Audi nous ouvre les portes de l'usine qui fabrique l'e-tron
Caradisiac a pu visiter l'usine de Forest, qui produit le SUV électrique e-tron. Un site septuagénaire, qui a fait l'objet d'une grande transformation pour assembler le premier véhicule électrique d'Audi.
Lorsque vous dites à vos proches que vous allez visiter une usine Audi, ils vous imaginent en partance pour l'Allemagne. Vous tentez de leur faire deviner en indiquant que c'est un autre pays porté sur la bière. Ils songent à l'Angleterre, mais pas vraiment à la Belgique. Ils s'étonnent même que l'on puisse fabriquer des Audi Outre-Quiévrain.
Et pourtant, à quelques minutes du centre-ville de Bruxelles, le long de la ligne de train qui relie les capitales belge et française, se trouve le site de Forest. Celui-ci est sous le feu des projecteurs car il est chargé de l'assemblage d'une nouvelle Audi, et pas n'importe laquelle : la première voiture 100 % électrique du constructeur, le SUV e-tron. Un moment symbolique à plus d'un titre, qui a motivé le constructeur à ouvrir les portes de ce site à quelques journalistes. On pourrait croire que ce véhicule marquant le début d'une nouvelle ère pour Audi prenne vie dans une usine flambant neuve, imaginée pour l'électrique. Mais non, Forest fête ses 70 ans.
Ce site a été créé en 1949 par D'Ieteren (importateur des marques du groupe Volkswagen en Belgique), qui y assemblait des Studebacker, puis des Volkswagen, dont la Coccinelle dès 1954. En 1970, le site a été racheté par Volkswagen. En 1973, la première Passat est arrivée sur les chaînes. Puis en 1980 la Golf, qui a été produite en Belgique jusqu'en 2007. La première Audi construite à Forest a été l'A3 de seconde génération, entre 2004 et 2010. À partir de 2010 et jusqu'à août 2018, Forest était chargé de l'assemblage des A1. C'était le premier modèle exclusivement fabriqué ici. Un peu plus de 900 000 exemplaires de la citadine ont pris vie là-bas. La seconde génération est maintenant produite en Espagne. Place nette pour l'électrification.
Forcément, le lancement de l'e-tron a imposé une grande refonte de l'usine, qui a demandé un investissement de 600 millions d'euros. Celle-ci a pris plus de deux ans. Le tour de force, c'est de l'avoir menée sans arrêter la production de l'A1. Il a fallu adapter l'usine à un véhicule plus imposant, plus lourd. La structure du bâtiment de la ligne d'assemblage a d'ailleurs été renforcée ! Le directeur de l'usine fait le parallèle avec la Tour Eiffel, car 7 500 tonnes d'acier ont été nécessaires, c'est un peu plus que le poids de la structure métallique de la Dame de Fer.
La grande nouveauté, c'est le bâtiment dédié pour assembler la batterie de la voiture, à partir de cellules fournies par LG. On aurait pu s'attendre à un univers très calfeutré avec des ouvriers bien protégé, façon centrale nucléaire, ce n'est pas le cas. Il y a évidemment des précautions particulières pour que les travailleurs ne soient pas en contact avec du courant haute tension. L'ensemble a un aspect très clinique. Il règne un étonnant calme dans cette partie. C'est forcément plus animé du côté de la ligne d'assemblage. Le bâtiment où l'e-tron prend vraiment forme est partagé en deux grands niveaux, entre lesquelles la cantine est prise en sandwich ! Ce qui surprend quand on est un novice de l'assemblage automobile, c'est de voir un cheminement inverse à la logique du profane. La voiture est terminée dans la partie haute, où se passe notamment le mariage entre la carrosserie avec la planche de bord et la base technique. Les premiers éléments sont ainsi assemblés en bas.
La surprise au rez-de-chaussée, c'est que l'on découvre que le véhicule autonome existe. Ce n'est pas l'e-tron, mais des chariots totalement automatisés qui apportent le pack de batterie avant que celui-ci ne soit placé entre les essieux qui intègrent les moteurs. Le groupe perturbateur que nous formions a pu voir que ces éléments réagissent parfaitement à la présence d'obstacles.
L'e-tron a beau être une voiture électrique, son assemblage reste conventionnel. Il suit comme pour bien d'autres autos une ligne qui serpente dans le bâtiment, monte et descend régulièrement, formant un ballet de voitures toujours surprenant. Les robots ne sont bien sûr pas seuls, toujours complétés d'une main-d’œuvre très largement masculine. Près de 3 000 personnes travaillent à Forest, un site où les langues allemande, française et néerlandaise se côtoient. Elles sont sûrement fières d'assembler le premier modèle électrique d'Audi. Mais peut-être inquiètes, car les volumes ne seront assurément pas ceux de l'A1.
Patrick Danau, directeur de l'usine, n'a d'ailleurs pas communiqué sur des objectifs pour l'année. Mais a rappelé que l'e-tron sera bientôt rejoint par une version Sportback. La page est tournée pour l'usine, pour lui ce sera bientôt. Ce Belge partira à la retraite en avril. On vous l'avait dit, à Forest, le moment est symbolique à plus d'un titre.
Neutre en CO2
Produire une voiture électrique c'est bien, la produire en faisant attention au bilan carbone, c'est mieux. L'usine de Bruxelles a ainsi reçu le certificat « neutre en CO2 ». L'électricité qu'il utilise est notamment produite par 37.000 m2 de panneaux photovoltaïques, du biogaz est utilisé pour le chauffage, des pompes à chaleur ont été installées…
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