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Bientôt des "lignes" de covoiturage, comme pour les transports en commun?

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Lionel Bret

Des « lignes » de covoiturage voient maintenant le jour en zone rurale ou périurbaine, à mi-chemin de l’auto-stop et du transport en commun. Le but : développer des communautés d’usager, avec l’avantage d’une grande flexibilité.

Bientôt des "lignes" de covoiturage, comme pour les transports en commun?

Covoit’ici, Hé Léman ! Lane, Covoit’go, Start… Vous y avez déjà peut-être déjà fait attention ! Mais si, ces noms sont inscrits sur des panneaux et abris bleu ou orange sur le bord de la route. Cela ressemble à s’y méprendre à un arrêt de bus ou de transport en commun. Actuellement en plein développement, ces nouvelles signalétiques sont des arrêts de covoiturage d’un nouveau style dont le principe est à mi-chemin entre l’auto-stop et le transport en commun. 
Cela permet d’associer la flexibilité de la voiture et la qualité de service d’un réseau de bus. Tel est le concept des lignes de covoiturage en expansion dans les zones rurales et périurbaines, comme dans l’agglomération lyonnaise, grenobloise, rennaise ou rouennaise, un peu partout en France. 
Leur mode de fonctionnement épouse point pour point celui d’une ligne de bus, avec sur un trajet déterminé, un point de départ, un lieu d’arrivée et entre les deux des arrêts. Libre au covoituré de monter et descendre où bon lui semble en fonction de ses besoins, comme il le ferait avec n’importe quel transport en commun. 

Pas d’horaires fixes

« Nos lignes ont des arrêts physiques, type Abribus. Il suffit de s’y rendre et de signaler sa présence via l’application, explique Harald Condé Piquer, directeur du développement chez Ecov, opérateur de 55 lignes de covoiturage en France. Le principe vaut surtout pour sa souplesse. Contrairement à d’autres systèmes de covoiturage ici nul nécessité de réserver son transport à l’avance via l’application. Tout peut se faire de manière totalement flexible. 

Bientôt des "lignes" de covoiturage, comme pour les transports en commun?


On parle de covoiturage instantané ou en temps réel. Aux heures d’affluences, en général de 7 h à 9 h et de 17 h à 19 h, il suffit de faire une demande de trajet par SMS, par téléphone ou via l’application. Les conducteurs pour leur part peuvent signaler leur trajet et proposer leurs sièges libres en temps réel. Tous les conducteurs inscrits qui se trouvent sur la route reçoivent la notification via l’appli ou un sms de la présence d’un passager à tel arrêt et qu’il souhaite aller à tel endroit. Ou encore plus simple, un covoitureur peut s’arrêter spontanément s’il voit une personne en attente à un arrêt. 
« Le but est de développer une communauté d’usagers. Sur nos lignes de plus en plus de gens, se donnent directement rendez-vous aux arrêts sans plus avoir besoin de passer par l’appli » explique le directeur du développement Ecov, Harald Condé Piquer.


Les axes denses en priorité

Evidement pour que cela fonctionne, il faut un nombre suffisant de conducteurs à même de sillonner l’axe routier en question et être capable de s’arrêter en cas de besoins. Voilà pourquoi les lignes suivent des axes très circulés, rejoignant un centre-ville ou un pôle d’activité. Leurs arrêts sont visibles et annoncés par des panneaux lumineux, sur lesquels tout le monde peut voir qu’un passager a besoin d’être pris en charge. Même non inscrit, n’importe quel conducteur peut donc s’arrêter pour le prendre en stop. 
Mais comme l’explique Harald Condé Piquer, « le covoituré n’est pas obligé de monter dans le véhicule. On peut choisir de covoiturer avec une personne qui a une carte de membre », lui demander son code conducteur et l’entrer dans l’appli, ce qui signifie qu’il est identifié et identifiable par nous. « Et si le passager ou le conducteur se sent en insécurité l’appli permet une mise en relation avec une assistance. » 

Quelques échecs 

Pour développer des lignes de covoiturage, les opérateurs dépendent des collectivités territoriales compétentes. La collectivité doit avoir la compétence mobilité pour conventionner avec un opérateur, et compétence de voirie pour réaliser les lieux de prise en charge/dépose le long d’un trajet. L’idée est de pouvoir développer une offre multimodale ou la ligne de covoiturage s’intègre, ou complémente, avec les services de transports en communs. Et cela ne fonctionne pas toujours.

