Comme les fabricants de processeurs tels que Nvidia tiennent les constructeurs automobiles
En une petite décennie, les constructeurs automobiles sont passés de fabricants spécialisés maîtrisant presque tout de bout en bout à "simples" producteurs de coquilles prêtes à accueillir l'électronique embarquée. Et cela fait le jeu des spécialistes du circuit imprimé.
Qui aurait parié qu'un jour, un fabricant de processeurs tels que Nvidia se mette à séduire les constructeurs automobiles ? C'est pourtant bien ce qui se passe aujourd'hui. Et c'est le résultat de l'acharnement des marques à proposer des voitures toujours plus technologiques, connectées et intelligentes, quitte à faire parfois dans la surenchère. En à peine plus de dix ans, l'automobile est passée d'outil de déplacement sophistiqué à "simple" capsule, fruit de partages toujours plus importants entre groupes et de standardisations à outrance, prête à accueillir les technologies des spécialistes de la Tech. BMW, PSA, Volkswagen, Ford, GM, Toyota... ils ne sont plus totalement maîtres de leur destin. Ils doivent désormais leur prospérité à Nvidia, AMD, Intel, mais aussi et surtout des sociétés comme TSMC, qui produisent les semicondcuteurs, ingrédient indispensable à tout ce qui est électronique.
Le problème, c'est que ces fabricants n'ont pas des usines qui peuvent s'étendre sur demande et dans l'instant. Leurs taux d'occupation sont déjà à 100 %, et en 2020, l'automobile a fait un choix : réduire la demande auprès de ces spécialistes face à la baisse de la demande automobile dans le monde.
Et tout est une histoire de timing. Dans le même temps, les loisirs numériques ont explosé (sous l'effet des confinements), faisant grimper les contrats en provenance des leaders du high-tech, qui ont progressivement pris la place des clients automobiles dans les usines de microprocesseurs. Les géants de l'auto tentent désormais de revenir, mais le mal est fait, et les pénuries s'accumulent.
Nvidia, de son côté, est l'un des plus gros fournisseurs de carte graphiques au monde. Des cartes graphiques non seulement très demandées par les joueurs de jeux vidéo, mais aussi... par le monde de la cryptomonnaie, qui a connu un fort essor en 2020. Ces processeurs sont en effet utilisés pour le "minage" des jetons, qui requiert d'énormes puissances de calcul.
Du coup, chez Nvidia, cela s'en ressent. L'activité des centres de données chez Nvidia a augmenté de 97 % en 2020, et dans le même temps, les revenus de l'industrie auto ont plongé de 11 % pour atteindre un très modeste 145 millions de dollars, quand les puces pour les calculs et les cartes graphiques ont fait rentrer 2,5 milliards de dollars dans les caisses du géant américain sur un seul trimestre...
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération