Arnaques en série dans des parkings près des aéroports
Voitures utilisées en l'absence de leur propriétaire et restituées endommagées, service pitoyable, paiement de supplément indu… Certains parkings pas chers à proximité des aéroports, réservés via des plates-formes de réservation en ligne, jouent de leur attractivité pour abuser leur clientèle.
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Orly, Roissy, mais aussi Marseille, Nice, Lyon, Barcelone, Zurich, Bruxelles… Pour éviter les prix exorbitants des parkings officiels des aéroports, des dizaines de plateformes proposent sur internet des alternatives de stationnement à des tarifs deux à trois moins élevés. Avec un service de voiturier entre le parking et le terminal aéroportuiare. De quoi séduire nombre d’automobilistes. Sauf que ces offres alléchantes cachent des nombreux faits d’arnaques et d’abus de confiance.
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750 km de plus au compteur
Robert et sa femme en ont fait l’amère expérience comme le rapporte le Parisien. Fin décembre, le couple s’offre deux semaines aux Antilles. Pour stationner leur voiture ils dénichent par l’intermédiaire de la plateforme Parkos une place sur le parking Orly Navette, à Athis-Mons (Essonne). Le prix proposé (84 €) est bien inférieur à ceux (entre 150 € et 311 €) pratiqués par Aéroport de Paris. Rassuré par les bonnes notes (7,8/10) du parking en question Robert décide donc d’y laisser son SUV. « J’ai déposé mon véhicule en fin de matinée et j’ai eu un pressentiment », raconte-t-il dans les colonnes du Parisien. Mais à quelques heures de leur vol, impossible de changer d’avis. « Alors j’ai fait une photo du kilométrage. » Robert laisse ses clés à l’employé de service, au cas où il faudrait déplacer la voiture.
Quinze jours plus tard, à son retour, Robert découvre que sa « voiture n’était pas au même endroit ». Il met le contact et constate « 750 km en plus au compteur » de son véhicule. Sur place l’employé lui répond « qu’il n’était pas au courant. » Robert et sa femme vont porter plainte auprès du commissariat d’Orly. Sur place le couple constate qu’ils ne sont pas un cas isolé. Des dizaines de clients floués ont déjà signalé plusieurs parkings ou services de voiturier après avoir constaté l'utilisation de leur véhicule en leur absence.
Sur le site de Parkos une quinzaine d’avis dénoncent les mêmes faits. Certains disent avoir reçu des PV de stationnement et d’excès de vitesse en leur absence. Les 23 février, Ludovic constate que son véhicule a été utilisé grâce à la caméra embarquée. Dans un avis posté le 20 février Bruno affirme « qu’ils ont utilisé mon véhicule réservoir vide et voiture très sale. »

Voitures endommagées
Anne-Marie a également fait une réservation via Parkos pour un stationnement sur le Time Park Orly. À son retour après « une heure trente d’attente » elle récupère son véhicule « rayé côté droit complet. » Jade, raconte au Parisien avoir retrouvé sa 308 « avec une rayure et 223 km de plus au compteur et de nouvelles roues. »
Dorothée et son mari étaient passés par la plateforme Allopark pour réaliser une réservation auprès de Luxury Park. « Un parking de premier choix, situé à proximité immédiate de l'aéroport de Paris-Orly (…) offrant aux voyageurs une solution de stationnement sécurisée et pratique », décrit la plateforme de réservation. Quand Dorothée vient rechercher son véhicule « toutes les vitres étaient baissées, ils avaient fumé à l’intérieur, il y avait de la nourriture partout, elle était dans un état pitoyable… Il restait 10 km d’autonomie, en termes de carburant. Ils ont dû rouler entre 400 et 500 kilomètres, explique l'automobiliste au Parisien. Et quand on a remonté les vitres, on a vu des étiquettes de menace de mise en fourrière colées… ».
Aujourd’hui, Allopark ne référence plus ce parking sur son site de réservation. Mais ce qui inquiète les victimes c’est de ne pas savoir à quoi a pu servir exactement leur voiture. VTC, navette, trajets quotidiens, transport de marchandise, livraison de stup … Toutes les hypothèses sont possibles.
À Paris, en Province, mais aussi à l’étranger.
En tapant « arnaques parking aéroports » sur Google, une pléiade de commentaires afflux concernant des aéroports français et européens. Trustpilot, Tripadvisor ou encore sur le site de l’UFC Que choisir, regorgent d’avis négatifs. Voitures utilisées, véhicules endommagés, navette insalubre et surchargée, manquement aux normes de sécurité, infractions aux codes de la route lors des liaisons parking aéroport, personnel désagréable… La litanie des avaries et des avanies est sans fin et géographiquement varié. Bruxelles, Barcelone, Marseille, Nice, Paris... tous les grands aéroports sont concernés.
Les plates-formes de réservation non responsables
Quand les clients se retournent contre la plateforme de réservation utilisée pour booker leur parking, celle-ci nie toute responsabilité. « Nous ne possédons ni n’exploitons les parkings ni ne fournissons les services sur place. Conformément aux termes et conditions de votre réservation, votre contrat pour le service de stationnement est directement conclu avec le parking individuel. » Un argumentaire copié-collé par tous. « Notre plate-forme agit en tant qu’intermédiaire de réservation et non en tant qu’exploitant des parkings mentionnés. Par conséquent, nous ne pouvons être tenus responsables », stipule Allopark. Parkos « ne possède ni ne gère directement aucun des parkings répertoriés sur notre plate-forme ». En revanche elles ont pouvoir d’évincer les prestataires indélicats de leur site. Ce qu’a apparement fait Allopark avec Luxury Park.
Plaintes souvent sans suite et parkings illégaux
Il revient donc aux clients lésés de se retourner directement vers les parkings incriminés. Mais souvent cela n’aboutit pas. En cause : la difficulté à trouver le véritable coupable. Les plaignants sont dans le plupart des cas informés « qu’après examen de cette procédure, les poursuites pénales ne seront pas engagées au motif que l’enquête n’a pas permis d’identifier le ou les auteurs de l’infraction. »
« La méthode est souvent identique : un propriétaire loue son terrain à un individu qui, lui-même, va sous-louer l'emplacement à une troisième personne dont l'activité consiste à organiser et facturer le stationnement. Cette dernière se cache souvent derrière plusieurs sociétés écrans, ce qui rend les procédures contre elle plus difficiles à mener », détaille Rafika Rezgui, maire (PS) de Chilly-Mazarin le 17 mai dernier aux Échos.
Mais il arrive parfois que justice soit rendue. En décembre 2023 trois dirigeants d'emplacements de stationnements irréguliers, à Ris Orangis dans l'Essonne, ont écopé de fortes amendes et d'une peine de prison à l'encontre de l’un d’entre eux pour travail dissimulé, pratiques commerciales trompeuses et délits d’urbanisme. Les gérants exerçaient sans autorisation ni habilitation. Leur activité de parking était tout simplement illégale. Un business florissant. On estime à plusieurs dizaines le nombre de parkings sauvages autour du seul aéroport d'Orly.
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