Caradisiac en confinement - Michel Holtz : "En Combi sinon rien"
Claquemurés depuis plus d'un mois, les passionnés d'auto se demandent s'ils peuvent confiner dans leur voiture préférée. Si c'est impossible sur la voie publique, c'est jouable dans un domaine privé. Une cour, un parking souterrain, une auto neuve ou une ancienne permettent de s'isoler sans enfreindre la loi, te temps d'échapper à la promiscuité. Et pour cet exercice, quoi de mieux qu'un Combi Volkswagen de première génération.
Le confinement, c’est peut-être le moment où l’on regrette sa toute première voiture. Ou plutôt la deuxième, car la première était une Renault Dauphine semi-automatique à système Ferlec. Nul besoin d’embrayer pour changer de vitesse, ce qui laissait le temps au jeune et mauvais conducteur que votre serviteur était alors, de tenter de garder la voiture sur la route. Un gros boulot avec un avant poids plume et un moteur à l’arrière qui transmettait son peu de puissance à l’arrière aussi.
Non, le regret du confiné, c’est d’avoir cédé les deux Volkswagen Combi qui ont suivi la patineuse Dauphine. Un T2, suivi d’un T1, vitrés comme il se doit. Le premier avait coûté 5 000 francs (environ 760 euros de ce siècle) et fut échangé contre le second, un millésime 1958 qui avait un avantage incontestable sur son successeur, et sur toutes les voitures jusqu’à nos jours : une quatrième pédale permettant de passer des codes aux phares.
Mais ce n’est pas cet aspect génial du Combi qui le fait regretter aujourd’hui. L'engin aurait permis au confiné de se déconfiner quelque peu. Car entre les engueulades adolescentes « où est-ce que t’as mis mon chargeur de tél ? », les coups de fil pros et les confcalls de la conjointe, le reclus a besoin d’air, pour travailler, se reposer, ou respirer, tout bonnement.
Pas question de confiner en voiture dans la rue
Sauf que le 1er commandement-règlement, et les 135 euros (200 à la première récidive dans les 15 jours) liés à son non-respect est clair : « ta voiture tu n’utiliseras que pour les déplacements autorisés par la loi ». Et s’il est possible à son bord d’aller faire ses courses, il n’est pas question de la transformer en refuge. Même si un Combi T1 peut servir de chambre, de salon, de bureau et de salle de bains (plus difficilement, soit), s’il est garé dans la rue, pas question d’y passer du bon temps. Mais s’il est dans un parking souterrain, voire dans une cour ou un jardin m’sieur l’agent ? « Dans ce cas, l’individu a tout loisir de vaquer dans son espace privé ».
Alors il peut s’ébattre dans ses 9,3 m3, s’en servir pour bosser, en veillant à ce que ses instruments numériques soient bien chargés, car de prise USB il n’a point. Il peut y faire sa sieste, en allongeant la banquette qui se transforme en lit si l’on prend soin de ne pas se pincer les doigts. Il peut même, s’il fait frisquet, se réchauffer à l’aide du chauffage additionnel qui puise sa substance dans le réservoir d’essence. Il peut faire tout ça, sans compter qu’il peut écouter les dernières mesures de confinement à la radio, en grandes ondes et en 6V. Évidemment, les chamailleries des ados risquent d’arriver jusqu’à lui puisque le Combi est à peu près aussi phonétiquement étanche qu’une paroi japonaise en papier. Mais ce n’est pas très grave.
La valeur du Combi est passée de 760 à 30 000 euros
De toute façon, son Combi, il ne l’a plus depuis le temps des francs. Il l’a vendu au prix où il l’avait acheté : 5 000 francs. Une bonne affaire. Et il serait encore et toujours persuadé d’être le roi du business automobile, s’il n’avait regardé les petites annonces pendant son confinement. Des T1, il y en a toujours à vendre, à 30 000 euros, soit 200 000 francs. Le temps est une inflation, le confinement une frustration.
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