Alpine à Caradisiac : "Alpine ne sera pas au Mondial de l'Auto, c'est un choix assumé"
Bernard Ollivier, Directeur Général Adjoint d'Alpine nous l'a confirmé depuis Le Mans où la marque se prépare pour les 24 Heures : le "A fléché" ne sera pas au Mondial de l'Automobile. Entre des concepts exposés dans des endroits plutôt chics et la volonté assumée de ne pas présenter l'auto de série au Salon de Paris, préférant à la place un événement plus exclusif, Alpine donne l'impression de faire son retour loin du grand public.
Elle se fait désirer, la Berlinette du 21e siècle. Trop diront certains, pressés de la voir pointer le bout de son capot à nervure centrale. Mais Renault, la maison mère, avait prévu, dès l'officialisation du projet fin 2012, une présentation courant 2016. Un objectif qui sera tenu : l'auto de série ne sera pas dans les concessions avant 2017 mais elle sera montrée d'ici Noël.
Pour nous faire patienter, la firme au A fléché a déjà montré deux concepts, la Célébration aux 24 Heures du Mans 2015 et la Vision mi-février 2016. Signe encourageant pour Alpine : à chaque fois, il y a eu un petit emballement médiatique, la presse non spécialisée s'intéressant de près aux présentations. Rien d'étonnant : ce n'est pas tous les jours qu'un prestigieux label français, symbole d'un savoir-faire et connu bien au-delà de nos frontières, renaît. Encore plus quand il s'agit de donner une descendance directe à un véhicule mythique, une résurrection plus lisible et compréhensible que les DS modernes.
La couverture médiatique est belle… mais au final, qui les a vues en réel ces autos ? Le constat est simple : si elles ont fait quelques sorties en public, elles ont fui la foule habituelle des Salons. Beaucoup ont ainsi été déçus de ne pas voir la Vision à Genève début mars. Et il en sera de même à la rentrée, au Mondial de l'Automobile !
Caradisiac a contacté Bernard Ollivier, Directeur Général Adjoint d'Alpine Cars, pour avoir la confirmation de cette absence. L'homme, qui est ces jours au Mans, a été clair : « Oui, Alpine ne sera pas présent au Mondial de l'Automobile, c'est un choix assumé ».
Le constructeur français ne sera pas le seul absent à Paris, des gros poissons ayant également confirmé leur non-venue comme Ford, Mazda et Volvo. Mais il peut sembler incompréhensible de ne pas assister à une première en grande pompe dans le Salon automobile le plus visité au monde, qui plus est dans le pays de naissance de la marque ! Jean-Jacques Mancel, éditeur de la revue Berlinette Mag, qui a acheté sa première Alpine en 1972, déclare à ce propos : « J'ai été étonné en apprenant cela, d’autant plus que le Salon s'appelle le Mondial. En toute logique, on s'attendait à ce que la nouvelle voiture soit présentée dans un Salon en France. » Voir Alpine juger bon de ne pas venir dans « son » Salon, grande fête de l'auto hexagonale, on pourrait presque trouver cela prétentieux.
"Il faut d'abord viser les clients potentiels avec un mélange de passion et d'exclusivité"
Bernard Ollivier a profité de son entretien avec Caradisiac pour expliquer qu'Alpine compte proposer, à la place des Salons traditionnels dont l'intérêt chez les constructeurs semble diminuer, des événements taillés sur mesure pour l'auto et ses clients passionnés, avec des notions d'exclusivité et de proximité, comportant sûrement de la conduite. La nouvelle Berlinette est une voiture qu'il faut découvrir dans son élément naturel et qu'il faut piloter. L'intention est louable.
Il faut noter que le concept Vision a fait ses débuts à Monaco, devant la presse et quelques privilégiés, et n'est réapparue qu'en mai lors d'un Concours d'Élégance en Italie, un événement très chic plus dédié aux personnes dotées d'un solide compte en banque qu'aux passionnés. Pour Bernard Ollivier : « Nous voulons d'abord aller là où sont les clients et nous concentrer sur les personnes qui peuvent acheter notre voiture. La Villa d'Este est par exemple un lieu d'esthètes qui aiment les belles voitures. Nous voulons donner envie à ceux qui ont un véhicule concurrent d'acheter une Alpine. »
"Aujourd'hui, une voiture de ce type-là se doit d'être premium"
Renault ne s'en cache pas. Si Alpine est toujours une marque de sport, ce sera aussi et surtout son label premium. Il est évident qu'avec un prix avoisinant les 50 000 €, la nouvelle Alpine ne sera pas à la portée de tous et qu'il faut chercher la clientèle là où elle est. L'Alpine devrait cependant être moins chère que ses rivales directes. Bernard Ollivier précise que le contexte a évolué : « Aujourd’hui, une voiture de ce type et à ce prix-là se doit d'être premium. Ce n'était pas le cas à l'époque de l'A110, où le côté premium ne comptait pas. Nous allons rester fidèles à l'ADN d'Alpine tout en l'adaptant au monde moderne. Mais nous allons jouer la « super-qualité » et non le luxe. » De son côté, Jean-Jacques Mancel, de Berlinette Mag rappelle : « À l’époque, l'entretien des mécaniques était abordable, ce qui participait au succès de l'A110. » Pas sûr qu'il en soit de même en 2017 !
Alpine ne doit pas oublier que le grand public auprès duquel il semble pour l'instant se tenir à l'écart participe toujours indirectement à la valeur d'un constructeur haut de gamme. Si Porsche a vendu en 2015 un peu plus de 200 000 autos, derrière ce sont des millions de personnes qui rêvent d'en avoir une, faisant son aura et son prestige. Les jeunes et moins jeunes sont ravis de se presser autour du stand Porsche au Mondial pour en prendre plein les yeux.
Depuis Le Mans, Christophe Deville, en charge des relations médias de la marque, nous a dit à ce propos : « Le grand public aura des opportunités de nous voir un peu plus tard. Il n'est pas question de dire que nous serons jamais dans des Salons. » Pour François-Xavier de Gébert, qui a créé le site Alpine Planet et que nous avons contacté, « il ne faut pas oublier que l'engagement en compétition permet justement à Alpine de se rapprocher de son public. L'endurance est dans les gènes d'Alpine et c'est le meilleur moyen de se faire connaître du grand public. »
Dans les concessions, Alpine et Renault seront bien séparés
Pour le commun des automobilistes, il y aura toujours les concessions pour admirer les nouvelles Alpine. Renault travaille encore sur ce point. Bernard Ollivier indique : « Ce que je peux vous dire, c'est que les Alpine seront vendues dans des espaces à part. Il y aura un mur entre la partie Renault et la partie Alpine, avec des entrées séparées. Il y aura une grande exigence de qualité de service dans le réseau Alpine, tout en mettant l'accent sur la passion. La passion devra se ressentir dans la concession. » Et quand aura lieu la grande première ? Bernard Ollivier ne cédera pas face à nos tentatives de le savoir !
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