2. Essai - Honda CB500 F mod. 2019 : pure et sûre
Si vous ne savez pas à quoi l'on reconnaît une bonne moto, une de celles avec lesquelles vous allez pouvoir tout faire, et surtout faire de la borne sans compter, effectuez quelques mètres au guidon de la CB500 F. Le premier point à convaincre n'est autre que le moteur. À l'arrêt, déjà, par le chant de l'échappement. Ce petit ronronnement régulier et prometteur, évocateur de l'ancienne, pour ceux qui la connaissent, donne le rythme, le "là" autant que le "la". À la seconde où l'on tourne le poignet droit, la connexion s'établit. L'injection précise, la rondeur de la réponse, la douceur offerte dans un premier temps par un moteur souple, mais aussi et surtout l'énergie qui émane du petit bicylindre, surprennent très positivement. On n'en attendait pas tant, pas autant, et pas de cette manière. La promesse de plus de couple est bien tenue. Si l'on remarque un petit palier dans les reprises aux alentours de 4 000 tr/min, il ne fait que renforcer par la suite la sensation de bonne poussée. De plus, lorsque l'on commence à aller chercher la puissance maximale au-delà de 7 000 tr/min, on découvre une poussée réjouissante. De quoi se sortir de n'importe quelle situation et sortir promptement d'un virage. Cette CB500 est un plaisir en ville.
Alors on oublie. On oublie que l'on se trouve sur une moto dite "A2". On oublie les chiffres des caractéristiques techniques et l'on commence à ressentir plutôt qu'à analyser. On commence à éprouver ce qu'est la moto et ce qu'elle apporte. On apprend à rouler CB500. Un moyen de se déplacer en ville ? D'accord. Il est tout à fait possible d'évoluer en 5 à 50 en agglomération et de bénéficier de relance suffisante. Le premier rapport n'attendra d'ailleurs pas les 60 km/h et la coupure moteur (près de 9 000 tr/min), avant que l'on ne sollicite la boîte de vitesses. Idéale de douceur et de précision, elle enchaîne les rapports suivants en un petit lever de pied. Tic. Tic. Tic. On est en 4 et la vie à bord apparaît simple. On sait déjà que l'on ira loin. Détendu. On apprend rapidement à composer avec les réactions du moteur, toujours volontaire et énergique, et on apprécie ce qu'il y a autour. Autour de soi, mais aussi autour du moteur. Quelques petits tours de molette de réglage de l'écartement du levier de frein avant, et tout tombe sous la main. Sous le sens. Sous les sens, même.
Nous voici sur une portion d'autoroute, rejoignant les petits itinéraires à lacets promis par la carte du tracé du jour. Déjà, il y a la position de conduite, dont on sent qu'elle n'occasionnera aucune peine, quel que soit le type de trajet. L'assise est certes ferme, mais les appuis du fessier optimums et les suspensions assez souples pour garantir de ne pas peiner non plus du dos. Il faut simplement composer avec un flux d'air arrivant directement sur le torse, mais les performances maximales de la CB500 F n'ont pas de quoi vous décrocher la tête. Certes, on atteint aisément les 145 compteurs dans des conditions normales, et il reste encore de la marge si l'on se penche un peu sur l'avant. Les amateurs de limande ou de pente plus ou moins douce pourront grappiller 15 à 25 km/h, mais à quoi bon ? La prochaine sortie est la nôtre, et déjà l'on devine le relief qui nous attend.
Cette partie de Tenerife va nous en apprendre bien davantage sur les capacités de notre petit streetfighter. Déjà, on ressent la totale neutralité du train roulant. Les pneumatiques Michelin Road 5 retenus pour cette moto lui vont plutôt bien, même s'ils filtrent énormément les informations et restent particuliers à appréhender. Surtout si l'on a l'habitude d'autres références et d'autres marques. Outre leur longévité à travers le temps et les kilomètres, on apprécie immédiatement le confort et le comportement sur l'angle des Road 5, qui collent à la moto et à ses propres caractéristiques. La CB500 F est très agile et elle se guide du coup aisément au travers des petits slaloms offerts en guise de mise en bouche. Au Stop (le panneau), il va falloir prendre un peu d'élan pour rejoindre notre guide déjà engagé sur notre itinéraire. Ça sent l'attaque et l'étalonnage moteur. Tic. 1ère engagée. 60. Tic. 90. tic. 120. Tic. 150. Ok, il y a du répondant, du punch et de quoi faire !
Et cela tombe bien, car autant le dire, lorsque ça monte et que l'on se retrouve derrière une voiture peinant à dépasser le 40 sur un tracé type montagne, la CB500 F élimine avec aisance la frustration en même temps que la "chicane". Et quel plaisir que d'entendre la CB500 F manifester son contentement. Mieux encore ? Contrairement à ce que nous avions ressenti sur la CB650 R bridée à 35 kW, on n'a aucunement l'impression de cravacher outrancièrement la moto pour suivre les évolutions. Elle offre naturellement un côté sportif, et l'on devine qu'un moteur conçu nativement pour être 35 kW, peut être redoutable. Même si les sensations sont moins exacerbées que sur la 650. Même si la partie cycle paraît un peu moins valorisante, l'efficacité, elle, est au rendez-vous. D'autant qu'une fois arrivée dans une grande courbe, la CB500 F conserve toute sa stabilité.
Avec l'expérience, on peut même remettre : a) du gaz, b) de l'angle, c) un ou deux rapports dans la boîte si ça grimpe fort. Car pour ce qui est de s'extraire des petits virages serrés, la CB sait aussi y faire. Que ce soit à couple, à la puissance ou au moral, elle suit les désirs de son pilote et ne fait jamais arriver en panique dans la courbe suivante. N'ayant crainte. D'une part, le couple est amorti, d'autre part, le cadre ne risque pas de se tordre. Alors, on se relaxe, on freine de l'arrière, puis de l'avant, on relâche progressivement l'avant et tout passe en douceur, sans que jamais l'ABS ou encore l'indicateur de freinage d'urgence ne se déclenche. Le freinage nous est d'ailleurs apparu très satisfaisant, mais variable d'une moto à l'autre. La nôtre n'offrant pas énormément d'endurance ni de puissance là où d'autres faisaient bien mieux. Mettons cela sur le compte du rodage des plaquettes et oublions du coup l'ABS arrière se déclenchant trop rapidement et l'avant manquant de consistance. Au final, seul un relief important et en creux dans la route, semble mettre à mal les suspensions. On ressent alors un manque de frein dans l'hydraulique, notamment à l'arrière, et cela pourrait surprendre les débutants optimistes ou en recherche de sensations. Bien qu'un réglable en pré contrainte soit disponible, il ne devrait pas suffire à compenser. Cela étant dit, en visant le point de sortie, ça passe.
Comme il faut bien trouver du négatif lorsque c'est notre travail, le seul point dont il faudra se méfier sur cette CB500 est structurel: le support de béquille latérale, vissé sur le cadre côté gauche, dépasse copieusement. Conséquence ? La CB500 F mettant très à l'aise et étant capable de prendre beaucoup d'angle, cette partie se plante dans le sol juste après avoir entendu le repose-pieds frotter. Et elle fait pivot. Du coup, l'arrière s'allège copieusement. Sur revêtement lisse, ça passe, mais compte tenu des suspensions assez souples et de la probabilité de se prendre une compression en courbe, les plus sportifs des conducteurs devront au choix se méfier ou raboter ladite partie… Conclusion ? Cela fera un prétexte très acceptable si l'on a besoin de mauvaise foi à l'occasion d'une virée entre amis. Parce que la moto, c'est aussi cela...
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