À l'orée de ses 50 ans, Didier Auriol a toujours la fièvre du pilotage qui l'assaille. Il n'a certes plus les ambitions de ses jeunes années mais, plus que jamais, il a le besoin de ressentir l'adrénaline que procure la compétition automobile. Pour exister encore ?Après son rallye du Portugal sur une Abarth Punto S2000 du team Grifone, il s'est livré dans le magazine GPWeek:GPW : Didier vous êtes de retour ...DA : J'ai bientôt 50 ans et c'est étrange d'être à nouveau de retour en rallye. Le problème est que vous savez qu'il sera impossible de vous battre contre tous ces jeunes pilotes qui ont l'expérience de ces autos. Mais vous savez aussi que vous allez faire le maximum pour !Dans les secteurs rapides, quand vous ne savez pas comment va réagir l'auto, vous sentez que vous en lâchez un peu. Mais pour moi, j'étais heureux d'être de retour de nouveau dans un team italien et dans une auto italienne. J'ai de bons souvenirs de mes anciens rallyes avec les équipes italiennes.Je pilotais là pour le team Grifone avec qui j'ai couru en rallye dans les années 90 sur Toyota. J'ai de très bons copains et j'ai même retrouvé quelques mécanos que j'avais vu débuter.GPW : Que pensez vous des S2000 ?DA : La Fiat Grande Punto atmosphérique que j'ai pilotée est très différente des autos turbocompressées avec lesquelles j'ai couru auparavant. Ça manque de puissance ! Quand vous n'avez pas de réserve de puissance, ça n'est pas très sécurisant. Il manque aussi beaucoup de couple par rapport aux autos turbos. Il faut rester très concentré et avoir constamment le bon rapport pour garder l'auto très haut dans les tours.Pour tirer le meilleur de ces S2000, il faut conduire très proprement. Cela demande quelques changements. J'ai commencé à piloter comme je le faisais avant, avec l'auto souvent en travers, ce que permettent les WRC puissantes. Mais dans cette auto, vous devez freiner proprement et pas trop fort et ne surtout pas mettre l'auto en travers, et ça n'était pas mon style. Les autos sont très sympas, légères à piloter, et pas vraiment physique. Quand vous terminez une spéciale, il ne vous faut pas trop longtemps pour récupérer. À moins que je ne sois pas assez rapide !GPW : Le rallye a-t-il beaucoup changé ?DA : Le rallye aujourd'hui n'est plus celui que j'ai connu, on peut le dire. De nos jours, les pilotes doivent amener l'argent des sponsors pour courir, spécialement en WRC et ça, ce n'est pas l'esprit du rallye. D'un autre côté, les S2000 permettent à ces jeunes de progresser dans d'excellentes autos sans avoir à apporter autant qu'en WRC. Sur ces S2000, il y a beaucoup de très bons pilotes qui ne parviennent pas à aller en WRC.GPW : Qu'avez vous fait durant ces dernières années ? DA : Plein de choses. Du business car j'ai maintenant un hôtel à la Réunion, et j'espère bien en ouvrir un autre à Millau, chez moi. La ville est devenue très célèbre grâce au viaduc. J'ai toujours mon musée d'autos de course et j'ai fait de la promotion pour le rallye mais pour le plaisir. Je suis allé en Jamaïque, à Madagascar et en Nlle Calédonie.J'ai toujours une Skoda Octavia WRC que je fais courir dans le championnat de France des rallyes Terre et j'ai aussi aidé le jeune pilote Yoann Bonato.En ce qui concerne ma famille, mon fils Robin a 19 ans et il est déjà champion de France de nage papillon.GPW : Est-ce que Robin suivra les traces de son père ?DA : Non, il est déterminé à devenir pilote, mais d'avion. Il a déjà appris à piloter et il étudie à fond pour espérer rejoindre l'Armée de l'Air.via