Autoroutes : pourquoi les péages augmentent encore ?
Sans surprise, les tarifs des péages autoroutiers augmentent en ce 1er février, entre 1 et 2 % sur les grands réseaux, jusqu'à 4 % sur les petits réseaux. Les sociétés concessionnaires le justifient par l'inflation et une hausse des taxes.
Il y a des traditions dont on se passerait bien : chaque 1er février, les prix des péages sont revus à la hausse. Notez le double effet pervers de cette date, un mois après les mauvaises nouvelles du 1er de l'An et quelques jours avant les départs en vacances au ski !
Quelles hausses ?
Sur les grands réseaux, les hausses sont comprises entre 1,33 % et 2,04 %. AREA (en vert, à l'est de Lyon sur la carte ci-dessous) a ainsi la main lourde, tout comme APRR (en jaune), dont les tarifs augmentent de 2 % en moyenne. Mais ce sont des valeurs moyennes, qui cachent de grandes disparités y compris au sein d'un même réseau. Par exemple pour l'A89, gérée par ASF : entre Brive et Bordeaux, le trajet augmente de 50 centimes à 18,30 €, soit 2,8 % de hausse. De Clermont-Ferrand à Brive, le trajet prend 20 centimes à 15,80 €, soit 1,3 % de hausse.
Ce sont souvent les petits réseaux qui assomment le plus les utilisateurs. Exemple avec A'lienor, qui gère l'A65 entre Langon et Pau (en rose), avec 3,5 % de hausse. Cet axe est l'un des plus chers de France, avec maintenant un coût de 15,6 centimes par kilomètre, alors que la moyenne française tourne plutôt autour de 10 centimes par kilomètre.
- Les hausses sur les principaux réseaux
Réseau | Couleur sur la carte | Hausse des prix | Réseau | Couleur sur la carte | Hausse des prix |
AREA | Vert, à l'Est de Lyon | + 2,04 % | APRR | Jaune | + 2 % |
ASF | Bleu ciel | + 1,34 % | Arcour | A19, en vert au sud de Paris | + 3 à + 4 % |
A'lienor | A65, en rose vers Pau | + 3,5 % | Alis | Violet, à l'Ouest de Paris | + 3,5 % |
Atlandes | A63 en orange | + 2,8 % | Cofiroute | Vert foncé | + 1,33 % |
Escota | Bleu foncé | + 1,34 % | Sanef, Sapn | Vert, gris, au nord de Paris | + 1,39 % |
Quelles explications ?
Les hausses sont comprises entre une ou plusieurs dizaines de centimes. Avec un passage de temps en temps, pas de quoi affoler les usagers. Mais pour ceux qui empruntent régulièrement l'autoroute, si ce n'est tous les jours, cela peut vite chiffrer à la fin de l'année. Pourquoi les prix augmentent encore et toujours ?
Déjà, les sociétés concessionnaires se basent sur le taux de l'inflation, dont elles peuvent répercuter 70 % sur leurs tarifs. Et, même si leur situation d'ultra rentabilité a été dénoncée, elles ne se privent jamais de le faire. Ensuite, cette année, il y a les derniers effets de la hausse de la redevance domaniale (une taxe d'occupation de l'espace public), décidée par l'État en 2013, et que les concessionnaires auront répercutés entre 2016 et 2018. Il peut aussi y avoir une répercussion des travaux demandés par l'État.
Il ne faut pas s'attendre à mieux en 2019, au contraire, des hausses sont déjà annoncées jusqu'en 2023, car les sociétés rattraperont le gel des tarifs de 2015 ! Ce qui explique pourquoi l'idée d'un nouveau gel des tarifs est à oublier définitivement, les sociétés d'autoroute ont des contrats en béton pour n'être jamais perdantes !
Forcément, du côté des conducteurs, c'est à nouveau l'agacement. Pour beaucoup, prendre l'autoroute devient un luxe. 40 millions d'automobilistes dénonce une situation illogique. Pierre Chasselay déclare dans le Parisien : "on oblige les moins aisés, notamment les jeunes, à emprunter le réseau secondaire, gratuit, alors que l'on sait qu'il est plus dangereux".
L'association française des autoroutes (ASFA) se défend en expliquant que les augmentations "sont indispensables au maintien de l'équilibre économique des concessions". Elle peut voir 2018 d'un bon œil, car la baisse des limitations de vitesse sur les départementales va rendre encore plus attractive l'autoroute en matière de gain de temps.
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