Brough Superior: l'interview de Thierry Henriette; une moto 100% française dans un avenir très proche.
Thierry Henriette, le gérant de la société Boxer Design, avait fait le déplacement jusqu'au circuit Paul Ricard afin de présenter la nouvelle Brough Superior au public de la sixième édition de la Sunday Ride Classic. Caradisiac Moto en a profité pour rencontrer cette personnalité du monde de la moto. Interview.
Thierry Henriette bonjour. Pouvez-vous nous dresser votre portrait en quelques mots?
Bonjour. Donc je suis Thierry Henriette, gérant de la société Boxer Design, une société spécialisée dans le design et l'ingénierie dans différents domaines comme les deux, trois ou quatre roues, ou encore les bateaux. Nous développons pour différents constructeurs des véhicules aussi bien thermiques qu'électriques. Nous travaillons pour les grandes marques japonaises, pour BMW ou encore pour le commissariat à l'énergie atomique sur certains dossiers.
Au départ, Boxer Design avait pour principale activité le design, et, petit à petit, nous sommes plus devenus un bureau d'étude.
Est-ce qu'on peut revenir à vos débuts, vos premières motos?
Je n'ai pas beaucoup de mémoire pour ça. Je suis toujours étonné, surtout dans ce milieu, quand les gens disent "j'ai fait telle course à tel endroit et j'ai fini à telle position...". Ma première moto, c'était une Yamaha 350cc YR3, je devais avoir 16 ans. Donc motard depuis le début. Ensuite, j'ai été concessionnaire moto pendant une vingtaine d'années avec notamment Honda, Kawasaki et de nombreuses marques européennes. J'ai vendu mes affaires il y a une quinzaine d'années pour me consacrer entièrement à mon bureau d'étude.
Parallèlement à cela, j'ai fait beaucoup de prototypes et de séries spéciales pour différents constructeurs, notamment Voxan où nous avons fait des études de style et des séries spéciales comme la VB1.
Depuis deux ans, nous travaillons avec la société Akira de Bayonne dans le développement d'un moteur V2 turbo-compressé.
Depuis six mois, en partenariat avec Mark Upham, le propriétaire de la marque Brough Superior, nous avons une licence d'exploitation pour cette moto pour une durée indéterminée.
Nous démarrons avec 20 machines expérimentales. Dans ces 20 motos, il y en a 10 numérotées et griffées SS100. Ensuite, les autres nous permettrons de faire des recherches pour l'avenir. L'année prochaine, une série limitée de 300 SS100 comme celle que vous voyez là sera fabriquée. Au fur et à mesure du développement, nous essayerons d'apporter un maximum d'évolutions techniques. L'objectif est de proposer quelque chose qui soit, quoi qu'il en soit, mieux que ce que nous avons présenté à Milan.
Il y a, même si les premiers retours que nous avons eu sont satisfaisants, de nombreuses choses qui ne se voient pas, mais qui demandent à être améliorées. Nous faisons et ferons tout pour proposer une moto d'exception.
Le carnet de commandes est déjà bien rempli?
Les expérimentales sont déjà toutes vendues et nous sommes déjà à 305-310 réservations. Nous ne sommes pas inquiets pour les motos qui sont pré-vendues. C'est la fabrication qui nous occupe beaucoup aujourd'hui et c'est sur ce point que nous nous concentrons pour rester dans la fourchette de timing que l'on s'était fixée. Moteur tournant en septembre 2014, Salon de Milan 2014 avec au moins trois machines et production en juin 2015.
Est-ce qu'l y a un point particulier qui a été difficile à développer?
Le moteur. Tout le reste est déjà fait. Le châssis est opérationnel. Nous avons déjà lancé pas mal d'outils de fourche. En interne, nous allons aussi fabriquer notamment le châssis qui est en titane, la carrosserie en aluminium. les échappements ou encore toute la partie refroidissement. L'assemblage du moteur sera aussi réalisé par nos soins.
Notre usine fait 2 000 m2, ce qui est largement suffisant pour produire environ 500 machines. Nous ne sommes pas inquiets quant à l'outils de production.
Développer un moteur, c'est compliqué; tout le développement de l'injection est quasiment terminé. C'était un très gros morceau et cela nous a pris six mois, ce qui est un délai relativement court. Nous espérons être aussi performant pour la partie moteur. 85% du puzzle est confirmé donc nous sommes relativement confiant.
D'un point de vue plus général, on sait que la moto française a beaucoup de mal à exister; vous penser qu'il y a quand même une place pour elle?
C'est une moto 100% française; que ce soit le design , l'ingénierie, la conception, le développement ou l'assemblage, tout est 100% français. Il n'y a que le nom qui n'est pas made in France. Nous faisons la preuve que nous pouvons faire une moto française.
La suite de cela, c'est une moto Boxer sur laquelle nous continuons d'avancer. Mais paradoxalement, il est plus facile aujourd'hui de vendre une machine à 60 000 euros, qu'une machine à 20 000 euros sous l'étendard français. Nous espérons que cette moto à forte notoriété, dont 80% des ventes sont destinées à l'étranger, permettra de tirer vers le haut notre moto française qui arrivera tout de suite derrière avec le même moteur et beaucoup d'éléments communs. Cette Brough Superior est vraiment un tremplin pour la moto française.
Merci Thierry Henriette pour ces précisions et à bientôt pour la suite de l'aventure.
Merci à vous.
Pour toute information: www.boxer-design.com
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