2. Essai - Aprilia 1100 Tuono V4 RR 2017 : merci l'électronique

Si le passage à la norme Euro4 a eu le don de castrer certains moteurs, que les amateurs de l’italienne se rassurent, elle conserve ce qui a fait sa réputation, à savoir son tempérament de feu. Le Tuono demeure avec la KTM 1290 SuperDuke R, l’un des roadsters les plus puissants du marché avec la bagatelle de 175 ch. Mieux, Aprilia a profité de cette nouvelle réglementation pour accroître sa plage d’utilisation en gagnant 500 tr/min sur les hauts régimes. Revers de la médaille, elle perd un peu en couple mais, rassurez-vous, il en reste encore comme en attestent les 120 Nm. D’autres changements ont été apportés comme des pistons plus légers, des têtes de bielle bénéficiant d’un nouveau traitement de surface et de nouveaux ressorts de soupape d’échappement.

À l’usage, ces modifications ne changent en rien le caractère explosif du V4 qui vous tire toujours autant les bras. Il faut dire qu’il possède tout ce qu’il faut pour cela avec 175 chevaux. L’arrivée de cette cavalerie se fait dans une sonorité légèrement différente d’auparavant, en raison de l’adoption d’un nouveau silencieux d’échappement – plutôt réussi esthétiquement – qui intègre une valve s’actionnant en fonction du régime. En dessous de 5 000 tr/min, le V4 se fait un peu plus discret mais une fois passé cette limite, la sonorité est plus présente, ce qui correspond mieux à la philosophie de roadster sportif. Au-dessus de ce cap, les montées en régime sont vives et sans fin jusqu’à la zone rouge, avec toutefois un cran supérieur au-delà de 10 000 tr/min où cela devient à la limite violent. L’allonge semble sans fin tout comme la puissance. Une impression renforcée par l’excellent shifter qui permet de monter les rapports sans aucune rupture du couple mais également – et c’est nouveau – de descendre les vitesses avec la même facilité et rapidité. Sûrement l’un des meilleurs shifter du marché. Même si le Tuono est moins puissant que sa sœur, la RSV 4, impossible de ne pas trouver de nombreuses ressemblances en termes de caractère moteur.

Comme nous l’avons vu précédemment, la Tuono est bardée d’électronique. Elle est d’ailleurs la plus riche dans la catégorie et copie presque intégralement la dotation de la RSV4. Mais ne pensez pas que tout cela soit superflu, bien au contraire. Il ne faut jamais oublier que la Tuono n’est pas seulement un roadster mais une sportive décarénée. La position de conduite confirme ce point avec une position sur l’avant sollicitant les poignets. Parfaite pour arsouiller mais un peu moins confortable en usage quotidien, même si on a connu largement pire. Les agglomérations ne sont toutefois pas son terrain de prédilection en raison notamment d’une surchauffe rapide du moteur et d’un grand rayon de braquage. Dès que l’on sort des villes, le sourire commence à se dessiner sur le visage du conducteur. Le train avant fait preuve d'une extrême précision et d’une grande efficacité. Facile à mener, le Tuono se place sur la meilleure trajectoire sans le moindre effort. Le freinage confié à des étriers Brembo M50 fait preuve de puissance et d’endurance, ce qui lui permet de se positionner comme l’une des références du marché. Quelle que soit la situation, il répond présent.

L’autre point fort de ce Tuono réside dans son amortissement. Le combiné arrière Sachs fait de véritables merveilles. Parfaitement réglé, il permet au Tuono d'absorber facilement toutes les aspérités de la route, même les plus importantes. Alors que certains modèles concurrents se désuniraient, le roadster d’Aprilia reste toujours parfaitement maîtrisable. Ainsi, pas de rebond intempestif du train arrière ou de mouvement parasite. Comme on peut s’en douter devant sa filiation avec la RSV4, le confort est loin d'être fabuleux. Pourtant la selle est large mais le passager est un peu trop haut perché. Personne sensible s’abstenir. La position est très proche de celle de certaines sportives.