur le papier, ça promet. Nous avons même eu droit à un support pour smartphone. Dans la réalité, ces éléments sont bien là, ils fonctionnent, mais ils sont tous bas de gamme. Pas de miracle, donc.
Design : un style hollandais vintage
Le cintre est ajustable pour que le guidon soit bien calé par rapport à vos mains. Le feu avant est fixé à la roue et suis donc la direction de celle-ci. Il est alimenté par la batterie du vélo, à la différence du feu arrière, qui nécessite des piles et possède son propre interrupteur que vous oublierez forcément d’éteindre. Le porte-bagage est de série et les garde-boues aussi. Celui à l’avant est d’ailleurs trop court et l’eau est projetée vers le haut.
Côté batterie, les choses se compliquent. Le tube est énorme, plutôt lourd et le retrait parait interminable la première fois. Mais avant d’ôter le réservoir d’électrons, il y a un process à suivre, digne d’un protocole administratif détaillé dans la partie « Autonomie ».
Bien vu, le cadre bas et le tube supérieur créent un espace permettant de glisser plusieurs antivols. Le guidon arbore un bien bel écran qui permet d’afficher les informations habituelles mais pas de carte de navigation. Le support smartphone livré de série est là pour ça et rend d’ailleurs l’application totalement dispensable.
Bonne surprise, la sonnette cache un emplacement pour y loger un Apple Airtag. Seul problème : il suffit de se rendre sur le site internet pour le découvrir et le retirer. Il aurait fallu aller plus loin dans l’idée et obliger à utiliser une clé pour ôter le compartiment du cadre. Mais l’initiative est intéressante. Nous finissons ce tour du propriétaire par le poids : l’Air 28 porte bien son nom puisqu’il ne pèse que 21 kg. Certes, dit ainsi, ça ne vend pas du rêve. Mais les vélos plus légers sont souvent plus chers. Puis, surtout, le poids de la batterie étant dans le tube de selle, il ne déséquilibre pas le rapport entre l’avant et l’arrière.
Conduite : comme un hollandais sur un sol plat
Le premier contact fait son effet. Le vélo est à assembler à la réception, comme toujours. Nous pensions que le résultat sur la route serait nul. Les composants font bas de gamme. Les freins sont génériques, le moteur est un petit Bafang sans puissance logé dans le moyeu de la roue arrière.
Pourtant ça passe. Bien réglés, les freins sont puissants et progressifs. D’ailleurs, pour l’anecdote, nous n’étions pas super rassurés d’effectuer la fameuse descente test qui permet de prendre 65 km/h sur certains vélos.
Mais tout s’est bien passé puisque cet essai a été rédigé. Les freins sont assez progressifs et ne manquent pas de mordant. Il faudra néanmoins bien les régler. En revanche, l’endurance n’est pas géniale et nous ne pouvons que préconiser un passage en atelier pour y mettre des plaquettes plus résistantes et plus endurantes. Niveau confort, la position droite soulage totalement le dos. Le cadre ouvert permet un bon enjambement. Le guidon s’incline et il est donc possible de régler la position de conduite au millimètre. La fourche suspendue à l’avant fait correctement son travail. Il est possible de la bloquer pour gagner un peu en dynamisme sur sol plat. Il manque éventuellement une selle suspendue. Mais à ce tarif, ce serait faire un caprice. Enfin, l’éclairage est correct. Parfait en ville, il est insuffisant dans un endroit totalement sombre. Un second phare n’est pas un luxe.
Les pneus sont moyens. Sur sol sec, ils adhèrent correctement. Indiquées comme étant composées de kevlar, ces gommes de 28 pouces (d’où le nom Air 28) sont un peu trop rigides à notre gout. Sur sol mouillé, c’est une autre limonade et l’adhérence s’enfuit à la moindre flaque. Bref, il ne sera pas un luxe de passer sur des pneus à la gomme plus tendres.
