2. Essai - CF Moto 650 MT : oubliez l'emballage, savourez le contenu

C'est avec bienveillance que nous prenons le guidon de la CF Moto 650 MT. L'ambiance à bord est à la fois sobre et agréable, elle donne en tout cas le sourire, rappelant que l'on est bien sur une moto chinoise de très bonne facture par de petits détails évoqués précédemment. A noter une clef de contact de faible constitution. Une fois encore, une histoire de plastique, trop souple et pas assez épais, qui se tord notamment à l'ouverture de la trappe à essence. Penser à faire un double plus costaud nous semble une bonne idée. Contact.

Si le maniement à l'arrêt fait ressortir son poids, c'est bien là le seul moment où ses plus de 213 kg se montrent. Une fois en route, ils sont discrets et constituent davantage un atout en posant agréablement la moto au sol sur ses Metzeler Z8. Tout au long de cet essai, nous avons pu apprécier le comportement des gommes allemandes et louer leur présence : elles sont une caution de qualité et participent autant au confort qu'à la tenue de route. Elles sont à elles seules un gage de confiance et d'endurance. Bien vu. Avouons également que la première chose que nous avons faite avec la 650 MT est d'aller faire un petit tour dans les chemins caillouteux et terreux. Contre toute attente, elle s'y montre agréable et les suspensions brillent par leur capacité à absorber les irrégularités rencontrées. À contre-emploi, la chinoise ne s'en laisse pas conter ! 

Avant tout, il conviendra de se méfier de l'encombrement des valises, heureusement démontables. En évolution urbaine ou en milieu restreint, on appréciera de pouvoir les ôter. On peut certes y laisser un casque intégral, mais elles dépassent copieusement et requièrent une attention particulière en remonte file ou en agglomération. Au moins avons-nous pu constater leur robustesse et leur qualité d'amortissement des chocs ! Autre paramètre à prendre immédiatement en compte : le "pare buffle" avant, véritablement large et encombrant, y compris visuellement. Une fois ces deux paramètres assimilés, nous découvrons une moto à la fois confortable, agile et surtout prompte à se lancer dans n'importe quelle aventure routière, sur tout type de route, en solo comme en duo. Rouler avec un passager est d'ailleurs l'occasion de regretter temporairement l'absence de molette déportée de réglage de la pré contrainte, seule lacune concernant l'équipement en règle générale et les suspensions en particulier. La place arrière est agréable, tandis que les poignées se révèlent aussi utiles qu'agréables à prendre en mains. Bertrand, notre photographe, a en tout cas apprécié la balade.

Rapidement, on est à la maison au guidon de la CF Moto 650 MT. Au sens propre comme au sens figuré, le moteur chinois ne ménage pas ses efforts pour vous amener à bon port ! Doux et suffisamment coupleux bas régimes, il subit une légère pause à la relance… entre 3 500 et 4 500 tr/min, avant de prendre ses tours en y mettant les formes. Là, on découvre le réel potentiel du berlingot CF Moto. Dès les 5 000 tr/min franchis, le bicylindre s'éclaircit la voix et commence à se montrer vaillant, pour ne plus rien lâcher dans sa montée en puissance et gronder plus fort encore une fois franchis les 8 000 tr/min. La première accroche ainsi plus de 90 km/h compteur, tandis que la seconde expédie à 120, suivie d'une gaillarde 3ème flirtant avec le 150. Et ce n'est là qu'un début : la 6ème emmènerait au-delà de 200 km/h compteur si l'on se trouvait sur une autoroute allemande. Ou dans un milieu approprié.

Plutôt rageur dans les tours, donc, même s'il le montre davantage au travers des feulements de son échappement que dans le ressenti brut, le twin asiatique débridé – rappelons qu'il existe en version A2 — évoque instinctivement celui de l'ER6. Il nous est cependant apparu plus vibrant, le guidon peinant à amortir les ondes, lesquelles sont transmises aux rétroviseurs, qui en deviennent à leur tour troubles. Les bras, pour leur part, sont renseignés sur le régime moteur ! Un moteur plus expressif en haut et juste un peu moins pêchu en bas que sur une Kawasaki. Une sacrée référence en matière d'agrément.
Ce qui marque réellement lorsque l'on exploite les 643,2 cm3 de l'engin, c'est la très bonne maîtrise de l'injection et de la réponse aux gaz. Souplesse, force, il devient un compagnon de route redoutable, et souvent revient en mémoire le fait que CF Moto soit parvenu à en tirer une version capable d'accrocher le 300 km/h sur le tracé de l'Ile de Man… Certes avec une moto conçue pour l'exercice, mais tout de même, quel potentiel ! Anecdotique, le switch Sport/Économique situé au guidon ne bous est apparu d'aucune utilité... 

Pour l'heure, ce sont plutôt les petites routes du côté Lizy sur Ourq (77), qui nous accueillent. Et l'on profite pleinement cet environnement enthousiasmant, dans lequel la 650 MT évolue avec brio. Les petites routes de campagne sont légion, et leur tracé se révèle des plus technique par endroits. Quelques kilomètres seulement après la prise en mains, on est sur la CF Moto comme sur toute japonaise de la production : particulièrement à l'aise. Ne compte plus que le plaisir de rouler, tandis que l'on oublie tous les petits détails. On en revient aux basiques de la moto, bien présents sur cette représentante. Ça tourne. Plaisir. Le moteur s'exprime. Plaisir. Et il est grand, ce plaisir, qu'on se le dise. Au final, dommage que le mécanisme de réglage de la hauteur de bulle ne soit pas plus agréable ergonomiquement ou visuellement. À part cela, et un kit chaîne d'origine visuellement assez moche et dont il faudra surveiller la tension, rien à redire. L'instrumentation est lisible, même si les reflets sont nombreux en plein soleil. Au moins un point sur lequel la 650 MT se montre éblouissante !

A l'attaque, la qualité du freinage est au rendez-vous. On apprécie la pertinence de l'ABS, lequel laisse longuement la main avant de se déclencher. La puissance des étriers catalans J.Juan est bel et bien présente et pleinement exploitable, tandis que l'on ressent la présence de disques de frein de type pétale au travers de petits hoquets. Avec son réglage d'origine, la fourche plonge modérément lorsque l'on adopte une conduite plus sportive, et que l'on plante un freinage. Sur l'angle, le cap fixé est conservé. Précise, la 650 MT ne manque ni de panache, ni d'arguments pour convaincre. Le freinage en fait en tout cas partie.