Bonne conduite : le film qui se conduit mal et le revendique
Une formatrice de stages permettant de récupérer les points de son permis le jour, trucide les pires chauffards la nuit. Ce pitch absurde débouche sur une bonne comédie menée par Laure Calamy et une brochette d'excellents comédiens. Un film qu'il faut voir vite, en roulant doucement.
Que ceux qui n’aiment pas le Palmashow passent leur chemin. Les autres, qui apprécient les sketchs de Grégoire Ludig et David Marsais devraient se précipiter. Quant à ceux qui ne connaissent pas l’humour des duettistes, ils ne devraient pas hésiter un instant. Car le nouveau film de Jonathan Barré, le troisième larron du duo qui a déjà réalisé les deux premiers longs-métrages et une palanquée des gaudrioles télévisées des humoristes, est réellement drôle. Ce qui est exceptionnel par les temps qui courent.
Un florilège de la beauferie
L’histoire de ce Bonne conduite qui sort en salle mercredi 29 mars est aussi simple qu’absurde. Pauline, formatrice et psychologue le jour, prend en charge les chauffards qui ont perdu des points sur leur permis. Mais la nuit, elle se transforme en serial killeuse et assassine les pires d’entre eux, pour venger son amoureux décédé dans un accident de la route. C’est ainsi que défile sur l’écran l’Académie française de la beauferie automobile, de l’abruti qui considère que les femmes ne sont bonnes qu’au lit, et surtout pas au volant, à celui qui est persuadé d’être le seul à savoir conduire (pardon, piloter) et que l’enfer c’est les autres. Évidemment, l’un d’entre eux va s’en tirer et des pandores pas très futés vont s’en mêler.
Pour qu’un tel attelage fonctionne, il faut bien sûr une réalisation au cordeau, et elle l’est. Mais il faut surtout des comédiens qui tiennent la route puisque tout repose sur leurs épaules. L’héroïne, si l’on peut désigner ainsi le personnage central, c’est Laure Calamy et son incroyable registre de jeu dont elle fait, une fois de plus, la démonstration. La lumineuse comédienne, auréolée de son César pour Antoinette dans les Cévennes n’en est pas à son premier exploit automobile, puisqu’elle a participé à l’aventure Caradisiac à ses tous débuts d’actrice et aux tout débuts de notre site.
Comme à chaque rôle, elle est engagée à fond dans celui-ci et semble prendre un malin plaisir à endosser son rôle de meurtrière à bord d'une Subaru WRX. Autour d’elle, la bande d’affreux sales et méchants ne lui donne pas simplement la réplique, elle l’accompagne aux frontières de l’absurde. De Tchéky Karyo en détestable arrogant, à Thomas VDB en amoureux transi, en passant par Ragnar le breton en beauf macho et crétin. Un rôle pas très éloigné de ceux que le champion de MMA tient dans ses vidéos Youtube. Évidemment, les deux compères du Palmashow sont excellent eux aussi en flics totalement dépassés. Mais on les savait bons comédiens depuis leurs prestations chez Quentin Dupieux et Albert Dupontel, autres adeptes de l’absurde.
Il faut donc se précipiter vers cette Bonne conduite, pour jubiler et mal se conduire pendant 1 h 35. Car si ce petit film ne risque pas d’entrer dans le classement des 100 meilleures œuvres de l’histoire du cinéma, il constitue une délicieuse vengeance contre ceux que l’on croise trop souvent, tous les malotrus envahissants qui nous pourrissent la vie et les carrefours. Et les voir se faire trucider sur un grand écran est la meilleure catharsis dont on puisse rêver. Bonne conduite est un sain éloge de l’immoralité.
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