Un moteur efficace… sur le plat
Le moteur vient de chez Mivice. Il intègre un variateur qui agit sur la courroie et permet d’adapter la résistance au pédalage. Il y a 3 niveaux d’assistance. Le dernier rend vraiment le pédalage facile sur sol plat. La variation de la résistance est automatiquement gérée et bien gérée par le système : comprenez qu’elle est progressive et sans sensation de palier. Le contrôleur permet de varier la force l’assistance. Pour le reste, tout est automatique. Mais n’espérez pas grimper avec ce vélo. Jamais. Oubliez. Le moteur manque de couple. Nous touchons là au premier problème de l’Air28 : il n’a aucune vocation à sortir des pistes sans relief. Notez aussi que la puissance chute lorsqu’il ne reste que 10% de batterie. Dommage.
Autonomie et recharge
La recharge est une épreuve. Il faut retirer la batterie et nous ne résistons pas à l’idée de vous remettre la procédure ici :
Descendre du vélo et le mettre sur sa béquille.
Éteindre le feu arrière pour ne pas oublier, jamais.
Éteindre le vélo.
Éteindre la batterie, sans quoi, impossible de la retirer (la fiche d’alimentation est verrouillée).
Se baisser pour accéder au bas de la selle.
Retirer la fiche d’alimentation.
Utiliser la petite clé fournie qu’il ne faut surtout pas perdre.
Déverrouiller le petit bouton-poussoir.
Désarmer le système de serrage et l’ouvrir.
Retirer la batterie.
Le chargeur fourni est bas de gamme, mais charge en 3A. La charge pleine a semblé interminable et a pris 5 h 58. En revanche, le 35-90% s’est fait en 2 h 17.
Une fois celle-ci pleine, vous pourrez effectuer environ 40 km avec, par 13°C, avec un « cycliste » de 110 kg dessus. C’est une distance honorable compte tenu de la capacité de la batterie. Le chargeur est tout aussi « cheap » que le reste. Mais il fait le job et possède une petite diode discrète qui vire au vert une fois la charge terminée. La batterie est tout de même encombrante.
Parenthèse météo
Cet ADO A28 a passé un mois entier à l’extérieur. Un mois particulièrement pluvieux. Il a également beaucoup servi sous la pluie. Nous n’avons pas rencontré le moindre problème. Mais, la batterie était dans son emplacement. Si celle-ci est ôtée, l’eau peut s’infiltrer dans le tube. Il n’y a rien pour le fermer puisque la selle est liée à la batterie.
Cela oblige à s’équiper d’une seconde batterie actuellement en vente à 299 euros, tarif qui reste raisonnable. Mais cela signifie également que votre vélo dort dehors avec une batterie dessus. En matière de vol, ce n’est pas génial.
Le bilan
Difficile de ne pas recommander cet Air 28. ADO a effectué du bon travail. Toutes les cases sont cochées et les promesses sont tenues. Nous n’avons pas évoqué le second problème : les composants sont tous génériques. Il faudra donc trouver un revendeur ou un vélociste qui acceptera de mettre les mains dedans (ou le faire soi-même) pour éventuellement améliorer sa monture.
Le constructeur n’est cependant pas nouveau et spécialisé dans les vélos pliants. L’A28 est son premier modèle urbain classique. Ce n’est pas demain que la marque disparaitra. Néanmoins, la batterie est propriétaire et si ADO était amené à ne pas proposer de pièces détachées, votre vélo deviendrait inutile.
On a aimé
- Design
- Poids contenu
- Assistance automatique progressive et bien calibrée
- Équipement pour le prix
- Confort
- Étanchéité quand la batterie est insérée
- Rapport qualité-prix imbattable
On n’a pas aimé
- Système d’attache de batterie fastidieux
- Autonomie juste
- Moteur anémique en dénivelé, même léger
- Charge très longue pour une telle capacité
- Pièces propriétaires dépendant de la pérennité du constructeur
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