Avis de gros temps sur Jaguar
Michel Holtz , mis à jour
Démission du patron, réseau en forte réduction : le ciel est couvert pour Jaguar-Land Rover. Surtout pour le félin qui, contrairement à la marque baroudeuse, doit se sentir quelque peu délaissé.
Très officiellement, il est parti pour « convenances personnels ». Mais on ne peut s’empêcher de penser que le départ de Thierry Bolloré, boss de Jaguar-Land Rover, est le symptôme d’un malaise, alors que le Français n’était en poste que depuis deux ans seulement. Un malaise sensible dans les cartons de projets, surtout chez Jaguar. Des cartons, à peu près vides pour le moment, malgré des promesses d'électrification, puisqu’aucune nouveauté n’est prévue avant 2025. Le projet de grande berline XJ électrique ? Il est abandonné. Le best-seller de la marque ? Le SUV F-Pace remonte à 2015, même s’il a été restylé.
Un réseau de distribution divisé par trois
Le malaise du félin de Coventry est non seulement sensible dans ses ventes, moins de 1 000 unités depuis le début de l’année en France, mais aussi dans son réseau de distribution. Les coupes sont drastiques et la réduction de voilure se fait à la serpe à travers toute l’Europe. Dans l’hexagone, le nombre de shows rooms -ils sont 35 aujourd’hui- devrait être divisé par trois. Dans toute l’Europe, le régime est similaire, voire pire. En Allemagne, le réseau baisserait de 90 concessionnaires à 28 et de 26 à 5 en Belgique.
Dans cette mauvaise passe, une marque n’a pas entraîné l’autre. Si Jaguar n’est pas au mieux, le cousin Land Rover semble quant à lui plutôt bien s’en tirer, puisque le baroudeur anglais a vendu plus de 3 600 autos depuis le début de l’année dans l'hexagone, ce qui, eût égard aux ticket moyen des engins, est plutôt une réussite. L’explication de cette différence entre les deux emblèmes anglais tient en un simple constat : de nouveaux modèles que Land dévoile coup sur coup d'un côté et un catalogue vieillissant de l'autre, chez Jaguar évidemment.
Depuis 2018, c’est l’avalanche. L’Evoque a été remplacé, le Defender aussi et le Range Rover, vaisseau amiral, vient de l’être. Du coup, on en vient à se demander pourquoi ce favoritisme ? Pourquoi Tata, la maison mère indienne des deux marques a-t-elle fait ce choix ? Certes Land est inscrit dans l’histoire de l’automobile et avec son Range, il a été le précurseur des SUV. Mais Jaguar a tout aussi profondément marqué l’histoire, et son image, malgré ses aléas et ses propriétaires successifs, et pas toujours très bienveillants, vaut de l’or.
Land Rover chouchou de Tata ?
Clairement, Tata a choisi son camp, mais pas suffisamment. Car il n’y a toujours de modèle 100% électrique, tant chez Land, qu’à fortiori chez Jaguar et les deux marques en passent toujours par Tesla, en lui rachetant des crédits carbone, pour éviter les amendes C02 de l’Union européenne. La solution pour que les deux entités puissent se tirer d'affaire est évidemment indienne.
Tata, en rachetant l'emblème anglais après la crise de 2008 a lourdement investi pour redresser la barre. Et l'Indien a réussi un premier pari. Avec l'i-Pace il a même grillé tout le monde sur le poteau, produisant la première voiture électrique premium (après Tesla) au nez des marques allemandes. Résultat : un titre de voiture de l'année en 2019. Depuis ? C'est le calme plat, la Jaguar électrique n'a pas fait de petits, au moment même ou les constructeurs concurrents investissent des milliards dans l'électrification et mois après moi, lancent leurs modèles à watts. Des milliards dont Jaguar aurait bien besoin, même si ce sont des milliards de roupies.
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