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Essai - Porsche 911 GTS (2021) : juste milieu pour un moteur arrière

Progressivement, Porsche développe la gamme de sa 911 de type 992, et la décline, à l’instar de ses devancières, en GTS. Une version radicalisée, trait d’union entre la Carrera S et la GT3. 

Essai - Porsche 911 GTS (2021) : juste milieu pour un moteur arrière

En bref

Entre Carrera S et GT3

480 ch

A partir de 144 070 €

Comme il est loin le temps où Porsche voulait supprimer la 911 ! Et heureusement, car cela lui a valu de frôler la faillite. Désormais, le constructeur actualise sa sportive mythique selon un rythme métronomique instauré par la 996 en 1997. Il lance une nouvelle génération, lui offre un restylage léger après quelques années, puis intervient une refonte plus profonde qui mérite un changement de nom de code avant une nouvelle mise à jour. Arrive ensuite une 911 totalement refondue. Ainsi, en 2011, la 991 a succédé à la 997 restylée, avant d’être actualisée elle-même en 2015. Puis en 2019 a débarqué l’actuelle 992, qui se décline désormais en GTS. Une appellation qui ne doit rien à Renault (ah, la R18 GTS), puisqu’elle est apparue en 1964 sur la Porsche 904, une auto de course. Zuffenhausen l’a ravivée en 2008 sur le Cayenne, avant de l’associer en 2010 à la 911. Depuis, toutes les générations de celle-ci en bénéficient, la toute dernière 992 n’y faisant pas exception. Badgée GTS, elle est disponible en coupé, cabriolet et targa, en deux et quatre roues motrices (sauf la targa qui n’a pas droit à la propulsion), en boîte 7 manuelle ou 8 PDK.

Essai - Porsche 911 GTS (2021) : juste milieu pour un moteur arrière

Plus sportive que la Carrera S mais moins radicale que la GT3, la GTS comble le vide que Porsche voit entre ces deux variantes. La GTS conserve le flat-six 3,0 l biturbo de la Carrera S, la GT3 se réservant le fabuleux 4,0 l atmo, mais le pousse à 480 ch grâce à une augmentation de la pression de suralimentation et un échappement sport, soit un surcroît de 30 ch, le couple suivant la même tendance (+ 40 Nm, pour un total de 570 Nm). Pas déterminant, d’autant que cela n’influe pratiquement pas sur les performances. En effet, un coupé GTS PDK passe de 0 à 100 km/h en 3,3 s, contre 3,5 s à une Carrera 2S PDK. La belle affaire !

Un châssis inspiré de celui de la Turbo 

En réalité, l’intérêt de la GTS se trouve du côté du châssis. Les caractéristiques de la suspension dérivent de celles de la Turbo. Outre l’amortissement piloté de série et une caisse abaissée de 10 mm, la GTS bénéficie de doubles ressorts à l’arrière. En clair, les principaux sont plus fermes, afin de limiter autant que se peut les mouvements de caisse. Plus souples, les secondaires interviennent pour encaisser les aspérités les plus fortes, afin de préserver le confort des passagers. En outre, la GTS bénéficie comme la Turbo de jantes à fixation centrale (20 pouces à l’avant, 21 à l’arrière) et de freins renforcés (disques de 408 mm à l’avant et 380 mm à l’arrière). Tout ceci lui permet de boucler la Nordschleife en 7’25’’632, soit 4 s de moins que la Carrera 2S et 3 s de plus que la Turbo. Ça va vite !

Les jantes à écrou central.
Les jantes à écrou central.
Le six cylindres suralimenté bien planqué...
Le six cylindres suralimenté bien planqué...

Un pack Lightweight, inédit sur les GTS, vient alléger l’auto de 25 kg tout en en renforçant l’efficacité. Ainsi, il comprend des baquets en PFRC (plastique renforcé de fibre de carbone) permettant de gagner 17 kg, un vitrage affiné, une suppression de la banquette arrière, et une batterie lithium-ion (- 8 kg). Vous me direz, tout ceci représente plus de 25 kg. Et vous aurez raison. Alors, pourquoi l’allègement n’est-il pas plus important ? Parce que ce pack inclut des éléments grevant le poids, comme les roues arrière directrices et des déflecteurs aérodynamiques sous la caisse augmentant l’appui de 30 kg.

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A l’extérieur, la GTS se signale par sa thématique noire, touchant aux jantes, aux feux, et aux appendices aérodynamiques. Dans l’habitacle, la GTS se signale par ses revêtements noirs Race Tex, ses sièges Sport Plus à réglages électriques, le volant Sport GT, le pack Sport Chrono GT et l’application Porsche Track Precision. D’un autre côté, l’isolation phonique est réduite. Tout ceci aide à justifier un prix en hausse de près de 20 000 € face à celui d’une Carrera S équivalente, qui se réduit à environ 8 000 € à dotation égale. Cela en vaut-il la peine ?

Remarquable sur circuit… 

Réponse d’abord sur piste, celle dont Porsche vient de se doter à Franciacorta, près de Vérone, en Italie. Un tracé de 2,5 km plus technique que rapide. Neuf, le bitume n’est pas encore très adhérent, et la météo un peu humide… Pourtant, bien calé dans le baquet fixe optionnel d’une GTS propulsion à boîte PDK, je me sens à l’aise dès le premier virage. Ce, grâce à une direction quasi-parfaite, consistante, précise, rapide et informative. On sent parfaitement ce que fait le train avant ultra-rigoureux et vif, aussi on augmente progressivement le rythme, en mode Sport +. Le moteur pousse évidemment très fort en chantant admirablement, et sa progressivité est telle que jamais on ne sent qu’il est gavé par deux turbos. Seul bémol, il ne monte pas aussi haut en régime que le 4,0 l atmo de la GT3.