Bientôt des "lignes" de covoiturage, comme pour les transports en commun?

A venelles dans les Bouches du Rhône, la ligne qui relié le village à Aix-en-Provence, n’a jamais rencontré le succès escompté. Faute de covoitureurs, le service est suspendu sine die. Un Venellois pense « que le service ne tient pas compte de la réalité de nombreux conducteurs, comme moi. Ne serait-ce que faire le détour par le point de rdv est une contrainte notamment quand on aperçoit qu’il y a déjà un embouteillage sur l’autoroute vers Aix et qu’on décide de prendre un autre chemin ». La fréquence des bus entre Venelles et Aix en Provence, expliquerait également en partie l’échec de cette ligne de covoiturage. 
Dans l’agglomération Provence Verte, les lignes Cotignac-Carcès-Brignoles gérées par Coivoit'ici vont s'arrêter le 9 avril. « L’expérimentation réalisée par l’Agglomération de la Provence Verte n’a pas permis un développement suffisant du covoiturage sur la ligne créée ». Et si pour ces agglomérations, comme pour d’autres, de nouvelles réflexions sont en cours, on touche ici aux limites du système. 

20 minutes d’attente max 

Sur les lignes les plus installées, le temps moyen d’attente à l’arrêt serait de moins de 4 minutes sur les axes les plus fréquentés. Cela aux heures de pointe durant lesquelles « Ecov’ garantit une attente maximale de 20 minutes. Si un passager nous signale ne pas avoir été pris en charge après 10 minutes d’attente, nous lui proposons une solution de rechange dans les 10 minutes suivantes, comme par exemple, appeler un taxi payé par notre société. » 
Pour initier les velléités d’autopartage sur les axes nouvellement lancés, les conducteurs inscrits sur Ecov’ perçoivent un défraiement de 2 € par passager et de 1 € pour la mise à disposition d’un siège libre. Ce qu’il soit occupé ou non au cours du trajet. La seule contrainte pour le covoitureur, bien effectuer le trajet le long de l’axe concerné. Sur la ligne Faucigny, en Haute Savoie, du site covoiturage Léman les bonus sont respectivement de 0,50 € par trajet et 0,75 € par passager transporté aux heures de pointe. 

Bientôt des "lignes" de covoiturage, comme pour les transports en commun?


Une des mesures du plan gouvernemental pour le développement du covoiturage permet aux opérateurs de verser aux primo-covoitureurs une prime minimale de 100 euros, « chez Ecov’ nous versons 150 € » précise Harald Condé Piquer. Une première tranche de 25 euros sera versée dès le premier voyage et le solde au dixième, à condition qu’il soit réalisé dans les trois mois suivants. Le gouvernement espère ainsi pérenniser de nouvelles habitudes de covoiturage. La mesure sera financée à hauteur de 50 millions d’euros par des producteurs ou distributeurs d’énergie, grâce au dispositif des certificats d’économies d’énergie.

Réduire l'autosolisme

De plus en plus de collectivités intègrent, désormais, le covoiturage dans leur politique de transport avec des interconnexions de mobilité. À Grenoble par exemple, trois services complémentaires coexistent : auto-stop organisé, lignes de covoiturage spontané et covoiturage planifié avec rendez-vous. Afin d’en faciliter la pratique une voie spécifiquement réservée au covoiturage sur l’autoroute A 48 dans le sens Lyon-Grenoble et à un Pass’mobilité permet à l’utilisateur de consommer toutes les mobilités de l’agglomération avec un compte unique.
Le but étant à terme de faire du covoiturage un des maillons des transports en commun intra et inter agglomérations. Aujourd’hui, le système des lignes de covoiturages fonctionne essentiellement sur les trajets domicile-travail. Là où l’offre et la demande se croisent et où le flux véhicules-passagers est assuré. 
Mais à plus long terme cela devrait permettre de repenser toute la mobilité rurale et périurbaine, avec la mise à disposition des usagers d’un mix de mobilité efficient (tram, bus, vélo, métro, train, covoiturage…). Le tout accessible avec un seul et même titre de transport ? C’est en tout cas ce à quoi réfléchissent d’ores et déjà plusieurs communautés urbaines.  

 

 

 

 

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