2. Essai CF Moto 650 NK - Franchement sympa !

On peut légitimement se demander ce que vaut tout cet équipement, au demeurant séduisant, une fois en action. Les questions principales concerneront bien entendu la tenue de route, mais aussi et surtout les performances moteur. Quelle confiance apporter à un modèle d'une marque peu connue en France ?

Pré(dé)ambule

Premier élément de réponse avant même de rouler : CF Moto est le 1er constructeur en termes de volume de vente pour ses motos de grosse cylindrée. OK, c'est en Chine et les chiffres ne donnent pas le tournis (31 000 motos produites/an), mais l'idée est là. Ensuite, comme nous l'avons vu, CF Moto a déjà collaboré avec Kawasaki. Enfin, CF Moto est aujourd'hui partenaire de KTM au travers d'une joint-venture. Autant dire que la marque n'a pas intérêt à jouer avec le feu, même si elle dispose de moyens financiers et de moyens industriels très importants. CF Moto entend surtout s'établir très rapidement en tant que marque premium chinoise, et cette NK en dit déjà long sur les moyens et les ambitions du constructeur, tout comme elle démontre sa compréhension du marché européen. La 650 NK donne en tout cas un signal fort quant à la capacité de CF Moto à fournir des motos à la hauteur des attentes d'une clientèle exigeante. Dès que l'on commence à tourner les gaz, à enclencher en douceur la première, on réalise deux choses : les chinois sont forts et les japonais ont du souci à se faire…

Un p'tit creux et ça repart !

Dans un premier temps, la performance du moteur surprend. Certes, il donne l'impression d'être assez doux et coupleux bas dans les tours, mais un petit quelque chose persiste. Un creux dans le premier tiers de ses évolutions, situé aux alentours de 4 000 tr/min. Il y a largement de quoi offrir un agrément élevé, mais inutile d'imaginer lutter contre la nervosité des MT-07 et Z650, deux modèles dominant le marché des roadsters de moyenne cylindrée. Du moins, lutter avec elles au démarrage. Les japonaises sont cela dit plus puissantes de 7 à 15 chevaux (pour la Yam), et leur mécanique n'a eu de cesse de progresser pour s'adapter aux normes Euro (Euro 5 aujourd'hui). Les homologations européennes imposent des restrictions spécifiques, que le constructeur appréhende aujourd'hui. Pour rappel, ce "petit" moteur a été capable de dépasser les 300 km/h en étant bien préparé pour le TT de Man (Cf visite usine CF Moto en Chine). Notre modèle d'essai se contentait d'un tiers de moins…

Très expressif au travers de son échappement, le twin de la 650 NK ne s'en laisse donc pas conter niveau compteur. Elle a de l'énergie à revendre, et elle le fait savoir dès que l'on dépasse les 5 puis 7 500 tr/min. Le bicylindre apparaît d'ailleurs plus rageur qu'il ne l'était sur la 650 MT, essayée la veille. Il n'a de cesse de renforcer ses poussées pour tirer le meilleur de la puissance raisonnable dont il dispose. En outre, il profite d'une belle allonge et d'une démultiplication bien choisie lui permettant d'atteindre environ 90 km/en 1ère, 120 en 2nde et de dépasser amplement le 140 en 3… soit de quoi se faire pruner respectivement sur route, nationale et autoroute. Heureusement que le compteur est généreux (+10 %). Soyons clairs, le guidon vibre, les rétroviseurs aussi, mais les amateurs de bicylindre ne seront pas déçus. Quant aux reprises et la gestion de l'injection, la centrale Bosch assure son rôle avec panache et brio. C'est à la fois précis et bien réglé. De quoi exploiter pleinement la partie cycle.

Polyvalente et équilibrée

Justement. Agile, la 650 NK l'est assurément. Bien posée au sol par ses suspensions KYB et ses pneumatiques Roadtec confortables au profil progressif, rien ou presque ne semble pouvoir perturber le cap. Les bosses sont éliminées sans y prendre grade, tout comme les éventuels nids de pigeons (nous ne sommes pas de poules…). Sauf quelques routes un peu sales et une envie soudaine de déhancher. Précise, la CF Moto dispose de très bonnes qualités dynamiques, même si le confort de selle est un peu en retrait. Il faudra rouler à fond pour trouver les limites de ce qu'elle a à offrir, et pour trouver celles du freinage, à notre sens largement suffisant au quotidien, mais à l'ABS un tantinet chatouilleux, notamment à l'arrière, lorsque l'on adopte une conduite "sportive".

Maniable en ville, agréable, stable, la 650 NK nous est apparue très civilisée et généreuse en sensations mécaniques, tandis que nous nous interrogions sur la pertinence de voir cette dernière arriver dans les moto-écoles. En effet, ses qualités de maniement à allure lente, son excellent rayon de braquage et la docilité de son moteur en font une excellente compagne pour se faire la main, tout comme la solidité qu'on lui devine, tandis que sa rigueur à bon rythme lui ouvre en grand les portes des petites routes. Il n'y aura finalement que sur le très inintéressant autoroute que le petit tête de fourche flanchera devant la pression de l'air, tout en déviant encore efficacement le flux d'air pour épargner sommairement les cervicales.

On juge un moteur à ses performances, mais aussi à son appétit. La consommation ne saurait être un frein à l'achat. Les 17 litres du joli réservoir, toujours agréable à tenir entre les jambes, nous ont régulièrement permis de dépasser les 300 km d'autonomie, voire de tutoyer les 400, mode Eco activé, même si son effet ne nous est pas apparu évident. La moyenne mini est donc descendues à 4,2 l/100 km, tandis que nous ne sommes pas parvenus à dépasser les 5,7 l/100 en rythme mixte incluant l'autoroute. Faute de temps.