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Ensuite, la PDK tombe systématiquement sur le bon rapport, c’en est presque magique. Enfin, ça freine très fort, via une pédale ferme et facile à doser. Du coup, je peux appliquer aisément du dégressif en appui mais pas trop longtemps. En effet, la GTS reste une 911, et à la limite, même si elle est d’une prise en main facile, il convient d’appliquer les recettes de conduite typique du modèle. On la manie avec finesse, on entre en virage avec un peu de frein pour caler le train avant peu chargé, on lâche la pédale assez vite pour profiter de l’énorme grip en tournant, sinon la poupe chargée du moteur engage vite, obligeant à appliquer une légère correction, puis on met pleins gaz roues droites en exploitant l’immense motricité, et on prend plus de 200 km/h sur la courte ligne droite. Là, l’auto semble rivée au bitume, sans ces dandinements de l’avant qui ont affecté la 911 jusqu’à la 991. Mieux, même lors d’un très fort freinage, elle reste accrochée à sa trajectoire.

Ensuite, nous avons essayé deux modèles à 4 roues motrices, et le train avant nous est apparu moins précis et communicatif, surtout sur la première. Sur une session, suite à une petite erreur de pilotage en accélérant trop fort avec une roue arrière touchant un vibreur humide, ESP débranché : l’auto a surviré d’un coup, la transmission envoyant la puissance principalement à l’arrière, mouvement rattrapé de justesse, ce qui nous a valu un « Nice catch ! » dans talkie de la part du moniteur que je suivais. Qu’on se le dise, la transmission intégrale n’a rien d’une assurance tout risque ! Quoi qu’il en soit, sur circuit, la propulsion semble préférable pour sa précision et sa vivacité dynamique supérieures. Dans tous les cas, sur piste la GTS régale par sa prise en main facile, sa quasi-absence de mouvements de caisse, son efficacité et l’endurance des freins.

…Et sur route !

Sur route, nous avons pu prendre les commandes de deux versions à quatre roues motrices, un cabriolet à boîte manuelle et une targa PDK. Sur le premier, l’ablation du toit n’a aucune conséquence sensible sur la rigidité de la caisse, alors qu’avec le filet antiremous en place, on n’est vraiment pas décoiffé à bord. L’ergonomie se révèle aisée, les cadrans fort lisibles et la position de conduite parfaite. Mieux, il y a de la place et beaucoup de rangements : la 911 colle à ce qui a fait son succès, une praticité au quotidien remarquable. Et la boîte 7 manuelle, demanderez-vous ? Eh bien, elle ne convainc pas. Son maniement paraît moins agréable que celui de la boîte 6 de la Boxster Sypder, et la 7 se confond souvent avec la 5 à cause de la grille très serrée. Heureusement, on bénéficie d’un coup de gaz automatique au rétrogradage, toujours plaisant.

Essai - Porsche 911 GTS (2021) : juste milieu pour un moteur arrière

Pour le reste, la GTS se révèle très proche de la Carrera S sur route. Elle est un poil plus sonore, filtre légèrement moins bien les inégalités, mais communique mieux ses réactions et profite d’un amortissement juste parfait. En gros, on pourrait se dire qu’elle n’apporte pas grand-chose. Certes, mais son expérience de conduite semble plus authentique, plus proche de ce qu’on attend d’une 911, et pour ça, je la préfère. Surtout en modes Sport et Sport +, où le moteur sonne magnifiquement, tandis que la PDK le seconde à la perfection. Par ailleurs, le confort demeure suffisant, même sur les aspérités qui ne manquent vraiment pas dans les routes sinueuses des collines avoisinant Vérone.

Curieusement, la targa protège un peu moins des remous que la cabriolet, mais la boîte PDK de cet exemplaire agit avec une dextérité difficile à prendre en défaut. On pourra juste lui reprocher une petite lenteur à réagir quand on remet fortement les gaz en mode normal. Néanmoins, l’auto est à l’aise partout, en ville, sur route, autoroute et les virolos de montagne, où sa puissance de feu permet de doubler en un éclair les camions qui ne manquent pas. La 911 GTS a aussi le bon goût de consommer raisonnablement : environ 9 l/100 km si on ne fait que la 4-voies aux allures légales, et moins de 12 l/100 km en mixte, incluant une majorité de routes de montagne. A noter que ces deux exemplaires pâtissaient de petits bruits de mobilier assez malvenus.

Chiffres clés *

  • Longueur : 4,53 m
  • Largeur : 1,85 m
  • Hauteur : 1,30 m
  • Nombre de places : 4 places
  • Volume du coffre : 132 l / NC
  • Boite de vitesse : Auto. à 7 rapports
  • Carburant : Essence
  • Taux d'émission de CO2 : 244 g/km
  • Malus : 30000 €
  • Date de commercialisation du modèle : Janvier 2019

* pour la version (992) COUPE 3.0 480 CARRERA GTS BVA7.

Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.

Photos (55)

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